Sidi Ould Tah prend les rênes de la BAD dans un contexte économique africain tendu

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Le Mauritanien succède au Nigérian Akinwumi Adesina à la tête de la principale institution financière continentale, avec pour mission de relever des défis majeurs liés au financement du développement.

L’économiste mauritanien Sidi Ould Tah a été élu président de la Banque africaine de développement (BAD) ce 29 mai lors des Assemblées annuelles de l’institution à Abidjan. À 61 ans, ce spécialiste du financement du développement prendra officiellement ses fonctions le 1er septembre prochain pour un mandat de cinq ans, succédant au Nigérian Akinwumi Adesina qui achève deux mandats consécutifs.

Un profil d’économiste aguerri

Titulaire d’un doctorat en sciences économiques de l’Université de Nice Sophia Antipolis, Sidi Ould Tah cumule plus de 35 années d’expérience dans les secteurs de la finance et du développement. Son parcours illustre une expertise forgée tant dans les institutions multilatérales que dans la gestion publique.

Après avoir débuté sa carrière en 1984 à la Banque mauritanienne pour le développement et le commerce, il gravit les échelons au sein de diverses institutions nationales avant de rejoindre l’écosystème financier international. Son passage à la Banque islamique de développement en Arabie saoudite entre 1999 et 2006, puis son retour en Mauritanie comme ministre de l’Économie et des Finances de 2008 à 2015, témoignent d’une double expertise publique et privée.

Des résultats probants à la BADEA

C’est néanmoins à la tête de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA) que Sidi Ould Tah a démontré ses capacités de transformation institutionnelle. Nommé directeur général en 2015, il parvient à quadrupler le bilan de l’établissement tout en obtenant une notation AAA, performance remarquable dans un secteur où la crédibilité financière conditionne l’accès aux marchés de capitaux.

Sous sa direction, la BADEA renforce significativement ses partenariats avec les pays du Golfe, élargissant ainsi les sources de financement pour les projets d’infrastructure africains. Cette stratégie de diversification des bailleurs illustre une approche pragmatique qui pourrait s’avérer précieuse dans ses nouvelles fonctions.

Des défis financiers considérables

L’arrivée de Sidi Ould Tah à la présidence de la BAD survient dans un contexte particulièrement délicat. L’institution fait face à une réduction drastique de ses ressources, notamment une coupe de 555 millions de dollars décidée par les États-Unis au Fonds africain de développement. Cette diminution du financement frappe de plein fouet le mécanisme de soutien aux pays les plus vulnérables du continent, au moment où les besoins sont pourtant croissants.

Le continent africain traverse une période d’incertitudes économiques marquée par l’aggravation des niveaux d’endettement, les impacts récurrents des chocs climatiques et un ralentissement de la croissance. Dans ce contexte, les institutions financières de développement voient leur rôle de stabilisateur économique renforcé, mais leurs moyens d’action contraints.

Une stratégie axée sur l’innovation financière

Face à ces contraintes, le nouveau président de la BAD mise sur la mobilisation de ressources financières innovantes et le renforcement des partenariats avec le secteur privé. Cette orientation reflète une tendance générale dans le financement du développement, où les mécanismes de financement mixte public-privé gagnent en importance.

Sidi Ould Tah entend également développer le Mécanisme africain de stabilité financière, outil destiné à aider les États membres à gérer leurs vulnérabilités liées à la dette. Cette initiative répond à une préoccupation majeure, plusieurs pays africains ayant vu leur situation budgétaire se dégrader ces dernières années.

L’adaptation aux enjeux climatiques

L’amélioration de la réponse de la BAD aux changements climatiques figure également parmi les priorités du nouveau dirigeant. Cette orientation s’inscrit dans la dynamique internationale de verdissement des financements de développement, l’Afrique étant particulièrement exposée aux risques climatiques malgré sa contribution limitée aux émissions mondiales.

Un mandat décisif

En devenant le neuvième président de la BAD depuis sa création en 1964, Sidi Ould Tah hérite d’une institution à la croisée des chemins. Son mandat s’annonce déterminant pour repositionner la banque face aux mutations économiques du continent africain et aux évolutions géopolitiques mondiales.

L’expérience acquise tant dans les institutions financières arabes qu’africaines, combinée à sa connaissance approfondie des mécanismes de financement du développement, constituent des atouts indéniables pour naviguer dans cet environnement complexe. Le succès de son mandat se mesurera à sa capacité à mobiliser de nouvelles ressources tout en préservant la solidité financière de l’institution.


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