Perspectives économiques : le FMI classe la Côte d’Ivoire parmi les économies africaines à plus forte croissance

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Dans son rapport régional d’octobre 2025, le Fonds Monétaire International salue la performance macroéconomique de la Côte d’Ivoire avec une croissance projetée de 6,4% et une inflation maîtrisée à 1,0%. Mais l’institution avertit : la soutenabilité de cette trajectoire dépendra de la discipline budgétaire, de la mobilisation fiscale et d’une gestion rigoureuse de la dette publique.

Lorsque Abebe Aemro Selassie, directeur du département Afrique du FMI, énumère les économies africaines à la croissance la plus rapide au monde, la Côte d’Ivoire figure en bonne place aux côtés du Bénin, de l’Éthiopie, du Rwanda et de l’Ouganda. Cette reconnaissance intervient dans un contexte international difficile marqué par la diminution des prix des matières premières, la remontée des taux d’intérêt mondiaux et la volatilité des marchés.

Pourtant, malgré cet environnement peu favorable, “la région affiche une grande résilience et les efforts en matière de stabilisation macroéconomique portent leurs fruits”, note le directeur du FMI dans son Regional Economic Outlook for Sub-Saharan Africa publié en octobre 2025. Un satisfecit qui place Abidjan dans le club restreint des “bons élèves” du continent.

Des fondamentaux solides

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Avec une croissance prévue de 6,4% pour 2025, la Côte d’Ivoire se maintient largement au-dessus de la moyenne régionale. Plus remarquable encore, l’inflation demeure contenue à 1,0%, un niveau exceptionnellement bas qui témoigne d’une politique monétaire efficace et d’une relative stabilité des prix, notamment alimentaires.

Cette performance s’appuie sur une série de réformes macroéconomiques et de gestion budgétaire mises en œuvre ces dernières années. Le cadre institutionnel s’est renforcé, la prévisibilité des politiques publiques s’est améliorée, et les mécanismes de résilience face aux chocs externes se sont consolidés.

Pour l’ensemble de l’Afrique subsaharienne, l’inflation médiane a reculé à 4,5% en 2025, mais environ un cinquième des pays de la région affichent encore des taux à deux chiffres. Dans ce contexte, la maîtrise ivoirienne des prix constitue un atout compétitif indéniable pour attirer les investissements et préserver le pouvoir d’achat des ménages.

Les trois piliers de la soutenabilité selon le FMI

Au-delà des félicitations, le Fonds Monétaire International formule des recommandations précises pour ancrer durablement cette performance. Le premier impératif concerne la mobilisation des recettes fiscales. “La mobilisation de recettes intérieures par des réformes de politique fiscale et une administration plus efficiente est une priorité”, martèle le rapport.

Concrètement, cela implique pour la Côte d’Ivoire d’élargir la base d’imposition, de réduire les exemptions fiscales inefficaces, et surtout d’améliorer la collecte et la transparence du système fiscal. Un défi qui nécessitera de bâtir la confiance dans les institutions fiscales en démontrant que l’effort collectif se traduit par une amélioration visible des services publics.

Le deuxième pilier concerne la gestion de la dette publique. Le FMI avertit que “la hausse des coûts de service de la dette vient désormais entamer les dépenses de développement” et insiste sur la nécessité d’une “publication de données exhaustives sur la dette publique et le renforcement de la gouvernance budgétaire”.

Pour Abidjan, cela signifie surveiller étroitement le ratio dette/PIB, privilégier les prêts à taux raisonnables avec des maturités longues, et assurer une gouvernance rigoureuse des emprunts. Dans un contexte de remontée des taux mondiaux et de baisse de l’aide internationale, cette vigilance devient d’autant plus stratégique.

Enfin, le troisième axe porte sur le maintien de la discipline monétaire et le renforcement des réserves extérieures. Malgré sa performance actuelle en matière d’inflation, la Côte d’Ivoire devra continuer à se prémunir contre les chocs potentiels – fluctuations des prix internationaux, volatilité du taux de change, tensions sur les produits alimentaires.

Le défi de la croissance inclusive

Le véritable enjeu pour les autorités ivoiriennes sera de traduire cette performance macroéconomique en bénéfices tangibles pour les populations. Le risque souligné par plusieurs observateurs est celui d’une croissance qui ne profiterait qu’à une frange limitée de la population, alimentant ainsi les frustrations sociales.

La discipline budgétaire ne doit pas se faire au détriment des investissements dans le capital humain et les infrastructures sociales. L’élaboration du budget 2026 devra ainsi trouver un équilibre délicat : accroître les recettes fiscales sans étouffer l’activité privée, prioriser les dépenses d’investissement tout en maîtrisant les coûts de fonctionnement, et préserver les budgets sociaux en améliorant leur efficience.

Par ailleurs, la diversification économique demeure une priorité absolue. Au-delà de l’agriculture et des matières premières, le développement de l’agro-industrie, des services à forte valeur ajoutée et du secteur manufacturier conditionnera la capacité du pays à créer des emplois durables et à réduire sa vulnérabilité aux chocs externes.

Un statut à consolider

La reconnaissance du FMI offre à la Côte d’Ivoire une fenêtre d’opportunité pour attirer des investissements et renforcer sa crédibilité sur les marchés internationaux. Mais cette position favorable ne garantit rien : elle doit être consolidée par des politiques publiques cohérentes, transparentes et orientées vers l’impact.

Le véritable succès ne se mesurera pas seulement aux taux de croissance, mais à la capacité du pays à transformer cette dynamique en amélioration concrète du bien-être des populations, en création d’emplois de qualité et en services publics performants. Un défi que les “bons élèves” africains doivent désormais relever pour prouver que croissance rime avec développement durable et inclusif.


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