Climat : la société civile africaine exige une refonte du système mondial avant la COP30

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Du 26 au 28 octobre 2025, Abidjan a accueilli le forum régional de l’Alliance panafricaine pour la justice climatique (PACJA) en préparation de la COP30. Les organisations de la société civile africaine réclament une réforme structurelle des institutions internationales et un financement climatique plus équitable.


À quelques semaines de l’ouverture de la COP30 au Brésil en novembre 2025, la capitale économique ivoirienne a servi de tribune à la société civile africaine pour harmoniser ses positions et renforcer son plaidoyer. Le Forum régional organisé par la PACJA, plateforme panafricaine regroupant plus de 1 000 organisations engagées sur les enjeux climatiques, a réuni des acteurs de tout le continent pour peser dans les négociations internationales, souvent dominées par les intérêts des pays industrialisés.

Des revendications qui dépassent le cadre environnemental

À l’issue de cette rencontre stratégique, la PACJA a formulé une série de revendications ambitieuses qui inscrivent la justice climatique dans une logique de refonte du système mondial. Les demandes portent sur cinq axes majeurs.

D’abord, la démocratisation des institutions financières internationales. Le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et le Conseil de sécurité de l’ONU sont accusés d’être peu représentatifs des intérêts du Sud global et de perpétuer des déséquilibres structurels défavorables aux pays africains.

Ensuite, la mise en place d’un cadre contraignant de coopération fiscale internationale pour lutter contre les flux financiers illicites qui privent le continent de ressources essentielles pour son développement et sa résilience climatique.

La PACJA réclame également que les financements climatiques soient octroyés sous forme de dons plutôt que de prêts, particulièrement pour l’adaptation, domaine systématiquement sous-financé malgré les engagements internationaux répétés.

L’annulation des dettes qualifiées d’illégitimes, contractées dans des conditions défavorables et dont le remboursement entrave les investissements dans la résilience climatique, constitue une autre exigence centrale.

Enfin, la refonte des règles du commerce international, jugées inéquitables et préjudiciables aux économies africaines émergentes, complète ce catalogue de réformes structurelles.

Une approche plus radicale que celle des États

Ces revendications rejoignent partiellement les positions officielles de certains États africains qui réclament également un accès plus équitable aux financements climatiques et une réforme de la gouvernance mondiale. Toutefois, la société civile adopte une ligne plus radicale en insistant sur la notion de justice climatique, qui implique de reconnaître la responsabilité historique des pays industrialisés dans le réchauffement climatique et la nécessité de réparer les déséquilibres systémiques.

Alors que les négociations des COP se concentrent généralement sur des mécanismes techniques comme les marchés carbone ou les fonds d’adaptation, la PACJA privilégie une approche politique et éthique, centrée sur les droits humains, la souveraineté économique et la lutte contre les inégalités structurelles.

Un enjeu concret pour la Côte d’Ivoire

Pour des pays comme la Côte d’Ivoire, fortement exposés aux impacts du changement climatique – érosion côtière, stress hydrique, insécurité alimentaire –, ces revendications revêtent une dimension pratique immédiate. L’accès à des financements adaptés, non conditionnés par des dettes supplémentaires, s’avère crucial pour renforcer les capacités d’adaptation des communautés vulnérables.

L’Afrique francophone, souvent moins visible dans les grands forums internationaux, bénéficie ici d’une tribune stratégique. En accueillant ce forum, Abidjan se positionne comme un centre de gravité pour les réflexions africaines sur la gouvernance climatique, à un moment où les équilibres géopolitiques sont questionnés.

En dénonçant les asymétries du système mondial et en réclamant une réforme profonde de ses règles de fonctionnement, la PACJA appelle à repenser les rapports Nord-Sud à l’aune du dérèglement climatique. Si ces demandes trouvent un écho croissant dans les négociations internationales, leur concrétisation dépendra de la capacité des États africains à parler d’une seule voix et à s’appuyer sur les dynamiques citoyennes pour porter une diplomatie climatique plus audacieuse et équitable.


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