En seulement douze ans d’existence, cette entreprise née en Côte d’Ivoire s’est imposée comme un acteur incontournable dans le secteur des infrastructures en Afrique francophone.
Depuis sa création en 2012, PORTEO BTP a connu une trajectoire remarquable. Fondée par l’homme d’affaires ivoiro-libanais Hassan Dakhlallah, cette entreprise initialement nommée Nicolas Srouji Establishment Côte d’Ivoire (NSE-CI) et filiale d’un groupe libanais, a progressivement pris son indépendance avant d’adopter son nom actuel en 2020. En l’espace d’une décennie, elle s’est métamorphosée en un véritable géant régional du BTP, qualifié par Jeune Afrique de “nouveau champion ivoirien du secteur”.
De la Côte d’Ivoire à l’Afrique de l’Ouest et centrale
Solidement implantée dans son pays d’origine, PORTEO BTP a rapidement déployé ses ailes à travers la sous-région. L’expansion a débuté en 2018 avec l’ouverture d’une filiale au Bénin, suivie en 2021 par une implantation au Togo. Plus récemment, l’entreprise a étendu sa présence au Sénégal, illustrant sa stratégie panafricaine. Cette année marque également son entrée en Afrique centrale avec des chantiers d’envergure au Gabon.
“L’Afrique doit construire ses infrastructures avec ses propres ressources et talents”, affirme Hassan Dakhlallah, PDG du groupe, résumant ainsi la philosophie qui anime son entreprise. Cette vision panafricaine s’est concrétisée par des résultats financiers impressionnants : le chiffre d’affaires est passé de 70 milliards FCFA en 2018 à plus de 285 milliards FCFA en 2021, témoignant d’une croissance spectaculaire malgré la pandémie.
Des infrastructures emblématiques à travers l’Afrique
Le portefeuille de réalisations de PORTEO BTP s’est considérablement étoffé ces dernières années. En Côte d’Ivoire, l’entreprise a notamment réalisé l’aménagement et le bitumage en 2×2 voies de la route Grand-Bassam – Assouindé, axe côtier stratégique à l’est d’Abidjan, ainsi que le renforcement de l’autoroute du Nord reliant Abidjan à Yamoussoukro.
Au Bénin, la filiale locale conduit plusieurs chantiers majeurs comme la construction de l’autoroute Sèmè-Podji – Porto-Novo ou encore le bitumage des axes Vêdoko – Étoile Rouge et Misséssinto – Allada. Au Togo, l’entreprise s’est illustrée dans la reconstruction du grand marché de Lomé, infrastructure emblématique de la capitale.
Plus récemment, PORTEO BTP a franchi une étape décisive dans sa diversification en décrochant un contrat pour la construction d’un data center national au Gabon, marquant son entrée dans le secteur stratégique des infrastructures numériques. Le groupe s’est également vu confier la réalisation de la route Alembé–Mikouyi traversant quatre provinces gabonaises, soulignant sa capacité à réaliser des projets d’envergure nationale.
La clé du succès : autonomie opérationnelle et maîtrise technique
L’une des forces de PORTEO BTP réside dans sa stratégie d’autonomie opérationnelle. Contrairement à de nombreux acteurs du secteur qui dépendent de la location d’équipements, le groupe a massivement investi dans son propre parc matériel, fort aujourd’hui de plus de 1 500 engins et camions. Ce choix stratégique lui permet de maîtriser parfaitement ses délais d’exécution et la qualité de ses ouvrages.
“Notre indépendance technique est notre plus grand atout face aux multinationales”, explique Gérard Kouassi, Directeur Général en charge des opérations. Ancien cadre du groupe français Colas, filiale de Bouygues, ce dernier a apporté à PORTEO une culture de l’excellence et de la rigueur issue de son expérience internationale.
Cette approche industrielle s’est également traduite par la création de centrales de production de matériaux de construction (graviers, béton, enrobés), réduisant la dépendance aux importations et permettant une meilleure maîtrise des coûts. L’entreprise a par ailleurs adopté des technologies modernes comme la digitalisation des chantiers et l’emploi de matériaux à faible empreinte carbone.
