Longtemps négligée, la santé mentale au travail devient un enjeu central de performance pour les entreprises ivoiriennes. Face aux pressions économiques et à la digitalisation accélérée, la gestion du bien-être des salariés transforme les approches managériales traditionnelles.
La santé mentale au travail sort progressivement de l’ombre dans les entreprises ivoiriennes. Autrefois considérée comme un sujet périphérique, elle s’impose aujourd’hui comme un déterminant majeur de la performance organisationnelle et de la rétention des talents dans un contexte économique en mutation.
Un coût économique considérable
Selon l’Organisation mondiale de la santé, les troubles liés à la santé mentale coûtent annuellement plus de 1 000 milliards de dollars à l’économie mondiale en pertes de productivité. En Côte d’Ivoire, les signaux d’alerte se multiplient : hausse des arrêts maladie pour fatigue et anxiété, démotivation croissante et difficultés de rétention des talents dans les environnements sous tension.
Les observations du terrain confirment cette tendance. Le stress professionnel devient la première cause de consultation en médecine du travail à Abidjan, révélant l’ampleur d’un phénomène longtemps sous-estimé par les employeurs.
Des facteurs de risque multiples
Les causes du mal-être professionnel résultent souvent de transformations organisationnelles mal accompagnées. La surcharge de travail et les injonctions à la performance créent un climat de tension permanent. L’ambiguïté des rôles et la désorganisation interne génèrent stress et frustration chez les collaborateurs.
Le management autoritaire et l’absence de reconnaissance alimentent la démotivation, tandis que la pression économique post-COVID amplifie les incertitudes sur l’avenir professionnel. L’hyperconnexion numérique brouille les frontières entre vie professionnelle et personnelle, créant une fatigue mentale chronique.
Les signaux d’alarme incluent l’absentéisme récurrent, la baisse d’engagement, les conflits interpersonnels croissants et la détérioration du climat social général.
Des initiatives entrepreneuriales encourageantes
Plusieurs entreprises ivoiriennes développent des approches innovantes. NSIA Assurances a mis en place depuis 2022 une cellule d’écoute psychologique confidentielle, accessible par téléphone ou visioconférence. Des ateliers trimestriels de gestion du stress ciblent spécifiquement les équipes commerciales, particulièrement exposées à la pression.
Dans l’industrie, SIFCA déploie un programme complet de prévention du burn-out incluant séances de relaxation, méditation guidée et bilan de bien-être annuel. L’entreprise a formé un réseau de référents santé mentale sur ses sites de production pour détecter précocement les situations à risque.
Le secteur technologique n’est pas en reste. Une startup digitale abidjanaise a instauré la “digital detox week” avec zéro réunion après 16h, journée sans email et pause bien-être obligatoire. Cette approche a permis de réduire le turnover de 20 % en un an.
Un retour sur investissement démontré
Les bénéfices d’une politique de bien-être structurée sont mesurables. L’OMS établit qu’une entreprise investissant dans le bien-être améliore la productivité de ses salariés jusqu’à 12 %. Ces initiatives renforcent l’engagement et la fidélité, réduisent les conflits internes et le turnover.
L’attractivité employeur constitue un autre avantage concurrentiel. La qualité de vie au travail influence désormais autant que la rémunération les choix de carrière des jeunes cadres, particulièrement dans les secteurs en tension comme la technologie et la finance.
Vers une approche systémique
L’intégration durable du bien-être nécessite une démarche structurée. La formation des managers à la détection des signaux faibles et à l’écoute active constitue un prérequis. L’intégration d’indicateurs de bien-être dans les revues RH et enquêtes internes permet un suivi objectif.
La mise en place de canaux d’écoute anonymes, la valorisation des pauses et de la flexibilité, ainsi que la collaboration avec des psychologues du travail certifiés complètent cette approche.
La transition d’une culture du surmenage vers celle de l’équilibre représente un changement paradigmatique majeur. Dans un contexte où la ressource humaine devient le capital stratégique principal, la santé mentale au travail constitue désormais un impératif de compétitivité.
Les entreprises ivoiriennes qui intégreront le bien-être dans leur ADN organisationnel gagneront en attractivité, performance et résilience, se positionnant avantageusement sur le marché des talents régional et international.
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