Mécanisme de suivi unique en Afrique de l’Ouest, la revue annuelle de l’UEMOA évalue la mise en œuvre des textes communautaires et des programmes régionaux. Cet exercice d’évaluation participatif favorise la redevabilité des États et renforce la cohérence des politiques économiques dans l’espace communautaire.
Dans un contexte d’intégration régionale où les engagements politiques se heurtent souvent aux difficultés d’exécution, l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine a développé un instrument original de gouvernance : la revue annuelle. Cet exercice d’évaluation participatif entre la Commission et les États membres vise à mesurer le degré de transposition des textes communautaires dans les législations nationales et le niveau de réalisation des projets régionaux.
Un dialogue structuré autour de la performance
Concrètement, la revue annuelle constitue un dialogue structuré entre techniciens, responsables politiques et partenaires de développement pour apprécier les avancées de chaque pays dans l’application des engagements régionaux. La démarche s’appuie sur des indicateurs précis, des constats partagés et des recommandations d’amélioration, créant ainsi un cadre de pilotage de la performance au service de l’intégration.
L’édition 2024 a évalué la transposition de 145 textes réglementaires communautaires et le déploiement de 25 programmes d’intégration régionale, pour un montant total supérieur à 82 milliards FCFA. Le taux moyen de mise en œuvre s’élève à 77,27 %, en progression par rapport à 2023 (75,91 %), témoignant d’un progrès modéré mais constant dans l’appropriation des normes régionales.
L’édition 2025, prévue du 5 au 12 novembre, s’annonce comme un rendez-vous stratégique pour renforcer les performances dans des domaines clés : libéralisation des échanges, harmonisation fiscale et douanière, convergence macroéconomique et mise en œuvre de projets structurants.
Un levier d’alignement stratégique
L’apport majeur de la revue annuelle réside dans sa capacité à favoriser l’alignement entre politiques nationales et objectifs régionaux. Elle incite les gouvernements à accélérer la transposition des directives dans les délais fixés, à mobiliser les ressources budgétaires pour financer les programmes communautaires et à renforcer le dialogue interinstitutionnel en associant parlements, ministères techniques et parties prenantes économiques.
Ce mécanisme de redevabilité encourage également l’échange de bonnes pratiques entre pays membres. Pour les entreprises, une meilleure application des textes communautaires se traduit par un environnement des affaires plus prévisible, plus fluide et donc plus propice au développement commercial transfrontalier.
Des pistes d’amélioration pour renforcer l’impact
Pour que la revue annuelle conserve son efficacité, plusieurs leviers méritent d’être actionnés. L’accroissement de la transparence des résultats, via la publication de rapports accessibles au grand public et aux acteurs économiques, renforcerait la légitimité de l’exercice. L’intégration de questions transversales comme le climat, le numérique, l’emploi des jeunes ou le genre dans l’évaluation permettrait d’élargir le périmètre de la gouvernance régionale.
Le renforcement des capacités nationales de suivi, notamment par la formation des cadres et le développement d’outils numériques de reporting, faciliterait la collecte et l’analyse des données. Enfin, une plus grande association du secteur privé et de la société civile aux discussions améliorerait l’appropriation des textes communautaires.
La revue annuelle ne se limite pas à un exercice bureaucratique. Elle constitue un véritable outil de gouvernance régionale combinant évaluation, responsabilisation et alignement stratégique, essentiel pour faire de la convergence réglementaire un atout au service du développement partagé.
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