La révolution du Mobile Money en 2024 : 2 milliards d’utilisateurs et 1 680 milliards $ de transactions bouleversent l’économie africaine

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L’année 2024 s’inscrit comme un jalon majeur pour l’industrie du mobile money, devenue en moins de deux décennies une infrastructure financière massive qui révolutionne l’accès aux services financiers à travers le monde, particulièrement dans les économies émergentes.

Une croissance spectaculaire qui redéfinit les services financiers mondiaux

Le dernier rapport de la GSMA, organisme mondial de référence dans l’écosystème mobile, révèle des chiffres qui témoignent d’une transformation radicale du paysage financier mondial. En 2024, le mobile money a franchi le cap historique des deux milliards de comptes enregistrés, dont plus de 500 millions d’utilisateurs actifs mensuels. Cette progression fulgurante s’accompagne d’une hausse de 16% de la valeur des transactions, atteignant le montant colossal de 1,68 trillion de dollars.

Cette évolution, marquée par un doublement des utilisateurs actifs et des comptes enregistrés sur les cinq dernières années, illustre l’ampleur d’une révolution silencieuse qui touche désormais près d’un quart de la population mondiale. Ce qui avait débuté comme un simple service de transfert d’argent au début des années 2000 s’est métamorphosé en un écosystème financier complet, capable de s’adapter aux besoins spécifiques des populations longtemps exclues du système bancaire traditionnel.

L’Afrique, épicentre d’une révolution financière

L’Afrique subsaharienne continue de dominer le paysage mondial du mobile money, avec une contribution au PIB régional estimée à 190 milliards de dollars en 2023. L’Afrique de l’Est reste le principal moteur de cette croissance, suivie de près par l’Afrique de l’Ouest, deux régions où ces services ont profondément modifié les habitudes financières quotidiennes.

Le succès africain s’explique par une combinaison de facteurs : une pénétration bancaire traditionnellement faible, une forte adoption de la téléphonie mobile et des cadres réglementaires souvent plus souples qu’ailleurs. Cette dynamique a permis aux opérateurs de développer des services adaptés aux besoins locaux, de la micro-épargne au crédit digital, en passant par les paiements marchands.

Vivek Badrinath, Directeur Général de la GSMA, souligne cette réussite : “Le mobile money est aujourd’hui un puissant moteur d’inclusion financière et de croissance économique.” Il insiste cependant sur un point crucial : “Un environnement réglementaire favorable à l’innovation et à l’accessibilité est essentiel” pour que cette trajectoire se poursuive.

L’Asie en forte progression, portée par des politiques proactives

Si l’Afrique reste le continent phare, l’Asie de l’Est-Pacifique connaît une accélération remarquable, portée par des marchés comme les Philippines, le Vietnam et le Cambodge. Ce développement est largement facilité par des approches réglementaires favorables, qui ont permis aux fournisseurs de services d’adapter leurs offres aux contextes locaux.

Dans ces économies en forte croissance, le mobile money joue un rôle clé dans la formalisation de secteurs économiques traditionnellement dominés par le cash. Les commerçants, agriculteurs et petits entrepreneurs y trouvent non seulement un moyen de sécuriser leurs transactions, mais également d’accéder à des services financiers plus sophistiqués.

Une diversification des services qui répond aux besoins des populations vulnérables

L’évolution la plus significative de ces dernières années réside dans la diversification des services proposés. Le rapport indique que près de la moitié des fournisseurs offrent désormais des solutions de crédit, un tiers proposent des produits d’épargne, et environ 30% se lancent dans l’assurance. Cette transformation positionne le mobile money comme une véritable plateforme financière intégrée.

Ces nouveaux services répondent à des besoins fondamentaux des populations vulnérables : se protéger contre les aléas, investir dans leur activité économique, ou encore financer des dépenses importantes comme l’éducation ou la santé. Pour beaucoup, ces offres représentent le premier accès à des services financiers formels, sans les contraintes traditionnelles imposées par les banques.

Le défi persistant de l’équité entre les genres

Malgré ces avancées impressionnantes, le rapport de la GSMA met en lumière des disparités persistantes dans l’accès aux services de mobile money. Dans huit des douze pays étudiés, un écart significatif de genre subsiste, les femmes ayant moins accès à ces services que les hommes.

Paradoxalement, les données montrent que lorsque les femmes disposent d’un compte, elles sont presque aussi actives que les hommes, confirmant l’utilité et la pertinence de ces services pour elles. Face à ce constat, environ 60% des fournisseurs ont lancé des initiatives d’éducation financière numérique, visant à réduire ces inégalités d’accès.

L’impact économique global : bien plus qu’un service financier

À l’échelle mondiale, l’apport du mobile money au PIB est estimé à 720 milliards de dollars, soit une hausse de 1,7% dans les pays où ces services sont actifs. Ce chiffre, bien qu’impressionnant, ne reflète qu’une partie des bénéfices économiques : les effets indirects sur la productivité, la résilience des ménages ou encore la formalisation des économies sont plus difficiles à quantifier, mais tout aussi significatifs.

Le mobile money a également démontré sa capacité à servir de filet de sécurité lors de crises. Pendant la pandémie de COVID-19, de nombreux gouvernements ont utilisé ces plateformes pour distribuer des aides d’urgence, atteignant rapidement des populations vulnérables, y compris dans des zones reculées.

Les conditions d’un succès durable

La pérennité de cette révolution financière repose sur plusieurs piliers indissociables : l’innovation technologique, qui doit continuer à rendre les services plus accessibles et moins coûteux ; une régulation intelligente, qui protège les consommateurs sans étouffer l’innovation ; l’éducation financière, essentielle pour des populations souvent peu familières avec les concepts financiers ; et une volonté politique forte de soutenir l’inclusion financière comme vecteur de développement.

Si ces conditions sont réunies, le mobile money pourrait bien représenter, pour les économies émergentes, ce que la révolution bancaire a été pour les économies développées au XXe siècle : un formidable levier de croissance et d’autonomisation économique.

Chiffres clés du mobile money en 2024 :

  • Plus de 2 milliards de comptes enregistrés
  • Plus de 500 millions d’utilisateurs actifs mensuels
  • 1,68 trillion de dollars en valeur de transactions
  • 20% de croissance du volume de transactions
  • 44% des fournisseurs proposent des services de crédit
  • 60% des fournisseurs ont lancé des initiatives d’éducation financière

Le mobile money, né d’une innovation simple, est devenu en deux décennies une infrastructure essentielle pour des centaines de millions de personnes. Son évolution future dira s’il peut tenir sa promesse ultime : transformer durablement les économies émergentes et renforcer la résilience financière des plus vulnérables.


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