Excellence opérationnelle : les entreprises africaines face au défi de la productivité

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Une étude récente du cabinet BearingPoint révèle un constat alarmant : seulement 33% des dirigeants africains disposent d’une feuille de route claire en matière d’excellence opérationnelle, tandis que 30 à 40% du temps de travail se perd en redondances et inefficacités. Un diagnostic qui invite à repenser en profondeur les pratiques de management pour gagner en compétitivité.

Un impératif stratégique dans un contexte en mutation

L’environnement économique africain connaît des transformations rapides : digitalisation accélérée des activités, croissance démographique, urbanisation massive et intégration croissante aux chaînes de valeur mondiales. Dans ce contexte, l’excellence opérationnelle n’est plus un luxe mais une nécessité stratégique.

L’étude de BearingPoint souligne que les entreprises africaines font face à une complexité croissante : multiplication des canaux digitaux, exigences clients accrues, régulations évolutives. Sans cadre méthodologique pour optimiser cette complexité, les coûts de fonctionnement augmentent, la qualité se dégrade et la capacité d’innovation se réduit.

Cinq piliers pour transformer l’organisation

Le cabinet propose un modèle structuré autour de cinq piliers fondamentaux. Premier impératif : intégrer la performance à la stratégie d’entreprise. La performance ne doit plus être considérée comme une fonction isolée mais comme une dimension centrale de la vision globale, avec des objectifs clairs de productivité, de délais et de qualité. Or, beaucoup de dirigeants africains n’ont pas encore établi cette articulation, faute de KPI clairement intégrés à la stratégie.

Deuxième pilier : l’engagement de la direction. Le top management doit s’impliquer activement dans les initiatives d’optimisation. Sans cet engagement visible et fort, les démarches d’amélioration restent marginales et n’impactent pas durablement l’organisation.

La cartographie et l’optimisation des processus constituent le troisième pilier. Il s’agit d’identifier les processus clés, de repérer les redondances, les goulets d’étranglement et les activités sans valeur ajoutée, puis de mettre en place des démarches d’amélioration continue inspirées du lean ou du six sigma. C’est précisément sur ce point que les entreprises africaines accusent le plus grand retard.

Le quatrième pilier concerne la capacité d’innovation. L’excellence opérationnelle ne se limite pas à optimiser l’existant mais implique aussi de faire différemment en tirant parti du digital, des données et de l’automatisation.

Enfin, l’accompagnement des salariés apparaît comme la clé de voûte du dispositif. Formation, changement culturel, appropriation des outils, implication des équipes terrain : sans cette dimension humaine, les meilleures méthodes restent lettre morte.

Des résultats tangibles en Côte d’Ivoire

Plusieurs entreprises ivoiriennes commencent à appliquer ce cadre avec succès. Une société de logistique a ainsi réduit de 18% son temps de traitement après avoir cartographié ses processus de livraison et digitalisé ses bons de livraison. Dans l’agro-alimentaire, une entreprise a mis en place un programme de formation à l’analyse de données pour optimiser le rendement de ses lignes de production.

Ces exemples démontrent que les cinq piliers peuvent se traduire concrètement en gains mesurables : réduction des coûts, amélioration de la qualité, satisfaction client accrue et flexibilité renforcée.

Les conditions du succès

La réussite d’une démarche d’excellence opérationnelle repose sur plusieurs facteurs. L’implication forte et visible du top management constitue le prérequis absolu. Un plan d’action concret, mesurable et piloté doit être déployé, accompagné d’investissements dans la digitalisation et la formation.

Une culture d’entreprise orientée vers l’amélioration continue et un suivi rigoureux via des indicateurs adaptés complètent le dispositif. Les obstacles ne manquent pas : manque de compétences internes, faible culture de la mesure, processus peu documentés, résistance au changement et ressources limitées.

Pour les dirigeants ivoiriens et ouest-africains, le message est clair : l’heure n’est plus uniquement à la croissance des volumes mais à l’optimisation de l’existant. Identifier un ou deux processus clés où le temps, la qualité ou les coûts sont problématiques et enclencher un plan d’amélioration devient urgent. Car c’est sur l’excellence opérationnelle que se bâtit la compétitivité de demain.


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