La Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest a décidé de maintenir ses taux directeurs inchangés lors de son comité de politique monétaire du 17 septembre à Dakar. Une approche prudente qui vise à consolider la reprise économique régionale tout en préservant la stabilité des prix.
Réunie à Dakar le 17 septembre dernier, la BCEAO a confirmé le statu quo monétaire en maintenant son taux directeur à 3,25 % et le taux du guichet de prêt marginal à 5,25 %. Cette décision intervient dans un contexte macroéconomique favorable, marqué par une reprise économique soutenue dans l’espace UEMOA et une détente progressive de l’inflation.
Une croissance régionale robuste
Les indicateurs économiques justifient cette approche prudente. Selon le gouverneur Jean-Claude Kassi Brou, la croissance du PIB régional devrait atteindre entre 6,3 % et 7 % en 2025, avec une prévision moyenne de 6,6 %. Cette performance s’appuie sur la vigueur des secteurs extractifs, agricoles et des services, témoignant d’une diversification économique en cours.
Parallèlement, l’inflation montre des signes encourageants de modération. Après avoir franchi le seuil de 7 % en 2022-2023 dans plusieurs pays de la zone, elle est retombée autour de 3,5 % en glissement annuel. Cette décélération résulte principalement de la baisse des prix internationaux de l’énergie et d’une amélioration de la stabilité des approvisionnements.
Une stratégie d’équilibre
Le maintien des taux directeurs traduit une volonté de préserver l’équilibre entre soutien à la croissance et vigilance inflationniste. Alors que certaines banques centrales mondiales optent pour des assouplissements monétaires, la BCEAO fait le choix de la prudence face aux incertitudes géopolitiques persistantes et aux pressions budgétaires dans certains États membres.
Cette stabilité monétaire vise également à renforcer la visibilité des agents économiques et maintenir l’attractivité du franc CFA vis-à-vis des capitaux étrangers, dans un contexte où plusieurs pays développés maintiennent encore des politiques monétaires restrictives.
Des retombées positives pour le secteur bancaire
Pour les établissements bancaires de la région, cette décision garantit un coût de refinancement prévisible, facilitant ainsi la gestion de trésorerie. Dans un environnement de croissance soutenue, les banques peuvent accroître leur offre de crédit sans subir de hausse du coût de la liquidité, favorisant une intermédiation bancaire dynamique.
Les petites et moyennes entreprises, piliers de l’économie régionale, bénéficient également de cette stabilité. Les conditions de crédit ne devant pas se durcir à court terme, les PME peuvent continuer à accéder à des financements accessibles pour leurs besoins en fonds de roulement et leurs projets d’investissement.
Une diversification encouragée
Cette politique monétaire accommodante encourage les banques à diversifier leurs portefeuilles de crédit vers les secteurs productifs, notamment l’agro-industrie, les technologies de l’information, l’énergie et la logistique. Cependant, le taux de prêt marginal maintenu à 5,25 % demeure relativement élevé pour les établissements en tension de liquidité, ce qui pourrait limiter certains engagements à risque élevé.
Perspectives d’assouplissement
La décision de la BCEAO renforce la confiance dans la résilience économique de l’UEMOA et envoie un signal positif sur la maîtrise des fondamentaux macroéconomiques. Elle encourage une reprise de l’investissement privé, particulièrement dans les infrastructures, l’industrie légère et les services.
À moyen terme, si la trajectoire de croissance se confirme et que l’inflation reste maîtrisée, un assouplissement monétaire n’est pas à exclure. Une telle évolution pourrait donner un nouvel élan au crédit, notamment dans les pays où le taux d’accès au financement demeure limité, contribuant ainsi à une inclusion financière renforcée dans l’ensemble de la région.
En savoir plus sur businessechos.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.