Le pays devient le premier État d’Afrique subsaharienne à lever des fonds sur le marché obligataire japonais, mobilisant 336 millions de dollars avec un label ESG.
La Côte d’Ivoire vient d’écrire une nouvelle page de l’histoire financière africaine. Le 17 juillet dernier, le pays a réussi l’émission de son tout premier Samurai Bond, devenant ainsi le premier État d’Afrique subsaharienne à se financer directement sur le marché obligataire japonais. Cette opération de 50 milliards de yens, soit environ 336 millions de dollars, marque un tournant dans la stratégie de diversification financière du pays.
Une émission aux caractéristiques attractives
L’obligation émise présente des conditions particulièrement favorables pour un émetteur africain. Avec une maturité de 10 ans et un coupon fixe de 2,3%, elle a bénéficié d’une forte demande de la part des investisseurs institutionnels japonais. Cette attractivité s’explique notamment par le soutien partiel de la Japan Bank for International Cooperation (JBIC), notée A+, qui apporte une garantie renforçant significativement la crédibilité de l’opération.
L’émission se distingue également par son label ESG, faisant de la Côte d’Ivoire le premier pays africain à obtenir cette certification pour un Samurai Bond. Cette labellisation garantit que les fonds levés seront exclusivement destinés au financement de projets durables, conformément au cadre établi dans la Sustainable Bond Framework révisée du pays en 2023.
Une stratégie de diversification cohérente
Cette incursion sur le marché japonais s’inscrit dans une démarche plus large de diversification des sources de financement. En effet, la Côte d’Ivoire avait déjà levé 1,75 milliard de dollars via un Eurobond en mars 2025, ainsi que 220 milliards de francs CFA sur le marché régional plus tôt dans l’année.
Cette approche multi-devises répond à un objectif stratégique clair : réduire la dépendance excessive aux financements en dollars américains et profiter de conditions plus stables offertes par d’autres devises. Le yen japonais, considéré comme une monnaie refuge, offre des coûts d’emprunt particulièrement attractifs en période de volatilité des changes internationaux.
Un contexte macroéconomique favorable
Cette réussite s’appuie sur des fondamentaux économiques solides. Avec une croissance estimée à 6,3% en 2024 et une dette publique représentant 58,1% du PIB en légère baisse, la Côte d’Ivoire présente un profil rassurant pour les investisseurs internationaux. Ces indicateurs témoignent d’une gestion macroéconomique prudente qui facilite l’accès aux marchés financiers internationaux.
L’attrait pour les critères ESG constitue un autre facteur clé du succès de l’opération. Les investisseurs asiatiques, particulièrement sensibles aux enjeux de développement durable, trouvent dans cette émission une opportunité d’investissement alignée avec leurs préoccupations environnementales et sociales.
Des retombées économiques concrètes
Les fonds mobilisés seront affectés au financement d’infrastructures publiques prioritaires : routes, ponts, établissements de santé et d’éducation. Ces investissements s’inscrivent dans la stratégie nationale de développement et devraient contribuer à soutenir la dynamique de croissance du pays.
Au-delà de l’impact direct, cette opération renforce le partenariat stratégique entre la Côte d’Ivoire et le Japon. La JBIC, déjà active dans le financement de projets verts sur le continent, confirme son engagement à travers des accords signés en 2022, 2024 et 2025.
Un modèle pour l’Afrique
Le succès de cette émission pourrait faire école en Afrique subsaharienne. Des pays comme le Ghana, le Sénégal ou le Nigeria observent avec attention cette expérience qui prouve qu’il est possible de répondre aux exigences des marchés internationaux en matière de transparence, de standards ESG et de notation.
Cette réussite démontre également l’importance de la coordination entre politiques publiques, standards financiers internationaux et appuis multilatéraux pour accéder aux capitaux mondiaux dans de bonnes conditions.
Si la stabilité macroéconomique se confirme, la Côte d’Ivoire pourrait envisager de nouveaux retours sur le marché japonais, voire explorer d’autres devises comme le yuan chinois ou le franc suisse. Cette diversification croissante des sources de financement constitue un atout majeur pour réduire les risques liés aux fluctuations monétaires et aux conditions de marché.
Avec ce premier Samurai Bond ESG, la Côte d’Ivoire se positionne comme un émetteur souverain crédible et innovant sur la scène financière internationale, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles opportunités pour le financement du développement africain.
En savoir plus sur businessechos.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.