Le Forum économique Afrique-Europe d’Orléans (9-11 octobre 2025) et le lancement du programme Diaspora Connect par la Fondation Mstudio ont remis la diaspora ivoirienne au centre des stratégies d’innovation. Au-delà des déclarations d’intention, quelles actions concrètes les entreprises peuvent-elles mettre en œuvre pour mobiliser efficacement ces talents expatriés ?
Un potentiel stratégique sous-exploité
La diaspora ivoirienne cumule des atouts considérables : talents formés dans des technologies de pointe, capacité de financement via remises et investissements, et réseaux internationaux facilitant partenariats et accès aux marchés. Lors du Forum d’Orléans, Denis Charles Kouassi, directeur général de la Caisse nationale de prévoyance sociale, a souligné “la volonté manifeste des Africains de l’extérieur de contribuer au développement du continent”.
Le programme Diaspora Connect ambitionne de mobiliser des centaines de talents pour les connecter à une centaine d’entreprises partenaires en Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire a également lancé un portail pour recenser les compétences de la diaspora et favoriser leur implication. Pourtant, plusieurs obstacles persistent : manque de coordination entre diaspora et entreprises locales, formalités administratives inadaptées, culture d’entreprise peu habituée au management à distance et faible structuration des programmes d’innovation collaborative.
Trois stratégies opérationnelles
Première approche : cartographier et structurer l’accueil. Les entreprises doivent élaborer une base de données recensant les talents ivoiriens de la diaspora : compétences, expériences, disponibilité. Il s’agit ensuite de définir les profils clés recherchés et de créer un dispositif d’accueil hybride permettant le travail à distance, les missions courtes de trois à six mois ou le retour temporaire. La communication doit clairement exposer les avantages de la collaboration : mentoring, co-fondation, accès au marché local.
Deuxième levier : l’incubation et la co-création. S’appuyer sur des programmes comme Diaspora Connect pour monter des binômes diaspora-entrepreneur local. La diaspora apporte l’expertise, le réseau et l’approche internationale tandis que l’entreprise locale fournit la connaissance du terrain et l’ancrage. Organiser hackathons, masterclass et mentoring en ligne renforce l’engagement. Mettre en place un fonds interne pour financer les prototypes issus de ces collaborations permet de passer de l’idée à la preuve de concept.
Troisième axe : gouvernance et incitations adaptées. Offrir des incitations pour les membres de la diaspora qui investissent ou collaborent, instaurer un comité mixte diaspora-entreprise-État avec des indicateurs clairs : nombre de startups co-fondées, emplois créés, chiffre d’affaires exporté. Le suivi doit s’inscrire dans la durée, avec une culture d’entreprise valorisant la diaspora comme atout stratégique.
Des résultats mesurables
Les exemples d’impact sont tangibles. Une entreprise tech ivoirienne accueillant un talent de la diaspora pour six mois peut créer une fonctionnalité exportable et augmenter de 15% ses utilisateurs internationaux. Une startup née d’un binôme diaspora-local peut lancer un produit SaaS à Abidjan avant de s’exporter vers le Sahel. Une PME industrielle mettant en place un mentoring hebdomadaire inter-continent peut réduire de 20% son délai de mise sur le marché.
Le rôle de chaque acteur
Pour les entreprises, il s’agit d’intégrer dans leur plan stratégique un programme diaspora avec budget dédié et objectifs annuels mesurés. L’État doit créer une plateforme nationale de liaison diaspora-entreprises et instaurer des incitations fiscales et légales. La diaspora elle-même doit considérer l’entreprise ivoirienne comme un terrain d’innovation, pas seulement d’investissement, et être proactive dans la proposition de projets.
La mobilisation de la diaspora ne constitue pas simplement une source de capitaux mais un levier de transformation interne. Les entreprises qui franchiront ce pas accéderont à l’innovation, au rayonnement international et à une compétitivité renforcée. Le catalyseur existe désormais : programmes structurés, forums internationaux, politiques incitatives. Il ne reste plus qu’à passer de la théorie à l’action.
En savoir plus sur businessechos.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.









