Par une convention tripartite signée le 9 octobre 2025, l’État ivoirien entre à hauteur de 35% au capital de la zone industrielle d’Akoupé-Zéudji via la CDC-CI et la CNPS. Ce partenariat avec ARISE Ivoire vise l’installation de 150 entreprises et la création de 21 000 emplois directs sur 431 hectares. Une démonstration de la capacité à mobiliser l’épargne nationale pour financer des infrastructures stratégiques.
La zone industrielle PK24, située à environ 24 kilomètres au nord-ouest d’Abidjan sur l’Autoroute du Nord, franchit une étape décisive dans son développement. Lancé officiellement en 2014 avec l’ambition de créer un pôle industriel de grande envergure sur près de 1 000 hectares, le projet se structure désormais autour d’un modèle de partenariat public-privé audacieux qui mobilise des ressources domestiques à une échelle inédite.
Un montage financier innovant
L’investissement de 20 milliards FCFA se répartit entre 17 milliards apportés par la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS) et 3 milliards par la Caisse des Dépôts et Consignations de Côte d’Ivoire (CDC-CI). Cette participation publique de 35% s’effectue au sein d’une société au capital total de 57,14 milliards FCFA, la Plateforme Économique et Industrielle d’Abidjan-PK24 (PEIA-PK24), développée en partenariat avec le groupe ARISE Ivoire.
Le choix d’impliquer la CNPS – institution gérant les cotisations sociales des travailleurs – et la CDC-CI – instrument de mobilisation des ressources domestiques – traduit un changement de paradigme dans le financement des infrastructures en Côte d’Ivoire. Selon la CDC-CI elle-même, il est “essentiel que la CDC-CI devienne le principal instrument de mobilisation des ressources domestiques et le levier de financement des investissements d’intérêt général”.
Ce n’est plus simplement un prêt ou une garantie étatique, mais une véritable prise de participation qui confère à l’État un siège dans la gouvernance du projet, lui permettant d’orienter les décisions stratégiques vers les objectifs nationaux d’industrialisation.
Une plateforme industrielle à vocation régionale
La convention tripartite signée par le ministre du Commerce et de l’Industrie, la CDC-CI, la CNPS et ARISE Ivoire cible l’aménagement prioritaire de 431 hectares dans cette première phase d’extension. L’objectif affiché est ambitieux : attirer environ 150 entreprises industrielles opérant dans des secteurs variés tels que l’agro-industrie, la métallurgie, la logistique et les matériaux de construction.
L’emplacement stratégique du site, à proximité immédiate de la capitale économique et sur l’axe de l’Autoroute du Nord, constitue un atout majeur. Cette position facilite l’accès aux infrastructures portuaires d’Abidjan, réduit les coûts logistiques et permet de mieux desservir l’hinterland ivoirien, voire les pays enclavés de la sous-région.
Le coût global d’aménagement de l’ensemble de la zone dépasse 120 milliards FCFA selon certaines estimations, témoignant de l’ampleur des infrastructures nécessaires : viabilisation, réseaux électriques, adduction d’eau, voiries internes, systèmes de télécommunications.
21 000 emplois directs en ligne de mire
Au-delà des chiffres d’investissement, c’est l’impact social qui justifie la mobilisation de fonds publics. Le ministère du Commerce et de l’Industrie table sur la création de quelque 21 000 emplois directs une fois la zone pleinement opérationnelle, auxquels s’ajouteront de nombreux emplois indirects dans les services, la restauration, les transports et les activités connexes.
Pour les jeunes et les populations riveraines d’Akoupé-Zéudji et d’Attinguié, cette perspective représente une opportunité majeure d’insertion professionnelle, à condition toutefois que les entreprises installées privilégient l’emploi local et développent des programmes de formation adaptés.
L’effet d’entraînement sur l’écosystème des PME ivoiriennes est également attendu. En devenant sous-traitantes ou fournisseurs des grandes unités industrielles, les petites et moyennes entreprises peuvent s’insérer dans des chaînes de valeur locales et renforcer leur compétitivité.
Les défis de la mise en œuvre
Le modèle du partenariat public-privé, s’il présente l’avantage de combiner capitaux publics et expertise privée, impose une gouvernance rigoureuse. La répartition claire des rôles et responsabilités entre l’État, le développeur ARISE et les institutions publiques sera déterminante pour éviter les blocages décisionnels.
Par ailleurs, des études géographiques sur la zone PK24 pointent déjà des risques d’impacts sociaux et environnementaux, notamment des conflits fonciers et des dégradations environnementales. La gestion participative avec les communautés locales et la transparence dans l’attribution des terres seront cruciales pour garantir l’acceptabilité sociale du projet.
Enfin, l’attractivité réelle de la zone dépendra de la qualité des infrastructures mises en place, de la compétitivité des coûts d’implantation et des incitations fiscales ou réglementaires offertes aux investisseurs.
Un signal fort pour l’industrialisation
Si les conditions de succès sont réunies, PK24 peut devenir un modèle de développement industriel pour la Côte d’Ivoire et inspirer d’autres projets similaires. En mobilisant l’épargne nationale plutôt que de recourir massivement à l’endettement externe, ce partenariat renforce la souveraineté économique et prouve que les ressources internes peuvent financer la transformation structurelle.
Reste maintenant à transformer ce potentiel en réalité industrielle tangible.
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