Les États-Unis et la Chine tentent de consolider leur trêve commerciale lors de pourparlers stratégiques dans la capitale britannique.
Ce lundi 9 juin, Lancaster House accueille un nouveau round crucial de négociations commerciales entre Washington et Pékin. Pendant deux jours, le vice-Premier ministre chinois He Lifeng fait face aux principaux responsables économiques de l’administration Trump : Scott Bessent du Trésor, Howard Lutnick du Commerce et Jamieson Greer, représentant commercial américain.
Un accord de Genève à concrétiser
L’enjeu de ces discussions londoniennes découle directement des accords préliminaires conclus en mai à Genève. Washington avait alors accepté de réduire certains tarifs douaniers en échange d’un engagement chinois à relancer les exportations de terres rares via des licences temporaires. Problème : Pékin tarde à honorer ses promesses, particulièrement sur l’octroi de ces précieuses autorisations d’exportation.
Cette lenteur chinoise préoccupe au plus haut niveau américain. Kevin Hassett, conseiller économique de la Maison-Blanche, attend désormais un “engagement de poignet de main” formel pour accélérer les livraisons de ces métaux stratégiques.
L’arme géoéconomique des terres rares
La Chine détient un quasi-monopole sur le raffinage mondial des terres rares, contrôlant près de 95% de cette industrie cruciale. Ces métaux sont indispensables aux secteurs des véhicules électriques, des semi-conducteurs, des télécommunications et des applications militaires. Pékin a systématiquement utilisé les restrictions d’exportation comme réponse aux hausses tarifaires américaines, transformant ces ressources en véritable levier géopolitique.
Cette stratégie porte ses fruits économiques. En mai, les exportations chinoises vers les États-Unis ont chuté de 34 à 35% sur un an, totalisant environ 28,8 milliards de dollars. Une baisse qui illustre l’ampleur de la guerre commerciale en cours.
Entre espoir et réalisme
Les marchés financiers américains ont réagi positivement à l’annonce de ces négociations, les valeurs technologiques et semi-conductrices progressant à l’ouverture de Wall Street lundi. Washington envisage de prolonger une suspension des surtaxes de 90 jours, initialement prévue pour juin.
Toutefois, les observateurs restent prudents. Les analystes tablent sur des accords circonscrits plutôt que sur un changement structurel : autorisations d’export ponctuelles, commandes symboliques via des “canaux verts”, assouplissement partiel des visas étudiants. La dépendance américaine aux chaînes d’approvisionnement chinoises demeure inchangée.
Vers une diversification stratégique
Pour Washington, l’urgence consiste désormais à renforcer sa souveraineté industrielle en sécurisant des alternatives hors de Chine. L’Australie et l’Afrique émergent comme partenaires potentiels via des initiatives comme le Minerals Security Partnership.
Ces pourparlers londoniens marquent un moment charnière. Entre volonté de préserver l’accalmie commerciale et nécessité de concrétiser les engagements sur les terres rares, l’issue déterminera si cette trêve peut déboucher sur un apaisement durable ou n’est qu’une parenthèse entre deux tempêtes tarifaires.
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