Dans un pays où le riz constitue un pilier fondamental de l’alimentation quotidienne, une entreprise locale relève le défi de l’autosuffisance alimentaire. RIDISSI, sous la houlette de son fondateur Stéphane Sucré, s’impose progressivement comme un acteur incontournable de la filière rizicole ivoirienne, avec une vision claire: produire un riz local de qualité qui puisse rivaliser avec les importations.
Un parcours entrepreneurial inspirant
L’histoire de RIDISSI commence modestement en 2015, lorsque Stéphane Sucré, de son vrai nom Tia Gueu Rock Stéphane, se lance dans la distribution de riz. Cette première expérience lui permet d’acquérir une connaissance approfondie du marché et des attentes des consommateurs ivoiriens. Mais c’est en 2017 que l’entreprise franchit un cap décisif en se lançant dans la production avec une superficie initiale de 10 hectares.
Diplômé en Génie Informatique, Transit Douane et Commerce International, Stéphane Sucré apporte une perspective unique à la filière rizicole. Sa motivation profonde résonne dans sa déclaration: “Nous avons lancé Ridissi pour que nos parents ne mangent plus de riz importé!” Une vision qui s’ancre dans un sentiment de fierté nationale et un désir de contribuer à l’économie locale.
Une croissance exponentielle
Les chiffres témoignent d’une expansion remarquable. De 10 hectares en 2017, RIDISSI cultive aujourd’hui 600 hectares et ambitionne d’atteindre 1500 hectares dans un futur proche. La production a suivi la même trajectoire fulgurante, passant de 40 tonnes en 2018 à 2400 tonnes en 2023, illustrant une maîtrise croissante des techniques agricoles et une optimisation des rendements.
Cette progression s’appuie sur une stratégie de double récolte annuelle et, depuis 2023, sur la collaboration avec une centaine de producteurs locaux. RIDISSI emploie actuellement 20 personnes de façon permanente et fait appel à plus de 400 travailleurs contractuels, principalement dans la région de Sinfra où se concentrent ses activités de production.
Un produit qui répond aux attentes des consommateurs
La force de RIDISSI réside dans sa capacité à moderniser le riz local. L’entreprise a développé une variété à longs grains, blanche, parfumée et savoureuse, qui se distingue par sa propreté et sa facilité d’utilisation. Conditionné dans des emballages professionnels de 5 kg (vendu à environ 3500 FCFA) et de 25 kg (entre 17000 et 17500 FCFA), le riz RIDISSI cible aussi bien les ménages que les professionnels de la restauration.
La transformation du riz paddy s’effectue à Yamoussoukro, tandis que la distribution s’étend à plusieurs villes clés de Côte d’Ivoire: Abidjan, Yamoussoukro, Daloa, Bouaké et Sinfra. RIDISSI commercialise ses produits via des ventes directes à environ 4500 foyers fidélisés, mais également à travers des plateformes de vente en ligne comme CDC shop et Waliyê.
Des défis à relever pour réaliser un potentiel immense
Avec un chiffre d’affaires annuel de 300 millions de FCFA (environ 500 000 euros), RIDISSI fait face à des défis considérables pour concrétiser ses ambitions. L’entreprise peine actuellement à répondre à la demande du marché, signe d’un potentiel commercial encore largement inexploité.
Le principal obstacle reste l’accès au financement. À ce jour, RIDISSI n’a pas bénéficié de soutien financier direct ou de subventions gouvernementales, principalement en raison d’un manque de garanties solides. L’entreprise a financé sa croissance grâce à ses ressources propres et à des collaborations avec des associés et des distributeurs. Cette situation paradoxale, dans un contexte où le gouvernement ivoirien affiche sa volonté de réduire la dépendance aux importations de riz, pourrait freiner l’expansion de l’entreprise.
Une vision à long terme
Les ambitions de Stéphane Sucré dépassent largement le cadre de son entreprise actuelle. RIDISSI aspire à devenir la marque de riz numéro un en Côte d’Ivoire d’ici 10 ans et envisage déjà une expansion régionale vers d’autres pays d’Afrique de l’Ouest comme le Burkina Faso, le Sénégal, le Bénin, le Togo, le Mali et la Guinée.
Au-delà des objectifs commerciaux, l’entrepreneur nourrit des ambitions sociales: créer plus de 5000 emplois pour les jeunes et autonomiser plus de 1000 femmes ivoiriennes au cours de la prochaine décennie. Il projette également d’établir une école d’entrepreneuriat spécialisée dans la riziculture, offrant des stages pratiques au sein de RIDISSI.
Un modèle pour la souveraineté alimentaire
Dans un pays qui importe près de 800 000 tonnes de riz par an pour une dépense annuelle de l’ordre de 500 milliards de FCFA, l’initiative de RIDISSI résonne avec les préoccupations nationales. La Côte d’Ivoire, troisième plus grand importateur africain de riz en provenance d’Inde, reste vulnérable aux fluctuations des marchés internationaux.
L’exemple de RIDISSI illustre comment l’entrepreneuriat local peut contribuer concrètement à l’objectif gouvernemental d’augmenter la production nationale de riz blanchi de 27% pour atteindre 1,4 million de tonnes. Alors que la production locale ne représente actuellement qu’environ 2% de la consommation nationale, des entreprises comme RIDISSI ouvrent la voie vers une plus grande autonomie alimentaire.
L’histoire de Stéphane Sucré et de RIDISSI incarne l’esprit entrepreneurial ivoirien et démontre qu’avec de la vision, de la persévérance et des investissements appropriés, l’agriculture locale peut répondre aux défis de sécurité alimentaire tout en créant de la valeur et des emplois. Si l’entreprise parvient à surmonter ses défis actuels de financement et à concrétiser ses plans d’expansion, elle pourrait bien devenir un modèle de réussite pour tout le secteur agricole ouest-africain.
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