EY redessine sa stratégie africaine avec une scission en deux réseaux indépendants

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Le cabinet de conseil et d’audit EY franchit une étape décisive dans sa stratégie africaine. Depuis le 1er juillet 2025, le géant britannique a officiellement lancé la restructuration de ses activités en Afrique Francophone Subsaharienne, créant deux entités distinctes et indépendantes. Cette transformation majeure concerne neuf pays et près de 900 professionnels.

Une spécialisation poussée pour gagner en efficacité

La nouvelle architecture organisationnelle d’EY dans la région FSSA (Cameroun, Congo, République Démocratique du Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée, Guinée Équatoriale, Sénégal et Tchad) repose sur une logique de spécialisation claire. Le premier réseau se concentrera exclusivement sur l’audit et les services associés, tandis que le second prendra en charge l’ensemble des activités de conseil : juridique, fiscal, expertise comptable, consulting et transactions.

Cette approche répond à une tendance de fond observée chez les grands cabinets internationaux, qui cherchent à optimiser leur organisation face à la complexité croissante des réglementations et à l’évolution des besoins clients. La séparation entre audit et conseil permet notamment de mieux gérer les potentiels conflits d’intérêts et de renforcer l’indépendance des missions d’audit.

Une transition calibrée pour préserver la continuité

La période de transition, qui s’étendra jusqu’au 30 avril 2026, témoigne de la volonté d’EY de mener cette transformation sans rupture. Pendant ces dix mois, les deux entités continueront d’opérer sous la marque EY, garantissant ainsi une continuité totale des services pour les clients existants.

“Nous sommes convaincus qu’il s’agit d’une solution optimale tant pour EY que pour la région FSSA”, souligne Rudi Braes, Regional Managing Partner d’EY Europe West. Cette affirmation reflète une démarche qui vise autant l’optimisation interne que l’amélioration du service client.

L’Afrique francophone, laboratoire d’innovation organisationnelle

Cette réorganisation s’inscrit dans un contexte plus large de reconfiguration du secteur du conseil en Afrique. Les marchés africains, caractérisés par leur dynamisme et leurs spécificités réglementaires, exigent une approche sur mesure qui peut parfois entrer en tension avec les modèles organisationnels globaux des grands cabinets.

En optant pour une structure régionale autonome, EY fait le pari que la proximité et l’adaptation locale constituent des avantages concurrentiels déterminants. “En tant que réseaux africains indépendants, alignés sur les meilleurs standards internationaux, nous nous engageons à fournir des solutions agiles, en conciliant exigence professionnelle et adaptation aux réalités propres à nos marchés”, explique Eric N’Guessan, Responsable de la région FSSA.

Des enjeux concurrentiels majeurs

Cette transformation intervient dans un environnement concurrentiel particulièrement tendu en Afrique. Les Big Four (EY, Deloitte, KPMG et PwC) se livrent une bataille acharnée pour capter la croissance du continent, portée par l’essor des économies numériques et l’intensification des échanges commerciaux.

L’approche d’EY, qui mise sur l’autonomie régionale et la spécialisation, constitue une réponse originale à ces défis. Elle pourrait inspirer d’autres acteurs du secteur, confrontés aux mêmes tensions entre standardisation globale et adaptation locale.

Vers une montée en puissance des expertises africaines

Au-delà des considérations organisationnelles, cette évolution marque un tournant symbolique important. En créant des entités africaines indépendantes, EY reconnaît implicitement la maturité des équipes locales et leur capacité à piloter des opérations complexes en autonomie.

Cette montée en responsabilité des talents africains dans les structures internationales constitue un enjeu crucial pour le développement du secteur des services professionnels sur le continent. Elle participe également à la rétention des compétences locales, souvent tentées par l’expatriation vers les sièges européens ou américains.

La réussite de cette transformation sera mesurée à l’aune de la capacité des deux nouveaux réseaux à maintenir leur compétitivité tout en développant une identité africaine forte. Un défi de taille dans un secteur où la marque et la réputation internationale restent des atouts essentiels pour conquérir les grands comptes multinationaux.


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