SDTM CI s’offre Unilever Côte d’Ivoire pour plus de 24 milliards FCFA : un tournant pour l’industrie agroalimentaire nationale

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Unilever Overseas Holdings Ltd, actionnaire majoritaire d’Unilever Côte d’Ivoire, a annoncé la cession de 99,78 % du capital de sa filiale à un consortium d’investisseurs ivoiriens mené par SDTM CI, filiale du groupe Carré d’Or. Montant estimé de l’opération : 24,5 milliards FCFA. Cette acquisition marque un tournant stratégique dans la relance industrielle du pays et l’affirmation des champions économiques locaux.

Une opération historique dans le paysage agroalimentaire ivoirien

Dans un communiqué daté du 8 avril 2025, la société Unilever Côte d’Ivoire a confirmé la signature d’un accord de cession avec SDTM CI pour la vente de 99,78 % de son capital. Cette transaction porte sur 9 163 608 actions, sur un total de 9 183 400, cédées sous forme d’opération sur titres à un consortium dirigé par la Société de Distribution de Toutes Marchandises Côte d’Ivoire (SDTM CI).

Cette prise de contrôle, qui reste soumise à l’obtention des approbations réglementaires et internes requises, devrait être finalisée dans les mois à venir. Elle sera suivie d’une période de transition supervisée en coopération avec le groupe Unilever, afin d’assurer la continuité des services et la stabilité des relations commerciales avec les clients et partenaires.

Unilever Côte d’Ivoire : un fleuron à relancer

Présente en Côte d’Ivoire depuis plusieurs décennies, Unilever CI est l’un des acteurs historiques du secteur des biens de grande consommation en Afrique de l’Ouest. Avec un capital social de 24,336 milliards FCFA et des marques phares telles que Omo, Lipton, Blue Band, Signal ou encore Close-Up, la société a profondément marqué le quotidien des ménages ivoiriens.

Mais ces dernières années, l’entreprise a connu des turbulences financières. En 2022, elle accusait une perte nette de 6,38 milliards FCFA. Toutefois, un net redressement a été observé en 2023, avec un bénéfice de 640 millions FCFA, grâce notamment à une amélioration de la performance opérationnelle et de la valeur ajoutée brute.

Cette dynamique retrouvée a sans doute encouragé le groupe Carré d’Or à franchir le pas et à saisir l’opportunité stratégique de reprendre la filiale locale du géant anglo-néerlandais.

Carré d’Or : le pari d’un industriel ivoirien

Fondé en 1998, le groupe Carré d’Or s’est imposé comme l’un des conglomérats les plus ambitieux de Côte d’Ivoire. À travers SDTM CI, sa filiale spécialisée dans l’importation et la distribution de produits alimentaires, il détient une part importante du marché du riz — denrée de base pour des millions de foyers. Son expansion dans la transformation agroalimentaire témoigne d’une volonté claire : devenir un acteur intégré de la chaîne de valeur alimentaire.

Avec cette acquisition, Carré d’Or franchit une nouvelle étape. Il ne s’agit plus simplement de distribuer, mais bien de produire localement, de valoriser les marques existantes et de moderniser un outil industriel aujourd’hui sous-exploité. Selon nos informations, le groupe prévoit un plan d’investissement pour redynamiser l’appareil de production et relocaliser certaines lignes de fabrication, jusque-là externalisées.

Une acquisition à forte portée symbolique et économique

Au-delà de la valeur financière de la transaction – estimée à 24,5 milliards FCFA – cette opération symbolise une nouvelle ère pour le capitalisme ivoirien. Elle s’inscrit dans un mouvement plus large d’“africanisation” des entreprises stratégiques, où les groupes locaux prennent progressivement le relais des multinationales historiques.

C’est aussi un signal fort envoyé aux autorités publiques et aux investisseurs : la Côte d’Ivoire dispose désormais de champions capables de reprendre, restructurer et faire croître des entreprises majeures. Cette prise de contrôle pourrait devenir un cas d’école en matière de relance industrielle endogène.

Une transition en douceur prévue avec Unilever

Le communiqué de presse insiste sur la mise en place d’une période de transition post-cession. Le groupe Unilever apportera son appui aux nouveaux actionnaires pour garantir la continuité des opérations, la qualité du service client, ainsi que la transmission des savoir-faire et standards de qualité. Une démarche qui devrait contribuer à rassurer tant les salariés que les partenaires commerciaux.

Vers une renaissance d’Unilever CI sous pavillon ivoirien

Le rachat d’Unilever Côte d’Ivoire par SDTM CI n’est pas simplement une transaction financière. Il s’agit d’un événement économique structurant qui pourrait redonner un souffle nouveau à l’industrie agroalimentaire ivoirienne. Pour Carré d’Or, le défi sera de transformer l’essai en modernisant l’existant, en relançant la production locale et en adaptant l’offre aux attentes des consommateurs.

Si cette opération est menée à bien, elle pourrait servir de modèle pour d’autres secteurs où les multinationales cherchent à céder leurs actifs à des opérateurs locaux. Et surtout, elle démontre qu’un leadership industriel ivoirien est non seulement possible, mais déjà en marche.

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