Plastique à usage unique : la Côte d’Ivoire prépare sa révolution industrielle verte

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Avec la finalisation d’un plan national de sortie du plastique à usage unique, la Côte d’Ivoire engage une transformation économique majeure qui redéfinira l’ensemble de sa chaîne de valeur industrielle. L’initiative du CIAPOL, bouclée le 29 août dernier, ouvre une nouvelle ère pour les entreprises locales.

Un tournant stratégique pour l’industrie de l’emballage

L’atelier de trois jours organisé par le Centre Ivoirien Antipollution (CIAPOL) à Abidjan a posé les bases d’une transition écologique ambitieuse. Réunissant experts environnementaux, industriels, organisations de la société civile et bailleurs internationaux, cette concertation a validé une stratégie nationale structurante centrée sur l’élimination progressive des plastiques à usage unique.

Pour les entreprises du secteur de l’emballage plastique, ce virage représente un défi de reconversion sans précédent. Elles devront désormais innover dans les matériaux alternatifs, en développant des solutions à base de papier renforcé, de fibres végétales ou de bioplastiques. Cette mutation technologique implique une refonte complète des chaînes de production pour intégrer des procédés moins polluants.

Le professeur Bernard Ossey Yapo, expert en écotoxicologie et conseiller scientifique auprès du CIAPOL, souligne que “cette stratégie constitue un tournant environnemental structurant qui impose une révision des pratiques industrielles et une accélération vers des modèles économiques plus propres et plus circulaires”.

De nouvelles opportunités de marché émergent

Au-delà des contraintes réglementaires, cette transition ouvre de nouveaux horizons économiques considérables. Les entreprises peuvent désormais se positionner sur des segments en pleine croissance : emballages bio-sourcés, éco-packaging, distribution en vrac et systèmes de consigne.

Le développement d’un écosystème local de recyclage représente également un potentiel économique majeur. De la collecte à la transformation des déchets, en passant par le tri, de nouvelles filières industrielles voient le jour, créant des emplois et générant de la valeur ajoutée sur le territoire.

Cette dynamique facilite également l’accès à des financements verts, en phase avec les priorités environnementales nationales et les engagements internationaux de la Côte d’Ivoire dans le cadre des COP et des Objectifs de développement durable.

Plusieurs entreprises pionnières comme Plastica CI, GreenPack Africa et AgroBag anticipent déjà cette mutation, se positionnant sur le marché naissant des solutions écoresponsables.

Une transformation systémique de la distribution

L’initiative du CIAPOL ne se limite pas aux producteurs d’emballages. Elle interpelle l’ensemble de la chaîne de distribution : grandes surfaces, grossistes, producteurs agroalimentaires, logisticiens et importateurs.

Ces acteurs devront supprimer les sacs plastiques en caisse, remplacer leurs emballages par des alternatives durables et mettre en place des systèmes de consigne ou de reprise. Cette transformation s’accompagne d’un volet pédagogique important : sensibiliser les consommateurs à la réduction des déchets et aux nouveaux modes de consommation.

La stratégie vise une transformation systémique où toute la chaîne de valeur, de la production à la consommation finale, s’aligne sur les objectifs de durabilité environnementale.

Un avantage concurrentiel à l’international

Cette révolution verte s’inscrit dans le cadre plus large du Plan National de Développement Durable et de la stratégie Zéro Déchet Plastique en milieu urbain. Elle positionne la Côte d’Ivoire à l’avant-garde des politiques environnementales africaines.

À terme, cette transition pourrait renforcer significativement la compétitivité des entreprises ivoiriennes sur les marchés régionaux et internationaux. Les critères environnementaux deviennent en effet déterminants dans les décisions d’achat, notamment sur les marchés européens et nord-américains où la demande pour des produits écoresponsables ne cesse de croître.

Les entreprises qui réussiront cette transition disposeront d’un avantage concurrentiel durable, leur permettant d’accéder à de nouveaux marchés et de fidéliser une clientèle de plus en plus sensible aux enjeux environnementaux.

Défis et perspectives d’adaptation

La réussite de cette transformation dépendra largement de la capacité des entreprises à mobiliser les ressources nécessaires pour leur reconversion industrielle. L’innovation en matière de matériaux, le développement de nouveaux procédés de production et la formation des équipes représentent des investissements conséquents.

Le projet sera soumis au Conseil des ministres dans les semaines à venir, permettant de préciser le cadre réglementaire et les échéances de mise en œuvre. Cette clarification réglementaire est cruciale pour permettre aux entreprises de planifier leur transition et d’engager les investissements nécessaires.

Cette révolution industrielle verte constitue un test de résilience et d’adaptabilité pour l’économie ivoirienne, mais aussi une opportunité unique de se positionner comme leader continental de l’économie circulaire.


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