Des banques aux startups technologiques, les femmes dirigeantes prennent une place croissante dans la transformation économique de la Côte d’Ivoire. Entre vision stratégique et innovation managériale, leur leadership transforme les codes traditionnels du pouvoir économique.
Le paysage économique ivoirien connaît une transformation silencieuse mais déterminante avec l’émergence d’un leadership féminin de plus en plus structurant. Autrefois cantonnées à des rôles de second plan, les femmes dirigeantes s’imposent aujourd’hui comme des actrices majeures de l’innovation et de la croissance dans des secteurs clés de l’économie nationale.
Une montée en puissance soutenue par des dispositifs ciblés
Selon la Banque africaine de développement, plus de 30 % des PME ivoiriennes sont dirigées par des femmes, révélant un potentiel entrepreneurial considérable. Paradoxalement, moins de 15 % de ces entreprises accèdent à des financements bancaires structurés, illustrant les obstacles persistants qui freinent leur développement.
C’est dans cette optique qu’a été conçue la facilité de 30 millions d’euros signée en septembre 2025 entre la BAD et Bridge Bank, visant explicitement à soutenir les PME dirigées par des femmes en réduisant les barrières financières à leur expansion.
Des profils diversifiés dans tous les secteurs
Cette dynamique se traduit par l’émergence de dirigeantes dans des domaines variés. Fatoumata Fofana, Directrice Générale Adjointe de Bridge Bank Côte d’Ivoire, structure des produits financiers dédiés aux entrepreneures et pilote le programme Bridge Femmes Leaders pour l’inclusion financière en milieu rural.
Dans l’agritech, Marie-Laure Gomis dirige WeFly Agri, une startup pionnière dans la cartographie des exploitations par drone qui travaille avec plus de 5 000 producteurs. Son approche combine innovation technologique et inclusion sociale, particulièrement auprès des femmes rurales.
L’industrie agroalimentaire compte également des figures marquantes comme Aminata Diabaté, fondatrice de Diabaté Agro Industries, qui emploie plus de 200 femmes dans ses unités de transformation à Bouaké et Korhogo tout en exportant vers l’Europe. Dans les biotechnologies, Diane Sery dirige Kube BioTech, spécialisée dans la valorisation des plantes médicinales locales, démontrant sa capacité à mobiliser des financements en capital-risque dans un secteur émergent.
Des obstacles structurels persistants
Malgré ces succès remarquables, les femmes dirigeantes font face à des défis spécifiques. L’accès au financement reste problématique : elles reçoivent en moyenne moins de 30 % des crédits accordés aux entreprises, souvent en raison du manque de garanties ou de perceptions biaisées concernant leur solidité financière.
Les normes sociales constituent un autre frein significatif. La pression familiale, la sous-représentation dans les réseaux d’affaires traditionnels et les stéréotypes liés à l’exercice du pouvoir créent un environnement plus contraignant. La faible visibilité médiatique et institutionnelle de leurs performances limite également leur reconnaissance et leur influence.
Des leviers d’accompagnement qui se structurent
Plusieurs dispositifs émergent pour soutenir cette dynamique. Les réseaux de femmes entrepreneures comme Women in Business Côte d’Ivoire, WIA Initiative et CECI Femmes Leaders créent des espaces d’échange et de soutien mutuel. Les programmes de mentoring et de coaching exécutif se multiplient, soutenus par des institutions comme la BAD, Orange Fab ou l’INP-HB.
Les formations spécifiques en leadership et gestion d’entreprise se développent, tandis que les politiques publiques évoluent avec l’instauration de quotas dans les conseils d’administration d’entreprises publiques et la création d’appels d’offres réservés aux femmes entrepreneures.
Vers un écosystème entrepreneurial plus inclusif
L’accélération de cette transformation nécessite des mesures systémiques. Les incitations fiscales pour les entreprises investissant dans l’entrepreneuriat féminin, la création d’un fonds souverain dédié aux femmes chefs d’entreprise et le développement de lignes de crédit bancaires adaptées constituent des leviers essentiels.
La valorisation des rôles modèles dans les médias s’avère également cruciale pour casser les stéréotypes et inspirer les nouvelles générations de dirigeantes.
Le leadership féminin en Côte d’Ivoire ne relève plus de l’exception mais d’une tendance structurelle qui transforme l’économie nationale. Ces dirigeantes apportent innovation, inclusion et durabilité dans leurs secteurs respectifs, redéfinissant les approches managériales traditionnelles. Soutenir cette dynamique représente un impératif économique et sociétal, permettant d’intégrer pleinement la moitié de la population active dans les sphères stratégiques de décision et d’accélérer la transformation économique du pays.
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