Le géant nigérian du ciment franchit une étape décisive en Côte d’Ivoire avec l’ouverture d’une cimenterie de grande envergure à la périphérie d’Abidjan. Une arrivée qui promet de redéfinir les équilibres du secteur de la construction dans le pays.
Le 8 octobre 2025 restera une date marquante pour l’industrie cimentière ivoirienne. Dangote Cement a officiellement inauguré son usine d’Attingué, située au PK-24 dans la zone périphérique d’Abidjan. Avec une capacité de production annuelle de 3 millions de tonnes et un investissement oscillant entre 100 et 150 milliards de FCFA selon les sources, cette infrastructure devient l’une des plus importantes du groupe hors Nigeria.
Un investissement stratégique majeur
Déployée sur 50 hectares dans une zone industrielle stratégiquement positionnée, l’usine bénéficie d’un accès privilégié à la logistique portuaire d’Abidjan, un atout décisif pour l’acheminement des matières premières et la distribution des produits finis. Le montant de l’investissement, fréquemment estimé à 100 milliards de FCFA par la presse économique, pourrait atteindre 150 milliards selon certaines évaluations incluant les infrastructures annexes et les coûts de montée en puissance.
L’impact sur l’emploi s’annonce substantiel : plus de 1 000 emplois directs sont prévus, auxquels s’ajoutent environ 2 000 emplois indirects générés par l’effet d’entraînement sur les secteurs du transport, de la maintenance, de la distribution et des services locaux.
Une offre diversifiée pour conquérir le marché
Dangote Cement ne mise pas sur la quantité seule. L’usine proposera plusieurs grades de ciment – de la maçonnerie légère aux hautes performances – pour répondre aux différents segments du marché ivoirien. Le groupe annonce également des facilités de crédit destinées aux petits distributeurs et artisans, une stratégie visant à renforcer sa pénétration régionale et à fidéliser rapidement une clientèle locale.
Réduction de la dépendance aux importations
L’arrivée de cette capacité de production locale pourrait considérablement réduire la dépendance de la Côte d’Ivoire aux importations de ciment et de clinker. Cette évolution allégerait la pression sur les devises et limiterait les flux sortants, un enjeu économique non négligeable pour le pays.
Pour le secteur de la construction, les bénéfices potentiels sont multiples : meilleure disponibilité et régularité d’approvisionnement, réduction des coûts logistiques pour les chantiers éloignés, et transparence accrue sur la qualité. Les grands projets d’infrastructure – routes, ponts, bâtiments publics – pourraient profiter d’un environnement concurrentiel plus favorable.
Des défis de taille à relever
Malgré ces perspectives encourageantes, plusieurs obstacles demeurent. Le ciment reste un produit volumineux et coûteux à transporter. Dans les zones rurales reculées où les routes sont dégradées, les coûts d’acheminement pourraient compromettre la compétitivité de l’usine.
Le cadre réglementaire ajoute une contrainte supplémentaire. Depuis 2024, le gouvernement ivoirien a instauré un mécanisme de prix réglementés pour préserver l’accessibilité du ciment. Dangote devra composer avec cet encadrement qui limite sa flexibilité commerciale.
Par ailleurs, la phase de rodage de l’usine pourrait s’étendre sur plusieurs mois avant d’atteindre le plein régime opérationnel. Réglages techniques, calibration des équipements et stabilisation de l’approvisionnement sont autant d’étapes nécessaires avant d’exploiter la capacité nominale.
Vers un rééquilibrage du marché
Les cimentiers historiques du pays – ECOCI, Cimbéton et autres acteurs établis – devront impérativement ajuster leurs stratégies face à ce concurrent de taille. Prix, qualité, logistique et innovation technologique seront les terrains de cette nouvelle bataille commerciale.
Si l’entrée de Dangote ne provoquera pas un basculement immédiat du marché, elle constitue indéniablement un point de bascule structurel. Le succès de l’entreprise nigériane dépendra de sa capacité à allier qualité constante, distribution efficace et compétitivité tarifaire, tout en respectant le cadre régulateur.
L’usine d’Attingué pourrait ainsi contribuer à transformer durablement le paysage cimentier ivoirien : moins de dépendance aux importations, consolidation industrielle et renforcement du tissu économique local. Reste à voir si Dangote parviendra à une exécution sans faille de son ambitieux projet.
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