Café-cacao : Ecobank mobilise 300 milliards FCFA pour la campagne 2025-2026

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Ecobank Côte d’Ivoire vient d’annoncer la mobilisation d’un fonds de 300 milliards FCFA destiné à financer les acteurs de la filière café-cacao lors de la campagne 2025-2026. Dans un contexte de hausse des prix bord champs à 2 800 FCFA/kg, ce plan de financement massif vise à soutenir exportateurs, transformateurs et coopératives, tout en accompagnant l’ambition nationale de transformation locale.

Un secteur stratégique sous pression

Le café-cacao représente un pilier fondamental de l’économie ivoirienne, concernant directement plus de 6 millions de personnes. Premier producteur mondial de cacao avec environ 40% de l’offre mondiale, la Côte d’Ivoire tire une part significative de ses recettes d’exportation de cette filière.

La campagne 2025-2026 s’ouvre dans un contexte particulier marqué par une hausse substantielle du prix bord champs fixé à 2 800 FCFA le kilogramme. Cette revalorisation, destinée à améliorer les revenus des planteurs, nécessite cependant des capacités de financement accrues pour tous les maillons de la chaîne : achat, stockage, transformation et exportation.

Une chaîne de financement complexe

Le mécanisme de financement de la campagne cacaoyère repose sur plusieurs étapes critiques. Les exportateurs et transformateurs doivent d’abord obtenir des avances pour acheter les fèves auprès des coopératives et producteurs. Ensuite, ils supportent les coûts de stockage, de traitement et de transport avant de pouvoir commercialiser leur production.

Cette séquence financière expose les acteurs à plusieurs risques : volatilité des cours internationaux, fluctuations des taux de change et risques de contrepartie. D’où l’importance cruciale d’un financement bancaire structuré et adapté.

Le plan d’Ecobank s’inscrit également dans la stratégie nationale visant à transformer localement 50% de la production de cacao. Cet objectif ambitieux nécessite des investissements industriels importants que seuls des financements bancaires conséquents peuvent soutenir.

Une allocation ciblée par type d’acteur

Les 300 milliards FCFA mobilisés par Ecobank seront répartis entre les différents acteurs de la filière selon leurs besoins spécifiques. Les exportateurs, qui doivent préfinancer d’importants volumes, bénéficieront d’une part substantielle de ce fonds. Les transformateurs locaux, prioritaires dans la stratégie de valeur ajoutée, recevront également un soutien renforcé.

Les coopératives de producteurs, maillon essentiel entre les planteurs et les acheteurs, pourront accéder à des financements pour améliorer leurs capacités de collecte et de conditionnement.

Les conditions d’octroi de ces financements intègrent naturellement des critères de solvabilité, de garanties et de traçabilité. Dans un secteur où la certification et les standards internationaux prennent de l’importance, ces exigences contribuent également à professionnaliser la filière.

Face aux autres banques présentes dans le secteur, Ecobank se positionne comme un acteur majeur, capable de mobiliser des montants significatifs tout en bénéficiant d’une expertise régionale dans le financement des commodités agricoles.

Les défis persistent

Malgré ce financement massif, plusieurs défis subsistent. La volatilité des cours internationaux du cacao reste une épée de Damoclès pour tous les acteurs. Les fluctuations peuvent transformer un achat rentable en perte sèche en quelques semaines.

L’accès aux devises constitue un autre enjeu majeur. Les exportateurs doivent disposer de dollars ou d’euros pour honorer leurs contrats internationaux, dans un contexte où les réserves de change peuvent être sous tension.

Perspectives de transformation

Le financement d’Ecobank ouvre néanmoins des perspectives prometteuses. La transformation locale permet de capter davantage de valeur ajoutée : du grain certifié aux produits semi-finis (poudre, beurre de cacao) jusqu’aux chocolateries locales, les opportunités de montée en gamme sont nombreuses.

L’intégration régionale offre également des débouchés. La ZLECAF facilite l’exportation de produits transformés vers les marchés ouest-africains, permettant de diversifier les circuits de distribution.

Les infrastructures logistiques se modernisent également, avec notamment le nouveau dock flottant du port d’Abidjan qui améliore la capacité d’exportation et réduit les délais d’embarquement.

Pour les petits producteurs, l’enjeu reste de bénéficier réellement de cette dynamique. Au-delà du prix bord champs, l’accès au financement via les coopératives, la formation aux bonnes pratiques agricoles et l’accompagnement technique détermineront l’impact réel sur leurs revenus.

Un pari sur l’avenir

L’engagement d’Ecobank illustre que l’alliance entre financement bancaire et politique publique peut créer les conditions d’une transformation durable du secteur café-cacao. Reste à transformer cet essai en consolidant les acquis et en élargissant les bénéfices à l’ensemble de la chaîne de valeur.


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