Alors que l’économie mondiale peine à retrouver son dynamisme d’avant-crise, l’Afrique subsaharienne affiche une résilience remarquable. Les dernières projections du Fonds monétaire international (FMI) prévoient une croissance de 4,2% pour la région en 2025, dépassant largement la moyenne mondiale estimée à 2,8%. Cette performance intervient dans un contexte particulièrement morose pour les économies avancées.
Un environnement mondial sous tension
Le ralentissement économique mondial s’est accentué au premier trimestre 2025. Les marchés financiers ont connu une secousse majeure en avril dernier, portant les stigmates d’une politique commerciale américaine devenue plus agressive sous l’administration Trump. L’augmentation substantielle des droits de douane visant les produits chinois et européens a provoqué des turbulences sur les marchés internationaux et ravivé les craintes d’une guerre commerciale à grande échelle.
Dans ce contexte, les économies occidentales montrent des signes d’essoufflement. Les États-Unis enregistrent une contraction de leur PIB, tandis que la zone euro stagne, plombée par une inflation persistante et une consommation atone. La Banque centrale européenne, comme la Réserve fédérale américaine, maintient une politique monétaire restrictive qui pèse sur les perspectives de reprise à court terme.
L’Afrique subsaharienne en phase ascendante
Face à ce tableau peu reluisant, l’Afrique subsaharienne fait figure d’exception. Avec une croissance qui devrait atteindre 4,2% cette année, contre 3,8% en 2024, la région confirme sa trajectoire ascendante. Cette dynamique s’explique par plusieurs facteurs convergents.
D’abord, la demande mondiale en matières premières stratégiques reste soutenue, notamment pour les minerais critiques comme le cobalt et le lithium, dont la région est richement dotée. Les exportations d’hydrocarbures continuent également de soutenir les économies de plusieurs pays producteurs, malgré la volatilité des cours.
Ensuite, les réformes économiques engagées dans plusieurs pays portent progressivement leurs fruits. Des nations comme la Côte d’Ivoire, le Rwanda ou le Ghana ont mis en œuvre des politiques visant à diversifier leur économie et à améliorer l’environnement des affaires. Ces initiatives renforcent l’attractivité de ces pays auprès des investisseurs internationaux en quête de nouveaux marchés.
Enfin, la valorisation du capital naturel émerge comme un nouveau paradigme de développement. Lors des Réunions de printemps 2025, la Banque mondiale et le FMI ont mis l’accent sur l’importance de ce capital dans les stratégies de développement durable, offrant ainsi de nouvelles perspectives pour les économies africaines riches en ressources naturelles.
Des défis persistants
Malgré ces signaux positifs, plusieurs défis majeurs demeurent. Le changement climatique affecte durement le continent, avec des inondations dévastatrices qui ont touché des millions de personnes, particulièrement en Afrique de l’Ouest. Ces catastrophes mettent à l’épreuve la résilience des économies locales et soulignent l’urgence d’investir dans l’adaptation climatique.
La question de la dette publique reste également préoccupante. Dans plusieurs pays, le service de la dette absorbe plus de 30% des recettes budgétaires, limitant considérablement la marge de manœuvre des gouvernements pour financer les infrastructures essentielles et les programmes sociaux.
Par ailleurs, les tensions sociopolitiques persistent dans certaines régions, freinant les investissements à long terme et la mise en œuvre de projets structurants.
Vers un développement plus inclusif
L’enjeu pour l’Afrique subsaharienne ne réside plus seulement dans la quête de croissance, mais dans sa capacité à transformer cette croissance en développement inclusif et durable. Cela nécessite des investissements massifs dans le capital humain, des infrastructures modernes, l’industrialisation verte et l’intégration régionale.
La conjoncture mondiale, bien que difficile, offre également des opportunités pour le continent. La reconfiguration des chaînes d’approvisionnement mondiales pourrait bénéficier aux économies africaines, à condition qu’elles proposent un environnement propice aux investissements productifs.
Pour les décideurs économiques africains, l’heure est à la consolidation des acquis et à l’anticipation des mutations en cours. Des politiques publiques stratégiques, coordonnées et résilientes s’imposent pour transformer les défis actuels en leviers de développement.
Alors que le monde traverse une période d’incertitudes économiques, l’Afrique subsaharienne semble avoir trouvé un équilibre prometteur entre résilience et transformation. Reste à savoir si cette dynamique saura résister aux vents contraires qui soufflent sur l’économie mondiale.
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