Salués pour leurs performances, promus à des postes à responsabilité, certains cadres et dirigeants vivent pourtant avec un sentiment d’imposture persistant. En Côte d’Ivoire, ce phénomène silencieux touche un nombre croissant de leaders, avec des conséquences directes sur la qualité du management et la performance des entreprises.
Lorsqu’un manager doute constamment de sa légitimité malgré des résultats tangibles, on parle de syndrome de l’imposteur. Ce trouble psychologique, bien que largement méconnu dans le monde professionnel africain, s’infiltre dans les bureaux des cadres, des entrepreneurs et même des PDG.
En apparence confiants, ces leaders vivent en réalité avec la peur d’être “démasqués”, comme s’ils n’étaient pas à leur place. Un mal silencieux qui fragilise les décisions, l’autorité naturelle et la capacité à inspirer les équipes.
Des racines psychologiques profondes
Le syndrome de l’imposteur naît souvent d’un perfectionnisme exacerbé, d’un manque d’estime de soi ou de pressions culturelles fortes liées au succès. En Afrique de l’Ouest, et particulièrement en Côte d’Ivoire, la réussite professionnelle est souvent perçue comme une obligation familiale et sociale. Ce poids, combiné à un environnement concurrentiel, peut accentuer le sentiment de ne pas être à la hauteur.
Les manifestations sont multiples : attribution du succès à la chance, peur excessive de l’échec, difficulté à accepter les compliments, ou encore surinvestissement dans le travail pour “prouver sa valeur”.
Un frein au leadership et à la performance
Les répercussions sur le management sont considérables. Un leader en proie à ce syndrome aura tendance à éviter les décisions audacieuses par peur de l’erreur, à sous-estimer ses compétences, affectant sa posture managériale, ou encore à hésiter à déléguer, créant un micro-management contre-productif.
Cette dynamique peut entraîner une baisse de confiance au sein des équipes, une démotivation des collaborateurs et, à terme, une perte d’efficacité organisationnelle. Le cercle vicieux s’installe : moins le leader fait confiance à ses capacités, moins il inspire confiance à son entourage professionnel.
Accompagner les leaders : un enjeu pour les RH
Face à ce phénomène, les directions des ressources humaines ont un rôle crucial à jouer. Il ne s’agit pas seulement d’évaluer la performance, mais aussi de soutenir le bien-être psychologique des cadres.
Le coaching professionnel permet d’aider les managers à se reconnecter à leurs forces et à clarifier leur légitimité. Les groupes de parole ou le mentoring brisent l’isolement et permettent des échanges sincères entre pairs. Les formations sur l’intelligence émotionnelle et la gestion de soi complètent efficacement ce dispositif.
Certaines grandes entreprises ivoiriennes commencent à intégrer ce type d’accompagnement dans leurs plans de développement managérial, reconnaissant que la performance durable passe aussi par l’équilibre psychologique des leaders.
Vers un leadership plus humain et conscient
Dans un contexte où les entreprises cherchent à attirer et fidéliser les meilleurs talents, il devient essentiel de normaliser le doute, sans pour autant le laisser s’installer. Le vrai leadership ne consiste pas à ne jamais douter, mais à savoir avancer malgré l’incertitude.
Reconnaître et traiter le syndrome de l’imposteur, c’est faire le choix d’un management plus lucide, plus équilibré et surtout plus durable.
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