Quatre générations cohabitent désormais dans les organisations, créant des défis managériaux inédits. Mais cette diversité, bien orchestrée, peut devenir une véritable richesse stratégique. À condition de dépasser les clichés et d’adopter les bons outils.
Une mosaïque aux perceptions contrastées
Baby Boomers attachés à la hiérarchie, Génération X pragmatique, Millennials en quête de sens, Génération Z ultra-digitale : jamais autant de profils n’ont collaboré au sein des mêmes équipes. Dans de nombreuses entreprises, un manager de 28 ans peut diriger une équipe comptant un collaborateur de 60 ans, ou l’inverse.
Les zones de friction émergent de perceptions divergentes. Le rapport à l’autorité oppose l’horizontalité privilégiée par les jeunes aux modèles hiérarchiques forts connus par les aînés. L’usage des outils divise entre Slack et WhatsApp d’un côté, e-mail et réunions présentielles de l’autre. La notion de loyauté varie : la Génération Z change volontiers d’emploi tous les deux ans, là où un Baby Boomer valorise la fidélité à long terme.
Des complémentarités puissantes à exploiter
Bien encadrée, cette diversité devient un levier d’innovation et d’efficacité. Les juniors apportent la maîtrise des outils numériques, un regard neuf et une énergie d’adaptation. Les seniors offrent l’expérience, la mémoire organisationnelle et la capacité à gérer les situations de crise. Les uns aiment tester, les autres savent anticiper les conséquences : ensemble, ils construisent des solutions plus robustes.
Dans certaines structures africaines ou asiatiques, cette complémentarité est institutionnalisée dans des projets binômes pour la transmission des savoirs.
Le mentorat inversé comme outil clé
Traditionnellement, le senior forme le junior. De plus en plus d’organisations adoptent le mentorat inversé, où un jeune forme un collaborateur plus âgé à des compétences numériques ou culturelles. Chez BNP Paribas, des “digital buddies” juniors aident les cadres seniors à maîtriser les nouveaux outils internes, valorisant les deux profils.
Les ateliers collaboratifs intergénérationnels permettent à chaque génération d’exprimer ses attentes et frustrations. Les projets transversaux obligent des équipes multi-âges à co-construire des solutions ensemble.
Une politique RH inclusive indispensable
Le style de management doit s’adapter aux profils : autonomie rapide pour les juniors, reconnaissance du savoir-faire pour les seniors. L’égalité d’accès à la formation s’impose, les budgets se concentrant trop souvent sur les jeunes talents. Les critères de compétence, non d’âge, doivent prévaloir dans les promotions.
Selon un rapport McKinsey, les équipes intergénérationnelles bien pilotées performent 2,5 fois mieux en termes de résilience et d’innovation organisationnelle. Dans une économie exigeant agilité et mémoire stratégique, l’entreprise qui saura faire coexister élans de la jeunesse et sagesse de l’expérience disposera d’un avantage compétitif décisif.
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