2025, l’EBID a approuvé une enveloppe de 79,219 millions USD pour financer un complexe de transformation moderne et une unité de production irrigable de 10 000 hectares dans l’État de Taraba au Nigeria. Pour la Côte d’Ivoire, dont la filière rizicole peine encore à combler ses besoins, ce projet porte-étendard de l’industrialisation agricole pourrait offrir des enseignements précieux.
Un projet ambitieux pour l’autosuffisance
L’objectif de la Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO est clair : stimuler la production locale, promouvoir l’auto-approvisionnement en riz, réduire les importations et accroître la valeur ajoutée. Le projet est couplé à la création d’un parc industriel dans l’État de Taraba pour fédérer des activités agro-industrielles connexes comme la logistique, les équipements et la transformation.
Ce plan s’inscrit dans la stratégie nigériane de sécurité alimentaire et de diversification économique, en renforçant les chaînes de valeur agricoles plutôt que de se limiter à l’exportation brute. Les attentes incluent une montée en production rizicole à grande échelle sous irrigation, une transformation locale poussée pour capter la valeur ajoutée, la création d’emplois ruraux et une amélioration de la résilience alimentaire nationale.
Une filière ivoirienne encore fragile
Le riz figure parmi les denrées alimentaires les plus consommées en Côte d’Ivoire, mais la production nationale ne couvre pas les besoins. En 2023/2024, le pays se classe parmi les plus gros importateurs de riz en Afrique, derrière le Nigeria. Malgré des ambitions d’autosuffisance initialement fixées à fin 2026, l’objectif a été reporté.
Le riz cultivé en Côte d’Ivoire est majoritairement en conditions pluviales – environ 95% des surfaces – et seule une faible part bénéficie de systèmes aménagés ou irrigués. Le rendement reste faible dans beaucoup de zones, tandis que les infrastructures de transformation sont limitées ou inadéquates.
La Stratégie Nationale Révisée de Développement de la Filière Riz fixe des objectifs ambitieux, tandis que l’Office national du développement de la riziculture et l’Agence pour le Développement de la Filière Riz visent à renforcer l’intervention publique. Mais la filière se heurte à des contraintes persistantes : financement, logistique, maîtrise de l’eau, formation des producteurs et compétitivité face aux riz importés.
Cinq leçons transposables
Le modèle nigérian offre plusieurs enseignements applicables. D’abord, un périmètre irrigable de 10 000 hectares offre une échelle lourde et un contrôle de l’eau crucial pour la productivité. Pour la Côte d’Ivoire, développer des périmètres aménagés dans les bassins rizicoles semble indispensable pour sortir du modèle pluvial.
Le complexe de transformation associé – meunerie, conditionnement, logistique – est déterminant pour capter l’apport de valeur. Renforcer les unités de transformation dans les zones rurales ivoiriennes pourrait réduire les pertes et améliorer la compétitivité.
L’intégration à un parc industriel régional crée des synergies d’équipements, fournitures et services. Rapprocher zones industrielles et grandes zones rizicoles favoriserait une intégration verticale en Côte d’Ivoire.
Le financement régional via EBID montre l’importance de mobiliser les institutions de développement – CEDEAO, BAD, Fonds africain de développement – pour des projets structurants.
Enfin, la mise en œuvre progressive avec inclusion des petits producteurs et gouvernance locale solide constitue un facteur clé de succès. La structuration des coopératives, l’accès au foncier et la transparence seront des défis incontournables pour Abidjan.
Si bien calibré, un tel modèle pourrait réduire les importations, capturer la valeur ajoutée locale, améliorer les rendements et créer des centres moteurs de développement régional. La réussite dépendra de la capacité à mobiliser les acteurs locaux et à assurer une gouvernance transparente.
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