Le gouvernement ivoirien lève l’exclusivité de la Société des Transports Abidjanais, marquant un tournant historique dans la politique de mobilité urbaine du pays.
Après plusieurs décennies de monopole, la Société des Transports Abidjanais (SOTRA) va devoir composer avec la concurrence. Le décret adopté le 21 mai 2025 met officiellement fin à l’exclusivité dont jouissait l’entreprise publique sur le transport terrestre public en Côte d’Ivoire, ouvrant ainsi le secteur à de nouveaux opérateurs privés.
Cette décision marque un tournant historique dans la politique de mobilité urbaine ivoirienne. Depuis sa création, la SOTRA détenait le monopole du transport public à Abidjan et dans plusieurs grandes villes du pays, gérant l’essentiel des lignes de bus urbains et périurbains.
Une réponse aux défis de l’urbanisation
La levée de ce monopole s’inscrit dans un contexte d’urbanisation accélérée. Les grandes agglomérations ivoiriennes connaissent une croissance démographique soutenue qui met sous pression les infrastructures de transport existantes. La demande en matière de mobilité urbaine a connu une progression exponentielle ces dernières années, dépassant largement l’offre disponible.
Face à cette situation, le gouvernement a choisi d’ouvrir le marché pour élargir l’offre de transport et améliorer l’efficacité du service public. Cette libéralisation vise également à attirer les investissements privés dans un secteur jusqu’alors fermé à la concurrence.
Un défi de taille pour la SOTRA
Pour l’entreprise publique, cette ouverture représente un défi majeur. La SOTRA devra désormais innover, moderniser sa flotte et améliorer significativement la qualité de ses services pour conserver sa clientèle face à de nouveaux concurrents potentiellement plus agiles.
L’entreprise, habituée à évoluer dans un environnement protégé, devra repenser son modèle économique et sa stratégie commerciale. La modernisation de son parc de véhicules, l’amélioration de la ponctualité et du confort des usagers deviennent des impératifs de survie dans ce nouveau paysage concurrentiel.
Des standards élevés pour les nouveaux entrants
Les nouveaux acteurs qui souhaiteront investir le marché du transport public ivoirien devront respecter des critères stricts. Les autorités ont annoncé que ces opérateurs devront se conformer à des standards élevés en matière de sécurité, de régularité et d’accessibilité.
Cette exigence de qualité vise à éviter une libéralisation anarchique qui pourrait nuire à la qualité du service public. L’État s’engage à mettre en place une régulation stricte pour garantir une concurrence saine et équitable entre tous les acteurs du secteur.
Des bénéfices attendus pour les usagers
À court terme, cette réforme devrait profiter directement aux usagers du transport public. La diversification de l’offre pourrait se traduire par des trajets plus fréquents, une amélioration du confort et une meilleure couverture territoriale.
La pression concurrentielle exercée sur l’ensemble des opérateurs devrait également avoir un impact positif sur les tarifs. Les prix pourraient se stabiliser, voire diminuer, grâce à une optimisation des coûts et une recherche d’efficacité accrue de la part de tous les acteurs.
Un enjeu de régulation crucial
Le succès de cette libéralisation dépendra largement de la capacité des autorités à maintenir un équilibre entre concurrence et service public. La régulation devra être suffisamment ferme pour garantir la qualité du service tout en laissant assez de souplesse pour permettre l’innovation et l’efficacité économique.
L’expérience d’autres pays africains ayant procédé à des réformes similaires montre que les résultats dépendent étroitement de la qualité du cadre réglementaire mis en place et de son application effective.
Vers une transformation durable
La fin du monopole de la SOTRA ne constitue pas une simple ouverture de marché, mais représente un véritable changement de paradigme pour le transport public ivoirien. Cette réforme s’inscrit dans une vision plus large de modernisation des services publics et d’amélioration de la compétitivité économique du pays.
Si la régulation suit effectivement, cette transformation pourrait durablement modifier le visage du transport public en Côte d’Ivoire, en le rendant plus moderne, plus inclusif et plus performant. Pour les millions d’Ivoiriens qui dépendent quotidiennement du transport public, cette réforme représente l’espoir d’une mobilité urbaine enfin à la hauteur des enjeux du XXIe siècle.
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