La Banque africaine de développement a signé le 19 septembre un accord de facilité de 30 millions d’euros avec Bridge Bank Group Côte d’Ivoire pour stimuler le financement des petites et moyennes entreprises. Une initiative qui pourrait lever l’un des principaux obstacles à la croissance du secteur privé ivoirien.
Le financement des PME en Côte d’Ivoire vient de franchir une étape importante avec la signature d’un accord stratégique entre la Banque africaine de développement et Bridge Bank Group Côte d’Ivoire. Cette facilité de 30 millions d’euros, officialisée le 19 septembre dernier, ambitionne de répondre aux besoins urgents de financement d’un secteur qui représente plus de 90 % du tissu économique national.
Un dispositif financier innovant en trois volets
L’accord se structure autour de trois instruments complémentaires conçus pour maximiser l’impact sur l’économie réelle. Le prêt subordonné constitue le pilier de ce dispositif, permettant à Bridge Bank de renforcer ses fonds propres réglementaires et d’augmenter substantiellement sa capacité d’octroi de crédits aux PME. Cette injection de liquidités améliore également les ratios prudentiels de l’établissement, lui offrant une marge de manœuvre accrue pour servir sa clientèle d’entreprises.
La ligne de financement du commerce représente le second volet de cette initiative. Spécifiquement dédiée aux PME actives dans l’import-export, elle facilite l’accès aux devises, aux lettres de crédit et au financement des transactions internationales. Les secteurs ciblés incluent l’agro-transformation, le textile, la distribution et les services logistiques, autant d’activités stratégiques pour l’économie ivoirienne.
Le mécanisme de garantie partielle complète ce dispositif en couvrant une partie du risque de crédit associé aux PME bénéficiaires. Cette couverture encourage Bridge Bank à adopter une approche plus audacieuse dans l’octroi de financements, tout en maintenant une gestion prudente des risques.
Des critères d’éligibilité ciblés sur l’impact économique
Les entreprises souhaitant bénéficier de cette facilité devront répondre à des critères précis. L’enregistrement formel et un minimum de deux années d’activité constituent les prérequis de base, auxquels s’ajoutent la présentation d’un business plan solide et de perspectives commerciales avérées.
Les secteurs prioritaires reflètent les enjeux de développement du pays : agro-industrie, services numériques, logistique, BTP, éducation et santé privée. Un accompagnement technique complète l’offre financière, portant sur la structuration financière, la tenue comptable et l’accès aux marchés.
Une réponse à un défi structurel persistant
Cette initiative intervient dans un contexte où l’accès au crédit demeure l’un des principaux goulets d’étranglement pour les PME ivoiriennes. Le coût élevé du financement, les exigences importantes en matière de garanties et l’insuffisance de l’ingénierie financière continuent de limiter les ambitions entrepreneuriales, particulièrement dans l’agro-industrie, les services et la transformation.
Les banques traditionnelles justifient leur prudence par un profil de risque élevé des PME, l’absence de bilans fiables et le manque de collatéraux. L’intervention de la BAD permet de partager ce risque tout en offrant une structure financière plus flexible, créant les conditions d’une relation banque-entreprise plus équilibrée.
Des attentes fortes du secteur privé
Cette initiative répond à des besoins clairement exprimés par les entrepreneurs ivoiriens. Les PME font face à des défis récurrents : difficultés de renouvellement d’équipements, besoins de digitalisation, financement du fonds de roulement et accès aux marchés internationaux.
Le secteur de l’agro-transformation, particulièrement dynamique, nécessite des financements à moyen terme pour moderniser ses outils de production et répondre à une demande croissante. De même, les entreprises de transport et de logistique peinent à renouveler leurs flottes face aux exigences de plus en plus strictes en matière de sécurité et d’efficacité énergétique.
Les entrepreneurs des régions font également valoir leurs spécificités, notamment en matière de formation et d’emploi des jeunes, secteurs nécessitant des approches financières adaptées aux réalités locales.
Un modèle à généraliser pour changer d’échelle
Malgré son caractère encourageant, cette facilité de 30 millions d’euros ne peut à elle seule combler le gap de financement des PME ivoiriennes, estimé à plus de 1 000 milliards de FCFA. Son véritable intérêt réside dans sa capacité à démontrer qu’une approche structurée peut maîtriser le risque tout en servant efficacement l’économie réelle.
L’accord BAD-Bridge Bank pose les bases d’un modèle reproductible, misant sur des mécanismes mixtes combinant prêts, garanties et lignes spécialisées. Pour répondre pleinement aux besoins du secteur privé ivoirien, la multiplication de telles initiatives, le renforcement des capacités institutionnelles locales et l’évolution de la culture bancaire vers les PME s’avèrent indispensables.
Cette expérience pourrait servir de référence pour d’autres partenariats similaires, contribuant progressivement à transformer l’écosystème de financement des entreprises en Côte d’Ivoire.
En savoir plus sur businessechos.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.