La découverte d’un gisement aurifère de plus de 100 tonnes dans le nord-est du pays ouvre de nouvelles perspectives économiques majeures. Avec un investissement de 530 millions de dollars et plus de 3 000 emplois directs à la clé, ce projet pourrait transformer la région de Bounkani d’ici 2028.
La Côte d’Ivoire vient de franchir un cap décisif dans sa stratégie de diversification économique. La société australienne Resolute Mining a confirmé fin juin la découverte d’un gisement aurifère “de classe mondiale” à Doropo, près de la frontière burkinabè. Cette annonce marque un tournant pour un pays historiquement dépendant de ses filières agricoles traditionnelles.
Un potentiel exceptionnel
Les premières estimations révèlent un gisement contenant plus de 100 tonnes d’or, avec une production annuelle attendue de 167 000 onces sur dix ans, soit plus de 5 tonnes par an. L’étude de faisabilité réalisée en 2024 établit un coût de production compétitif de 1 047 dollars par once, positionnant ce projet parmi les plus attractifs du continent.
La construction de la mine, prévue entre 2026 et 2028, nécessitera un investissement total d’environ 530 millions de dollars. Cette enveloppe s’accompagnera d’un budget additionnel de 204 millions de dollars destiné à l’exploration nationale, témoignant de l’ambition du pays de développer son potentiel minier.
Des retombées économiques considérables
L’impact macroéconomique s’annonce significatif pour la Côte d’Ivoire. Le projet devrait générer plus de 3 000 emplois directs, sans compter les emplois indirects dans les secteurs des services, de la logistique et des infrastructures. Pour l’État ivoirien, les recettes fiscales de la première phase sont estimées à 300 milliards de francs CFA, représentant une manne financière substantielle.
Ces perspectives arrivent à point nommé pour la région de Bounkani, l’une des plus défavorisées du pays où 71% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Le développement de cette activité industrielle pourrait transformer le paysage économique local et réduire les inégalités territoriales.
Une transition délicate à orchestrer
Le défi majeur réside dans la transition entre l’orpaillage informel, largement pratiqué dans la région, et l’exploitation industrielle. Des milliers de familles tirent actuellement leurs revenus de l’extraction artisanale, et leur intégration dans le nouveau modèle économique constitue un enjeu social crucial.
La formalisation de l’orpaillage traditionnel devra s’inscrire dans la stratégie nationale de rationalisation du secteur, permettant aux artisans locaux de bénéficier du développement industriel plutôt que d’en être exclus.
Des défis structurels à relever
La réussite du projet dépendra largement de l’accompagnement infrastructurel. La modernisation des routes, écoles et hôpitaux doit suivre le rythme de l’exploitation minière pour maximiser les retombées locales. Cette approche globale conditionne l’acceptabilité sociale du projet et sa durabilité à long terme.
Sur le plan environnemental, l’industrialisation contrôlée pourrait paradoxalement améliorer la situation. La région connaît actuellement un recours massif à des pratiques d’extraction nocives utilisant mercure et cyanure. Une exploitation réglementée et moderne pourrait limiter ces pratiques dangereuses.
Vers une nouvelle locomotive économique
Cette découverte s’inscrit dans une dynamique plus large de développement minier en Côte d’Ivoire. D’autres projets significatifs, comme celui de Koné avec ses 155 tonnes d’or estimées, confirment le potentiel aurifère du pays. Cette montée en puissance pourrait repositionner la Côte d’Ivoire parmi les leaders miniers d’Afrique de l’Ouest, aux côtés du Ghana et du Burkina Faso.
L’enjeu stratégique dépasse la simple extraction aurifère. Il s’agit de construire une économie minière inclusive, capable de générer de la valeur ajoutée locale et de contribuer durablement au développement national. Le succès de Doropo pourrait ainsi servir de modèle pour d’autres projets miniers sur le continent.
La commercialisation prévue pour 2028 laisse le temps nécessaire pour mettre en place les conditions d’une exploitation responsable et bénéfique à tous les acteurs concernés.
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