Investissements étrangers : la Côte d’Ivoire en tête du classement africain

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Avec 3,822 milliards de dollars d’investissements directs étrangers enregistrés en 2024, la Côte d’Ivoire devance désormais le Nigeria et l’Afrique du Sud. Alors que Norfund, la BAD et la BID multiplient leurs engagements dans le pays, la question se pose : comment transformer cet engouement en avantage durable ?

Une performance qui devance les géants régionaux

En 2024, la Côte d’Ivoire a enregistré environ 3,822 milliards de dollars d’IDE entrants, soit près de 2 293 milliards de FCFA, dépassant ainsi des économies régionales majeures comme le Nigeria ou l’Afrique du Sud. Cette performance s’inscrit dans un contexte continental favorable, les flux d’IDE en Afrique ayant atteint un niveau historique autour de 94 milliards de dollars selon la CNUCED.

Les statistiques de la Banque mondiale confirment cette dynamique : le ratio des IDE nets au PIB pour la Côte d’Ivoire affiche une tendance haussière, bien que volatile. Cette attractivité repose sur plusieurs facteurs différenciants.

Des atouts structurels solides

La croissance économique robuste du pays, avec des projections de 6,5% pour la période 2024-2026, constitue un premier atout majeur. L’environnement macroéconomique reste relativement stable, avec une inflation modérée soutenue par une politique monétaire prudente.

Les efforts de réforme structurelle portent également leurs fruits. Le renforcement du climat des affaires et l’investissement public massif dans les infrastructures – routes, ports, réseau électrique – renforcent la confiance des investisseurs internationaux.

La position géographique stratégique dans l’espace ouest-africain, combinée à des liens de transport régionaux forts et un rôle nodal dans les échanges de la CEDEAO, complètent ce tableau favorable.

Des secteurs porteurs clairement identifiés

L’agro-industrie et les filières agricoles à valeur ajoutée demeurent des terrains naturels pour l’investissement. La transformation locale du cacao, de la noix de cajou, de l’huile de palme et le développement de l’aviculture attirent les capitaux étrangers désireux de capter la valeur ajoutée locale.

Le secteur énergétique connaît un regain d’intérêt spectaculaire. Les États-Unis ont récemment annoncé des intentions d’investissements de 5,1 milliards de dollars dans l’énergie, notamment pour la construction d’une seconde raffinerie et des partenariats dans l’exploration. Les infrastructures renouvelables – solaire, hydraulique, stockage – font également l’objet d’un intérêt accru.

Le numérique, la fintech et les technologies d’inclusion représentent un troisième relais de croissance prometteur. La transformation digitale, les services financiers numériques, l’e-commerce et l’agritech pourraient faire de la Côte d’Ivoire un hub technologique pour la région francophone.

La logistique régionale bénéficie du statut portuaire d’Abidjan et San Pedro. Le pays peut capitaliser sur le transit, les zones économiques spéciales et les plateformes de distribution pour l’ensemble de la CEDEAO.

Des défis persistants à surmonter

Malgré ces performances, des faiblesses structurelles freinent la concrétisation des projets. Les lenteurs administratives, la bureaucratie, la corruption rampante et la rigidité judiciaire demeurent des obstacles récurrents signalés par les investisseurs.

La sécurité juridique, notamment en matière de propriété foncière et de droits contractuels, nécessite un renforcement substantiel. La qualité de la gouvernance et la stabilité politique restent des enjeux cruciaux, particulièrement à six mois de l’élection présidentielle où certaines analyses soulignent une vulnérabilité face aux tensions électorales.

Le développement des compétences locales constitue un autre défi majeur. Les investisseurs recherchent des environnements où ils peuvent trouver ou former une main-d’œuvre qualifiée. Les mécanismes de partenariats public-privé pour la formation professionnelle doivent être renforcés.

Face à la concurrence régionale

Comparée au Ghana, réputé pour son attractivité dans les secteurs minier et pétrolier, ou au Sénégal avec ses zones économiques spéciales et sa stabilité politique, la Côte d’Ivoire dispose d’avantages en volume de marché, en localisation et en infrastructures. L’enjeu est de dépasser ces concurrents en qualité de service, prévisibilité et intégration régionale.

Le regain d’intérêt des bailleurs internationaux ne doit pas être considéré comme un bonus passager, mais comme une fenêtre d’opportunité stratégique. Pour en tirer profit, des réformes structurelles profondes s’imposent : amélioration radicale du climat des affaires, garantie d’une justice transparente et rapide, lutte contre la corruption, et mise en place de guichets uniques pour les investisseurs étrangers.


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