Toumodi : L’usine Robust accélère l’industrialisation de la filière anacarde

Inauguré le 22 septembre à Oussou, le complexe industriel Robust International marque une étape décisive dans la transformation locale de la noix de cajou. Avec 15 milliards de FCFA d’investissement et plus de 1 000 emplois créés, ce projet illustre la stratégie d’industrialisation du gouvernement ivoirien.

La Côte d’Ivoire franchit une nouvelle étape dans sa quête de souveraineté agricole. L’inauguration de l’usine Robust International à Toumodi concrétise l’ambition gouvernementale de transformer le pays en hub régional de transformation de l’anacarde, dépassant son statut traditionnel d’exportateur de matières premières.

Un investissement stratégique majeur

Le complexe industriel, fruit d’un investissement de 15 milliards de FCFA soutenu par la Commission européenne, s’étend sur 6 hectares dans la localité d’Oussou. Cette infrastructure moderne affiche une capacité de traitement de 120 tonnes de noix brutes par jour, soit environ 37 440 tonnes annuelles à plein régime.

L’impact social du projet s’avère particulièrement significatif. L’usine emploie déjà 996 personnes, dont 675 femmes, représentant près de 67% de l’effectif total. Selon les autorités, ce sont plus de 1 000 emplois directs qui seront générés à terme, contribuant substantiellement au développement économique de la région du Bélier.

Une filière en pleine mutation

Cette réalisation s’inscrit dans un contexte favorable pour la filière anacarde ivoirienne. Deuxième culture d’exportation après le cacao, l’anacarde a généré une production de 944 673 tonnes en 2024. Toutefois, seules 350 000 tonnes sont actuellement transformées localement, révélant un potentiel considérable de valorisation.

L’objectif gouvernemental consiste à porter ce taux de transformation locale à 50% d’ici 2030, positionnant la Côte d’Ivoire comme centre de transformation régionale. Cette stratégie nécessite non seulement le renforcement des capacités industrielles, mais aussi la structuration des chaînes de collecte et l’amélioration de l’accès aux financements et technologies.

Défis opérationnels à relever

Le succès de l’usine Robust dépendra de sa capacité à surmonter plusieurs défis structurels. L’approvisionnement régulier en noix de qualité constitue l’enjeu principal, nécessitant une organisation efficace de la collecte et des coopératives productrices.

Les coûts énergétiques et logistiques représentent également des paramètres cruciaux pour maintenir la compétitivité face aux acteurs internationaux établis, notamment en Inde, au Vietnam ou au Nigeria. La formation du personnel et la maîtrise des standards de qualité internationaux détermineront la capacité d’exportation vers les marchés européens et américains.

Une dynamique d’industrialisation plus large

L’initiative Robust s’intègre dans une stratégie nationale plus ambitieuse. Le gouvernement multiplie les projets d’usines dans différentes localités, notamment Boundiali et Yamoussoukro, structurant ainsi la chaîne de valeur anacarde sur l’ensemble du territoire.

Le Centre d’Innovations et de Technologies de l’Anacarde de Yamoussoukro, avec sa capacité de 6 000 tonnes annuelles, complète ce dispositif en tant que partenaire technique pour la montée en compétences sectorielles. Le Conseil du Coton et de l’Anacarde assure quant à lui la régulation et l’encadrement des producteurs.

Perspectives de développement

Pour optimiser l’impact de cette industrialisation, plusieurs leviers méritent une attention particulière. La structuration des coopératives et l’amélioration des conditions logistiques d’achat en zones rurales faciliteront l’approvisionnement des unités industrielles.

L’accompagnement technique et la formation continue du personnel, notamment féminin, garantiront l’amélioration des rendements et de la qualité. Le renforcement des partenariats public-privé permettra de multiplier les unités de transformation tout en diversifiant les sources de financement.

L’usine Robust de Toumodi symbolise ainsi la transition d’une économie de rente vers un modèle industriel créateur de valeur ajoutée. Son succès conditionne la crédibilité de la stratégie ivoirienne de transformation agricole et son positionnement continental.