Le fondateur de Cofina a bâti en une décennie un empire panafricain de la mésofinance présent dans huit pays, servant plus de 260 000 clients et injectant 445 milliards FCFA dans les économies locales pour combler le “chaînon manquant” entre microfinance et banques traditionnelles.
À 52 ans, Jean-Luc Konan incarne parfaitement la nouvelle génération d’entrepreneurs africains qui transforment le continent par l’innovation financière. Né le 31 mars 1973 en Côte d’Ivoire dans une famille de cadres – son père Jonas Kouassi Konan est ingénieur agronome et sa mère Mariam Dicoh Konan femme d’affaires – il a su transformer une vision audacieuse en réalité économique tangible.
Un parcours d’excellence internationale
La trajectoire de Jean-Luc Konan débute par une solide formation française. Diplômé d’un DESS Banque-Finances à l’Université Paris V et d’un mastère en ingénierie financière à l’École Supérieure de Commerce de Toulouse, il entame sa carrière en 1996 comme auditeur chez Arthur Andersen avant de bifurquer vers la banque d’investissement.
Les années 2000 marquent sa montée en expertise au sein de grandes institutions internationales. Après un passage chez Citibank en Afrique du Sud, il rejoint Barclays Bank en 2004, pilotant pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale le département des “Extended Coverage Countries” couvrant 17 pays. Il enchaîne ensuite chez Ecobank comme directeur de projets, coordonnant les activités de banque d’investissement en Afrique centrale.
Ces expériences variées lui permettent d’acquérir une compréhension fine des marchés africains et de leurs spécificités. En 2009, le géant nigérian United Bank for Africa (UBA) le recrute pour accompagner son expansion régionale. Sa performance à la tête des filiales UBA au Gabon puis au Sénégal est remarquable : UBA Gabon devient rentable en six mois, tandis qu’UBA Sénégal passe de la 19e à la 8e place des banques sénégalaises en deux ans.
Cette réussite lui vaut d’être élu Banquier de l’année au Sénégal par The Banker en 2012, puis par Global Finance en 2013. Ces distinctions consacrent une expertise reconnue, mais nourrissent aussi une conviction profonde : le système bancaire classique ne répond pas suffisamment aux besoins des PME africaines.
L’aventure Cofina : combler le “missing middle”
En 2013, fort de plus de 15 ans d’expérience, Jean-Luc Konan franchit le pas entrepreneurial. Convaincu qu’il faut “repenser le secteur financier pour accompagner efficacement les entreprises exclues des circuits traditionnels”, il quitte le confort de son poste de banquier pour fonder la Compagnie Financière Africaine (Cofina).
L’idée est audacieuse : créer la première institution panafricaine dédiée à la mésofinance, ce “chaînon manquant” entre la microfinance et les banques commerciales. Cofina voit le jour en Côte d’Ivoire en 2013 et démarre ses opérations en 2014, avec pour mission de rétablir la confiance entre banquiers et entrepreneurs.
Le modèle innove par sa proximité et son offre sur mesure. Cofina propose des services de crédit, d’épargne et de transfert de fonds pensés pour les PME et entrepreneurs individuels, souvent jugés trop risqués par les banques classiques. Le succès est immédiat : portée par une équipe resserrée de collaborateurs expérimentés, la jeune institution connaît une croissance fulgurante.
Une expansion continentale remarquable
En moins de cinq ans, Cofina s’implante dans plusieurs pays d’Afrique francophone : Sénégal, Guinée, Gabon, Congo-Brazzaville, Mali, Burkina Faso, Togo, en plus de la Côte d’Ivoire. Fin 2019, le groupe affiche déjà 155 milliards FCFA d’actifs et opère dans neuf pays avec plus de 226 000 clients financés.
Cette expansion s’accompagne d’innovations constantes. Cofina lance des solutions digitales comme Cofina Mobile et Cofina Online pour faciliter les transactions sans agence physique. En 2020, Jean-Luc Konan crée Inclusive Bank à Abidjan pour élargir encore l’accès aux services financiers. Le groupe développe également Cash Point Services pour offrir des transferts de fonds adaptés aux populations sous-bancarisées.
Un impact social quantifiable
Les chiffres témoignent de l’impact concret de cette révolution financière. Entre 2014 et 2019, Cofina a financé plus de 70 000 projets entrepreneuriaux, injectant 445 milliards FCFA dans les économies locales. Plus révélateur encore : 60% de ces financements ont bénéficié à des clients qui obtenaient un prêt formel pour la première fois.
Cette approche répond à un enjeu critique : moins de 7% des PME africaines ont accès au financement bancaire, et le déficit de crédit aux entreprises est estimé à 140 milliards de dollars sur le continent. En 2017, Konan renforce cette dimension sociale en créant Fin’Elle, une filiale dédiée au financement des femmes entrepreneures.
Une méthode révolutionnaire
La “méthode Konan” repose sur la proximité et l’innovation. Les analystes de Cofina s’attachent à comprendre l’activité et la capacité de remboursement de chaque client, plutôt que de se fier uniquement aux bilans financiers souvent incomplets des petites structures.
“Il faut distinguer un entrepreneur d’un aventurier”, explique Jean-Luc Konan : le premier connaît son métier et gère déjà des charges, le second n’a qu’une idée vague et présente un risque accru. Cofina finance des besoins jusqu’à 300 millions FCFA sur quatre ans maximum, au-delà desquels les banques partenaires prennent le relais.
Reconnaissance et influence grandissante
Le succès de Cofina propulse Jean-Luc Konan sur le devant de la scène économique africaine. En 2018, il cofonde l’association CAPDEV pour promouvoir la mésofinance auprès des décideurs continentaux. En 2019, il remporte le prix de “Meilleur CEO de l’année” à l’Africa Investments Forum & Awards de Paris.
En 2022, l’entrée au capital du fonds britannique Development Partners International (DPI) avec un investissement de 40 milliards FCFA valide le potentiel du modèle. Cette opération s’ajoute aux participations antérieures de Mediterrania Capital, la Caisse des Dépôts de Côte d’Ivoire et des assureurs régionaux comme NSIA et Sunu.
En 2023, Jean-Luc Konan élargit son empreinte entrepreneuriale en menant un consortium qui reprend la concession Caterpillar dans 11 pays d’Afrique de l’Ouest, une diversification stratégique où son expertise financière facilite l’accès au crédit-équipement des PME du BTP et des mines.
Vision d’avenir
Présent aujourd’hui dans huit pays avec plus de 1 400 collaborateurs et près de 260 000 clients servis depuis 2014, Jean-Luc Konan voit plus grand. Sa conviction demeure inébranlable : le dynamisme de l’économie africaine repose en grande partie sur son tissu d’entreprises informelles et de PME dotées d’une “résilience inscrite dans leur ADN”.
Pour lui, cette résilience doit être accompagnée par un écosystème financier plus inclusif. Son ambition déclarée reste de “redonner confiance entre banquiers et entrepreneurs” africains, transformant le financement de goulot d’étranglement en catalyseur du développement.
À 52 ans, Jean-Luc Konan incarne parfaitement cette nouvelle génération d’entrepreneurs africains qui réconcilie performance économique et impact social. En démontrant qu’une institution financière panafricaine peut prospérer en misant sur l’inclusion, il trace une voie inspirante pour l’avenir de la finance africaine.
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