Avec un programme national prévoyant 12 centrales solaires et 1 044 MW d’ici 2030, la Côte d’Ivoire fait face à un défi RH majeur : former les compétences techniques indispensables à cette transition énergétique. Entre besoins criants et lacunes structurelles, la montée en capacité des équipes locales devient un enjeu stratégique.
Le projet Kong, avec ses 50 MW de capacité, illustre l’ampleur de la demande. Cette centrale devrait générer plus de 400 emplois directs et indirects pendant les phases de construction et d’exploitation. Multipliée par douze d’ici la fin de la décennie, cette dynamique annonce une pression considérable sur les ressources humaines qualifiées dans le secteur photovoltaïque.
Des métiers en tension
La filière solaire requiert des profils variés : installateurs et monteurs photovoltaïques capables de poser des panneaux et d’assurer le câblage, techniciens de maintenance formés au diagnostic et à la réparation, ingénieurs systèmes maîtrisant les logiciels de simulation comme PVsyst, ingénieurs réseau spécialisés dans l’intégration au grid, gestionnaires de projet coordonnant les chantiers complexes.
Chacun de ces métiers exige des compétences pointues, de la lecture de plans électriques à la modélisation de systèmes en passant par les normes de protection réseau. Or, les lacunes actuelles sont criantes : formation académique insuffisante, équipements et laboratoires rares dans les établissements, inadéquation entre théorie et pratique, pénurie de formateurs qualifiés et absence de certification professionnelle reconnue.
Les modèles émergents
Des initiatives régionales montrent la voie. En Afrique du Sud, la GREEN Solar Academy propose des cours d’installation avec certification PV GreenCard pour les professionnels. Des programmes en ligne se développent en Afrique francophone. Des ateliers intensifs de quatre jours offrent des formations condensées sur la pose et l’optimisation de systèmes solaires.
Mais ces dispositifs restent fragmentés et localisés. Pour structurer une filière durable, les lycées techniques et centres de formation professionnelle doivent intégrer des modules spécialisés avec projets pratiques, stages obligatoires et certifications alignées sur les standards internationaux.
Trois acteurs clés
Les entreprises promotrices de centrales, comme InfraCo Africa ou Africavia dans le cas de Kong, peuvent devenir partenaires pédagogiques : fourniture de matériel, accueil de stagiaires, cofinancement de programmes internes, contribution aux certifications.
L’État doit définir une politique de formation énergétique intégrée : subvention des équipements, certification nationale des métiers solaires, encouragement aux partenariats public-privé, orientation des fonds sectoriels vers la main-d’œuvre verte.
Les universités doivent développer des spécialités en énergies renouvelables, renforcer les laboratoires de recherche et collaborer avec le secteur privé sur des projets de terrain.
La réussite de la transition solaire ne dépend pas seulement de la technologie ou du financement, mais de la capacité collective à anticiper les besoins en compétences et à investir massivement dans le capital humain.
En savoir plus sur businessechos.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.