Avec l’inauguration du centre de ST Digital à Grand-Bassam le 2 octobre 2025 et le partenariat INP-HB/Stellenium signé le 10 octobre, la Côte d’Ivoire multiplie les initiatives pour se positionner comme hub régional de l’hébergement de données. Une dynamique portée par l’impératif de souveraineté numérique et les besoins croissants des entreprises locales.
En l’espace d’une semaine, deux annonces majeures ont marqué le secteur de l’infrastructure numérique ivoirienne. Le groupe ST Digital a inauguré un centre de données de type Tier III dans la zone technologique VITIB à Grand-Bassam. Avec 4 000 m² de surface, 160 racks, plus de 6 000 serveurs physiques et 50 000 machines virtuelles, cette infrastructure se positionne comme l’une des plus importantes d’Afrique de l’Ouest.
Quelques jours plus tard, l’Institut National Polytechnique Félix Houphouët-Boigny (INP-HB) et Stellenium Corporation signaient un mémorandum d’entente pour développer des centres de données adaptés aux besoins locaux et construire une infrastructure de “cloud souverain” destinée aux start-ups, entreprises et services publics ivoiriens.
La souveraineté numérique comme moteur
Ces projets s’inscrivent dans une stratégie explicite de souveraineté numérique. L’objectif est double : permettre aux entreprises, administrations et start-ups d’héberger leurs données localement, tout en réduisant la dépendance aux grandes plateformes étrangères et en préservant le contrôle sur les flux de données sensibles.
Pour les PME ivoiriennes et ouest-africaines, disposer d’un centre de données local signifie un accès à des services cloud à moindre latence, potentiellement à meilleur coût, et une réduction des risques liés à l’hébergement de données sensibles à l’étranger. Cette proximité peut stimuler l’écosystème numérique national et favoriser l’émergence de services fintech, e-commerce ou SaaS made in Côte d’Ivoire.
Un marché sous-équipé en pleine expansion
L’Afrique de l’Ouest reste largement sous-équipée en capacité de data centres par rapport à ses besoins. Une étude récente indique que la région – Côte d’Ivoire, Ghana, Nigeria, Sénégal – compte environ 30 installations commerciales Tier III, totalisant près de 30 MW de charge critique. Le Nigeria domine ce marché, tandis que le Ghana dispose de 7 centres et le Sénégal de 5.
La Côte d’Ivoire, à travers ces récents projets, vise à combler son retard et à devenir un hub ouest-africain de l’infrastructure numérique. L’originalité de l’approche ivoirienne réside dans l’engagement académique-privé porté par le partenariat INP-HB/Stellenium, qui combine construction d’infrastructures, formation de compétences et développement de l’écosystème.
Des défis techniques et réglementaires
Malgré ces avancées, plusieurs obstacles demeurent. Les centres de données sont extrêmement gourmands en énergie et nécessitent des systèmes de refroidissement performants. Dans des zones où l’électricité peut être instable, ce facteur représente un risque opérationnel majeur.
Par ailleurs, la localisation des données impose une gouvernance stricte, des normes de sécurité robustes et un cadre légal solide – autant d’éléments encore en construction dans de nombreux pays de la région. La compétition internationale s’intensifie également, avec les hyperscalers mondiaux comme AWS, Microsoft Azure et Google Cloud qui lorgnent de plus en plus sur le marché africain.
Le pari de la Côte d’Ivoire sera de jouer sur la proximité locale et la souveraineté, tout en respectant des standards internationaux de performance et de fiabilité. Une équation complexe mais nécessaire pour transformer ces infrastructures en véritables leviers de compétitivité économique.
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