Economie ivoirienne : Washington salue la résilience et pointe les défis structurels

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Le rapport Investment Climate Statement 2025 du Département d’État américain dresse un bilan contrasté de l’économie ivoirienne. Malgré une croissance soutenue et une stabilité macroéconomique, plusieurs faiblesses structurelles persistent et pourraient freiner l’attractivité du pays.

Le dernier rapport annuel du Département d’État américain confirme la position de la Côte d’Ivoire comme l’un des marchés les plus dynamiques d’Afrique subsaharienne. Cette évaluation, destinée aux investisseurs internationaux, s’appuie sur des données du FMI, de la BCEAO et de la Banque mondiale, ainsi que sur des consultations avec les acteurs économiques locaux.

Des fondamentaux économiques solides

L’analyse américaine salue la résilience exceptionnelle de l’économie ivoirienne, qui affiche une croissance moyenne de 6,4 % sur la dernière décennie. Cette performance s’appuie sur des investissements massifs dans les infrastructures, une politique budgétaire active et le dynamisme du secteur privé.

La stabilité macroéconomique constitue un autre point fort. L’inflation est restée modérée autour de 3 à 4 % en 2024-2025, grâce à la politique monétaire prudente de la BCEAO. Le déficit budgétaire a été maintenu sous les 5 % du PIB, respectant les critères de convergence de l’UEMOA.

L’attractivité du pays se confirme par la sursouscription des Eurobonds ivoiriens en 2024, la hausse des notations souveraines de Fitch Ratings et S&P, ainsi que l’arrivée de nouveaux investissements directs étrangers dans les télécoms, les services financiers et l’agro-industrie.

Des faiblesses qui persistent

Le rapport identifie néanmoins plusieurs défis structurels. L’économie informelle représente encore plus de 40 % du PIB selon le FMI, affectant la productivité, la fiscalité et la qualité de l’emploi. Cette situation freine également l’accès au crédit pour de nombreuses PME.

La dépendance aux matières premières reste préoccupante. Malgré les efforts de diversification, le cacao représente environ 40 % des recettes d’exportation, exposant le pays aux fluctuations des prix internationaux et aux pressions liées au commerce durable.

La complexité administrative constitue un autre obstacle. Malgré les réformes du CEPICI, les procédures de création d’entreprise, d’enregistrement foncier et d’obtention de licences demeurent longues et parfois opaques. Le contexte sécuritaire régional, avec la menace terroriste dans le nord du pays, ajoute un facteur de risque pour les investissements à long terme.

Une position régionale contrastée

Dans l’espace CEDEAO, la Côte d’Ivoire se distingue par une croissance parmi les plus élevées, devant le Sénégal ou le Ghana, et une inflation mieux maîtrisée que le Nigeria. L’infrastructure logistique, notamment le Port d’Abidjan et la digitalisation bancaire, constitue également un avantage comparatif.

Cependant, sur le plan du climat des affaires stricto sensu, le pays reste devancé par le Rwanda et le Maroc en matière de transparence réglementaire et d’environnement juridique.

Des recommandations pour l’avenir

Pour maintenir son attractivité, le rapport préconise une accélération de la digitalisation administrative, notamment dans les services fiscaux et douaniers. Le renforcement de la formalisation économique avec des incitations pour les PME apparaît également prioritaire.

La diversification économique vers l’industrie légère, l’agro-transformation et le numérique figure parmi les objectifs à long terme. L’amélioration de la gouvernance locale, la lutte contre la corruption et le renforcement de la résilience sociale complètent ces recommandations.

Le Investment Climate Statement 2025 confirme que la Côte d’Ivoire conserve son statut de destination privilégiée en Afrique de l’Ouest. Transformer ces atouts en croissance inclusive nécessitera toutefois des efforts soutenus pour surmonter les défis structurels identifiés.


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