Finance durable : l’UEMOA appelle à une mobilisation régionale au WASFIF 2025

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Réunis à Dakar le 30 octobre 2025 pour le West Africa Sustainable Finance & Investment Forum, les acteurs financiers et gouvernements de l’UEMOA ont plaidé pour une structuration accélérée de la finance verte en Afrique de l’Ouest. Face à un déficit de financement climatique massif, la sous-région entend développer des instruments financiers innovants pour soutenir sa transition écologique.


Le West Africa Sustainable Finance & Investment Forum (WASFIF) 2025, organisé à Dakar sous l’égide de l’Autorité des Marchés Financiers de l’UEMOA (AMF-UMOA) et du gouvernement sénégalais, a placé la finance verte au centre des préoccupations régionales. Sous le thème « La finance verte, instrument de financement des économies de l’Union », ce rendez-vous annuel a réuni acteurs financiers, décideurs publics et partenaires techniques pour débattre des mécanismes permettant d’accélérer la transition vers une croissance durable, inclusive et résiliente face au changement climatique.

Un déficit de financement alarmant

Les chiffres présentés lors du forum illustrent l’ampleur du défi. Selon la Banque Africaine de Développement (BAD), l’Afrique reçoit seulement 20 milliards de dollars par an pour l’adaptation climatique, alors que ses besoins dépassent 277 milliards de dollars. Cette disparité financière est d’autant plus injuste que le continent africain est responsable de moins de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, tout en subissant de plein fouet les conséquences du dérèglement climatique.

Les pays de l’UEMOA sont particulièrement vulnérables. Sécheresses accrues, inondations récurrentes, insécurité alimentaire et dégradation des écosystèmes menacent des économies largement dépendantes de l’agriculture et des ressources naturelles. Dans ce contexte, la finance durable n’apparaît plus comme une option, mais comme un impératif stratégique pour transformer les économies tout en atténuant les risques environnementaux et sociaux.

Des mécanismes innovants pour mobiliser les capitaux

Lors de son intervention, Cheikh Diba, ministre sénégalais de l’Économie, du Plan et de la Coopération, a plaidé pour la mise en place de mécanismes financiers innovants capables de mobiliser les capitaux privés et publics vers des projets verts. Il a notamment souligné l’importance de renforcer l’attractivité des marchés régionaux par la création de courbes de référence en monnaie locale pour les titres durables, facilitant ainsi la tarification du risque climatique.

L’AMF-UMOA a, quant à elle, identifié trois leviers prioritaires pour structurer l’écosystème de la finance verte dans la sous-région. D’abord, mobiliser les investisseurs institutionnels en les incitant à orienter une partie significative de leurs portefeuilles vers les actifs verts. Ensuite, développer un cadre réglementaire adapté, avec des standards clairs pour les obligations vertes, sociales et durables. Enfin, encourager l’engagement des gouvernements dans l’émission d’instruments financiers durables, notamment des green bonds souverains, en s’appuyant sur les infrastructures de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM).

La Côte d’Ivoire, acteur clé de la transition verte

Pour la Côte d’Ivoire, engagée dans une politique de développement durable, la finance verte représente un levier stratégique de financement. Le pays, pionnier dans l’émission d’une obligation sociale à la BRVM en 2021, dispose d’atouts pour se positionner comme leader régional dans ce domaine.

Les opportunités sont multiples : émission d’obligations vertes pour financer des projets d’énergies renouvelables comme le solaire ou la biomasse, développement d’instruments mixtes dédiés à la reforestation et à l’agriculture durable, ou encore structuration de partenariats public-privé ciblés sur la mobilité verte et l’éco-habitat.

L’intérêt croissant des investisseurs internationaux pour les titres à impact positif, combiné à l’expertise des institutions régionales comme la BRVM et l’AMF-UMOA, positionne la Côte d’Ivoire comme un acteur incontournable de l’écosystème vert ouest-africain. Le pays dispose également d’un potentiel important dans la gestion durable de ses ressources forestières et la transition énergétique, deux secteurs attractifs pour les investisseurs en quête d’impact environnemental mesurable.

Vers une architecture financière régionale durable

Le WASFIF 2025 aura permis de jeter les bases d’un agenda financier commun pour une croissance soutenable dans l’espace UEMOA. Au-delà des déclarations d’intention, l’enjeu réside désormais dans l’opérationnalisation d’outils concrets, attractifs pour les investisseurs, adaptés aux réalités locales et alignés sur les objectifs climatiques internationaux.

La réussite de cette ambition nécessitera une coordination étroite entre États, régulateurs, institutions financières et secteur privé. Elle impliquera également un renforcement des capacités techniques pour structurer des projets bancables et mesurer l’impact environnemental des investissements.

Pour la Côte d’Ivoire et ses voisins de l’UEMOA, la finance verte s’impose comme une nécessité stratégique face aux défis économiques, sociaux et environnementaux du XXIe siècle. Le momentum créé à Dakar devra se traduire par des actions concrètes dans les mois à venir.


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