La Banque Nationale d’Investissement de Côte d’Ivoire confirme en 2024 la réussite de sa stratégie d’hybridation. Passant du 5e au 3e rang du secteur bancaire national avec un bilan en hausse de 34%, l’institution publique démontre qu’excellence commerciale et mission de développement peuvent se conjuguer avec succès.
Des performances financières exceptionnelles
L’exercice 2024 restera marqué d’une pierre blanche dans l’histoire de la BNI. Le total bilan de l’institution a atteint 2 358 milliards de FCFA, enregistrant une progression spectaculaire de 34% par rapport aux 1 766 milliards de FCFA de 2023. Cette croissance s’accompagne d’une rentabilité renforcée, avec un Produit Net Bancaire franchissant pour la première fois la barre symbolique des 100 milliards de FCFA pour s’établir à 100,7 milliards, soit une hausse de 15%.
Le résultat net de l’exercice atteint un niveau record de 38,9 milliards de FCFA, témoignant de l’efficacité opérationnelle de l’établissement. Ces performances permettent à la BNI de consolider sa position concurrentielle et de gagner deux places au classement national, passant du 5e au 3e rang avec une part de marché qui progresse de 9% à 11%.
Cette ascension fulgurante valide la stratégie d’hybridation menée depuis plusieurs années, combinant mission publique de développement et excellence commerciale dans un secteur bancaire ivoirien particulièrement concurrentiel avec 29 établissements en activité.
Un modèle hybride performant
Créée par l’ordonnance N° 87-366 du 1er avril 1987, la BNI gère douze Fonds Nationaux pour le compte de l’État ivoirien, incluant le Fonds National de l’Environnement, le Fonds de Développement Touristique et le Compte de Mobilisation pour l’Habitat. Cette mission spécifique lui confère une légitimité unique pour financer des secteurs stratégiques souvent délaissés par les banques purement commerciales.
Loin de constituer un frein, ce mandat public s’avère être un avantage concurrentiel décisif. Il permet à la BNI d’attirer des financements internationaux et des projets à fort impact, créant un cercle vertueux où les revenus générés par les activités commerciales financent l’expansion du réseau et le renforcement de la mission publique.
La gouvernance de l’établissement reflète cette approche moderne, avec un Conseil d’Administration présidé par Souleymane Cissé et un Comité de Direction dirigé par le Directeur Général Youssouf Fadiga. La structure intègre des directions dédiées à la stratégie, aux systèmes d’information, au capital humain et à la gestion du risque, témoignant d’une professionnalisation poussée.
Innovation et partenariats stratégiques
La transformation numérique constitue un axe majeur de développement avec le déploiement de l’application BNI ONLINE, qui permet aux clients d’effectuer leurs opérations bancaires en temps réel. Cette digitalisation s’accompagne d’un renforcement du maillage territorial avec l’ouverture de trois nouvelles agences à Bonoumin, Aboisso et Odiénné, portant le réseau total à 57 points de vente.
Sur le plan des partenariats, la BNI a obtenu son accréditation auprès du Fonds Vert pour le Climat, lui ouvrant l’accès à des financements internationaux dédiés à la lutte contre le changement climatique. Le partenariat avec la Banque Européenne d’Investissement a abouti à un prêt de 3,2 milliards de FCFA pour la Société coopérative nouvel esprit de Kétesso, projet exemplaire de promotion du cacao durable et de l’emploi des jeunes.
Ces initiatives illustrent la capacité de l’institution à mobiliser des ressources externes pour financer des projets structurants créateurs d’emplois, comme en témoigne le déblocage de 21 milliards de FCFA pour accompagner un projet générant 1 000 emplois directs.
Inclusion financière et proximité
La stratégie d’inclusion financière de la BNI privilégie une approche collaborative plutôt que concurrentielle. Au lieu de défier frontalement les opérateurs de mobile money, l’établissement a noué des partenariats stratégiques avec Orange Money et Money Gram pour faciliter les transferts d’argent et élargir son réseau de proximité.
Cette approche pragmatique permet d’atteindre rapidement une large clientèle et d’intégrer des populations non bancarisées, s’inscrivant pleinement dans la Stratégie Nationale d’Inclusion Financière mise en place par le gouvernement en 2019.
Le financement des PME, défi récurrent du secteur bancaire, trouve une réponse concrète dans le modèle BNI. L’établissement s’appuie sur des mécanismes institutionnels comme le Nouveau Fonds de Garantie des Crédits aux Entreprises Ivoiriennes et le Fonds de Restructuration et de Mise à Niveau des Entreprises Industrielles pour soutenir le secteur privé.
Ambitions 2026 : viser la deuxième place
Fort de ses succès 2024, la BNI affiche des ambitions claires avec son plan stratégique “Performance 2026” qui vise la deuxième place du secteur bancaire ivoirien. Cette stratégie s’appuie sur plusieurs leviers : livraison du nouveau siège social au Plateau prévue pour décembre 2025, extension du réseau d’agences et lancement de nouvelles offres comme le crédit-bail.
La création de filiales spécialisées – BNI Finances pour la gestion d’actifs et BNI Gestion pour le conseil – témoigne d’une volonté de diversification et de spécialisation pour maximiser l’efficacité opérationnelle.
La présence de directions dédiées à la conformité, au contrôle interne et à la gestion du risque révèle une conscience aiguë des défis de gouvernance qu’implique une croissance aussi rapide.
Un modèle d’avenir
La réussite de la BNI démontre que les institutions publiques peuvent se moderniser et prospérer en adoptant des pratiques commerciales rigoureuses tout en capitalisant sur leur mandat unique. Ce modèle hybride, loin d’être un compromis, constitue un avantage concurrentiel dans un environnement bancaire en mutation.
L’établissement prouve qu’excellence financière et impact socio-économique ne sont pas antinomiques, ouvrant une voie prometteuse pour les institutions publiques africaines en quête de modernisation. Son succès positionne la BNI comme un acteur incontournable de l’émergence économique ivoirienne et un catalyseur de la prochaine phase de croissance du pays.
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