Une reconnaissance nationale et internationale
Les performances de PORTEO BTP n’ont pas manqué d’être saluées. L’entreprise a remporté à trois reprises le Prix National d’Excellence de Côte d’Ivoire dans la catégorie BTP/Routes (2018, 2021 et 2024), une distinction remise par le président de la République qui salue “la qualité et la perfection de ses ouvrages routiers”.
Sur la scène internationale, le groupe s’est illustré en juin 2024 lors du Forum International Afrique Développement à Casablanca en remportant le Trophée de la Coopération Sud-Sud dans la catégorie entreprise panafricaine. Jeune Afrique l’a classé 342ᵉ sur 500 dans son palmarès 2024 des champions africains, une performance remarquable pour une entreprise créée il y a seulement douze ans.
Un ancrage social fort et une diversification stratégique
Au-delà de ses performances techniques et financières, PORTEO BTP se distingue par son engagement sociétal. Avec plus de 5 000 employés directs en 2025 et environ 10 000 emplois indirects générés, l’entreprise joue un rôle majeur dans le développement économique local. Sa politique de formation, comme le programme destiné aux jeunes conducteurs d’engins en Côte d’Ivoire, contribue à la professionnalisation du secteur.
En 2022, le groupe a lancé sa fondation d’entreprise qui pilote notamment des initiatives telles que le développement de cantines scolaires agricoles pour autonomiser des communautés rurales. Sur le plan de la qualité, PORTEO BTP a obtenu une triple certification ISO couvrant la qualité (ISO 9001), la santé-sécurité au travail (ISO 45001) et l’environnement (ISO 14001).
Parallèlement, l’entreprise poursuit une stratégie de diversification sectorielle. Elle s’est lancée dans la promotion immobilière en Côte d’Ivoire via sa filiale Ekacico-CI, et s’est associée en 2023 à un partenaire français pour créer le fonds Dalia Hospitality dédié au développement de projets touristiques. Au Togo, le groupe s’est diversifié dans l’agro-industrie à travers une coentreprise financée par la Banque ouest-africaine de développement.
Des défis à relever dans un marché concurrentiel
Si PORTEO BTP impressionne par son développement, l’entreprise doit néanmoins faire face à plusieurs défis. Sur le marché africain du BTP, la concurrence des grands groupes internationaux (européens, chinois, turcs) reste vive. L’entreprise doit continuer à innover et à optimiser son rapport qualité-prix pour maintenir sa position.
Le cadre réglementaire constitue également un enjeu. Ayant bénéficié de contrats de gré à gré lors de sa montée en puissance, notamment dans le cadre du Programme d’Urgence lancé par l’État ivoirien après la crise post-électorale, PORTEO BTP évolue désormais dans un environnement d’appels d’offres plus compétitifs et transparents.
Les délais de paiement des maîtres d’ouvrage publics et le financement de la croissance représentent d’autres défis importants. Bien que le groupe ait jusqu’ici largement autofinancé ses investissements, son expansion internationale pourrait nécessiter des partenariats financiers supplémentaires, comme en témoignent ses récentes collaborations avec le fonds Al Mada/Attijariwafa Bank et Bpifrance.
L’ambition de devenir un champion panafricain
Pour les prochaines années, PORTEO BTP entend consolider sa position de leader régional et s’imposer comme un acteur panafricain incontournable du BTP. Son ambition est de contribuer activement à combler le déficit d’infrastructures en Afrique de l’Ouest et centrale, tout en défendant un modèle d’entreprise ivoirienne prospère et responsable.
Si son parcours impressionnant se poursuit, PORTEO BTP pourrait devenir un modèle inspirant pour d’autres champions africains en devenir, démontrant que le savoir-faire local peut rivaliser avec les plus grands groupes internationaux sur des projets d’envergure. Une belle illustration de la capacité de l’Afrique à bâtir son avenir avec ses propres ressources et talents.
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