Sur les permis d’exploration de Rubino et Agboville, la société australienne Atlantic Lithium Ltd vient de révéler des “anomalies impressionnantes de lithium dans le sol”, plaçant la Côte d’Ivoire sur la carte des acteurs potentiels de ce métal stratégique pour les batteries électriques. Une découverte qui intervient au moment où la transition énergétique mondiale crée une demande insatiable pour ce minerai.
La course mondiale au lithium – métal essentiel pour les batteries de véhicules électriques et le stockage d’énergie – pourrait avoir un nouveau terrain de jeu en Afrique de l’Ouest. Atlantic Lithium Ltd, qui détient deux permis d’exploration contigus en Côte d’Ivoire couvrant plus de 770 km², vient de dévoiler des résultats d’échantillonnage particulièrement encourageants.
Des anomalies sur plus de 6 kilomètres
Sur le permis de Rubino (374,18 km²), les géologues ont confirmé la présence d’un gisement de roche-mère contenant du spodumène – un pegmatite à lithium – avec des résultats de prélèvements atteignant 1,25% de Li₂O. Plus significatif encore, l’anomalie lithium détectée dans le sol s’étend sur environ 6,0 km × 2,5 km, constituant une zone d’intérêt majeure pour des forages futurs.
Sur le permis adjacent d’Agboville (396,89 km²), une anomalie linéaire de plus de 5 km de long a été identifiée, avec des fragments visibles de spodumène en surface. Ces découvertes positionnent la Côte d’Ivoire dans une région géologique favorable – le terrain birimien – jusqu’ici sous-exploré pour ce type de minerai.
Atlantic Lithium, qui développe déjà le projet Ewoyaa Lithium au Ghana voisin, affiche clairement son ambition : “servir le marché mondial des véhicules électriques via la production de lithium en Afrique de l’Ouest”.
Un parcours semé de défis financiers et techniques
Les prochaines étapes sont clairement tracées mais capitalistiques. Après cette phase d’échantillonnage, la société prévoit des forages “reverse circulation et diamants” pour définir précisément les ressources exploitables conformes aux normes JORC (Joint Ore Reserves Committee). Le passage à une étude de faisabilité puis à la mise en exploitation nécessitera des montants significatifs.
Consciente de ces besoins, Atlantic Lithium recherche désormais des partenaires “non dilutifs” – autrement dit des co-investissements projets qui ne dilueront pas ses actionnaires – pour accélérer l’exploration en Côte d’Ivoire. Une stratégie qui témoigne des contraintes de financement inhérentes aux projets miniers à haut risque.
Un potentiel de diversification économique
Pour la Côte d’Ivoire, traditionnellement ancrée dans l’agro-alimentaire et les hydrocarbures, le lithium représente une porte d’entrée vers les “minerais de la transition énergétique”. Les retombées potentielles sont multiples : services d’exploration, transport, maintenance, et surtout la possibilité de développer une transformation locale du minerai si la politique industrielle le permet.
La localisation stratégique des permis – à proximité d’Abidjan, du port et des infrastructures routières – constitue un atout logistique non négligeable par rapport à d’autres sites isolés du continent.
Toutefois, des zones d’ombre subsistent. La volatilité des prix du lithium, actuellement en baisse après le boom de 2021-2022, inquiète même le Ghana voisin où certains projets pourraient être remis en cause. Par ailleurs, les enjeux environnementaux et sociaux – usage de l’eau, gestion des résidus, acceptabilité des communautés locales – exigeront une gouvernance rigoureuse.
La Côte d’Ivoire dispose d’une fenêtre d’opportunité pour rejoindre le club restreint des producteurs de lithium africains. Reste à franchir les étapes techniques et à construire un cadre favorable qui transforme le potentiel géologique en réalité industrielle.
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