Dans un revirement spectaculaire des relations commerciales sino-américaines, Washington et Pékin ont annoncé hier une réduction massive et réciproque de leurs droits de douane pour une période de 90 jours. Cette décision, fruit d’intenses négociations à Genève, marque une pause significative dans l’escalade tarifaire qui empoisonnait les relations entre les deux premières puissances économiques mondiales.
L’accord prévoit une réduction sans précédent des barrières douanières : les États-Unis abaisseront leurs droits de douane sur les produits chinois de 145% à 30%, tandis que la Chine réduira les siens sur les importations américaines de 125% à 10%. Ces mesures devraient entrer en vigueur dès le 14 mai 2025, soit deux jours après l’annonce officielle.
Les pourparlers ont été menés par Scott Bessent, secrétaire américain au Trésor, et Jamieson Greer, représentant au commerce, côté américain, face au vice-Premier ministre chinois He Lifeng. Les deux délégations ont exprimé leur volonté commune de poursuivre le dialogue en vue d’un accord plus durable.
Une bouffée d’oxygène pour les marchés
L’annonce de cette trêve a immédiatement provoqué une réaction positive sur les marchés financiers internationaux. Les contrats à terme sur le S&P 500 ont bondi de 2,8%, le dollar américain s’est apprécié de 0,7%, tandis que l’or, valeur refuge traditionnelle en période d’incertitude, a chuté de 2,3%.
Cette détente commerciale intervient dans un contexte économique mondial déjà fragilisé par plusieurs années de tensions. Selon plusieurs économistes, cette réduction tarifaire pourrait non seulement stimuler la croissance des deux géants économiques mais également atténuer les pressions inflationnistes qui pèsent sur l’économie mondiale depuis plusieurs mois.
Toutefois, les analystes restent prudents. “Cette trêve de 90 jours constitue une avancée significative, mais elle ne résout pas les différends structurels entre les deux pays”, nuance un expert du commerce international. La période de 90 jours laisse entrevoir deux scénarios : soit le début d’une normalisation durable des relations commerciales, soit une simple parenthèse avant une nouvelle escalade.
Des opportunités pour l’Afrique et la Côte d’Ivoire
Pour l’Afrique en général et la Côte d’Ivoire en particulier, cet apaisement entre les deux locomotives de l’économie mondiale pourrait générer des retombées positives. Une reprise des échanges commerciaux entre Washington et Pékin devrait entraîner une hausse de la demande pour les matières premières africaines, notamment le cacao, le café et certains métaux stratégiques.
La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, pourrait particulièrement bénéficier d’une augmentation de la demande et d’une stabilisation des prix sur les marchés internationaux. Par ailleurs, un climat commercial international plus serein favoriserait potentiellement les investissements directs étrangers dans les secteurs porteurs comme l’agriculture, les infrastructures et les technologies.
“Si cette trêve débouche sur un accord durable, c’est toute l’économie mondiale qui respirera mieux, y compris les économies africaines souvent tributaires des fluctuations du commerce international”, estime un observateur du marché ivoirien.
Enjeux et perspectives
Malgré l’enthousiasme suscité par cette annonce, des obstacles majeurs demeurent sur la route d’un accord commercial global. Les différends relatifs à la propriété intellectuelle, aux subventions industrielles et aux pratiques commerciales continueront d’exiger des négociations approfondies.
Pour les prochains mois, tous les regards seront tournés vers les échanges de haut niveau entre Washington et Pékin. La transformation de cette trêve temporaire en un cadre commercial stable constituera un test déterminant pour les relations sino-américaines et, par extension, pour l’avenir du commerce mondial.
Au-delà des chiffres impressionnants de réduction tarifaire, c’est bien la volonté politique des deux parties de parvenir à un compromis durable qui sera déterminante. Cette trêve de 90 jours représente une fenêtre d’opportunité que ni Washington ni Pékin ne peuvent se permettre de gaspiller, au risque de replonger l’économie mondiale dans l’incertitude.
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