Le Mauritanien Sidi Ould Tah a officiellement pris ses fonctions de neuvième président de la Banque africaine de développement ce dimanche 1er septembre à Abidjan, dans un contexte financier tendu pour l’institution panafricaine.
Une investiture solennelle au cœur d’Abidjan
La cérémonie d’investiture s’est déroulée au Sofitel Hôtel Ivoire en présence du président ivoirien Alassane Ouattara et de son homologue mauritanien Mohamed Ould Ghazouani. L’événement a rassemblé des représentants de haut niveau des gouvernements africains, des institutions internationales, de la société civile et du secteur privé, témoignant de l’importance stratégique de cette transition.
Élu le 29 mai dernier lors des réunions annuelles de la BAD avec 76,18% des voix du Conseil des Gouverneurs, Sidi Ould Tah succède au Nigérian Akinwumi Adesina après dix années de leadership marquées par l’innovation et les réformes structurelles.
Un profil d’expérience face aux défis
Âgé de 60 ans, le nouvel homme fort de la BAD apporte une solide expertise économique et financière. Ancien ministre des Affaires économiques et des Finances en Mauritanie, il dirigeait depuis 2015 la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), qu’il a quittée en avril dernier.
Sous sa direction, la BADEA a connu une transformation spectaculaire : multiplication du bilan, amélioration de la notation de crédit et augmentation remarquable des engagements, les approbations ayant été multipliées par douze. Ces performances témoignent de sa capacité à redynamiser les institutions financières de développement.
Des défis financiers immédiats
La prise de fonction de Sidi Ould Tah intervient à un moment critique pour la BAD. L’institution doit composer avec le retrait annoncé de 555 millions de dollars de financement américain du Fonds africain de développement (ADF), contraignant la banque à diversifier urgemment ses sources de financement.
Cette réduction budgétaire survient alors que le continent africain traverse une période d’instabilité économique marquée par une dette croissante, des chocs climatiques répétés, une inflation persistante et des risques géopolitiques accrus. Pour répondre à ces vulnérabilités, la BAD a récemment mis en place un Mécanisme africain de stabilité financière (AFSM) visant à réduire les risques souverains des pays membres.
Vision d’intégration financière continentale
Le nouveau président affiche une ambition claire : faire de la BAD un pilier de l’intégration financière africaine. Sa stratégie repose sur la mobilisation des capitaux privés, la valorisation des ressources naturelles et l’exploitation du potentiel démographique pour industrialiser le continent.
Cette approche implique une refonte de l’architecture financière régionale et un renforcement de la coopération intra-africaine. Sidi Ould Tah mise sur une transformation structurelle qui permettrait au continent de réduire sa dépendance aux financements extérieurs tout en stimulant la croissance endogène.
Le défi sera de concrétiser cette vision ambitieuse dans un environnement économique mondial incertain et avec des ressources contraintes. Les premiers mois de son mandat s’annoncent déterminants pour établir sa feuille de route et rassurer les partenaires financiers de la BAD.
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