Un programme ambitieux porté par l’UE et la FAO pour réduire la dépendance aux importations de poissons
La Côte d’Ivoire s’engage dans une transformation majeure de son secteur aquacole avec le lancement du programme FISH4ACP. L’objectif affiché est sans équivoque : porter la production nationale de tilapia de 7 700 tonnes actuellement à 70 000 tonnes d’ici 2031, soit une multiplication par neuf en moins d’une décennie.
Une dépendance coûteuse aux importations
Les chiffres témoignent de l’ampleur du défi. En 2022, face à une production locale de tilapia de seulement 7 700 tonnes, le pays a dû importer 39 500 tonnes pour satisfaire la demande intérieure. Cette dépendance s’est traduite par un coût total des importations de poissons dépassant les 400 milliards de FCFA en 2023, pesant lourdement sur la balance commerciale.
Cette situation préoccupante intervient dans un contexte de croissance démographique soutenue et d’augmentation des besoins alimentaires. Les autorités ivoiriennes ont donc fait de la souveraineté alimentaire dans le secteur halieutique une priorité stratégique.
FISH4ACP : un programme structurant
Soutenu par l’Union européenne et la FAO, le programme FISH4ACP ambitionne de transformer en profondeur l’écosystème aquacole ivoirien. La Côte d’Ivoire devient ainsi le deuxième pays africain à bénéficier de cette initiative après le Nigeria, s’inscrivant dans une dynamique continentale de développement de l’aquaculture locale.
Le programme repose sur trois piliers fondamentaux : l’amélioration de la qualité des intrants, notamment les aliments pour poissons et les alevins, le renforcement des capacités techniques des pisciculteurs, et le développement de partenariats public-privé pour structurer des chaînes de valeur durables.
Une approche inclusive et durable
Au-delà des objectifs quantitatifs, FISH4ACP intègre une dimension sociale forte. L’initiative “Aqua Jeunes” vise spécifiquement à promouvoir l’entrepreneuriat des jeunes dans les métiers de la pisciculture. Cette approche inclusive permettra de créer des emplois en milieu rural, particulièrement pour les jeunes et les femmes, tout en développant la valeur ajoutée locale grâce à des unités de transformation et de conditionnement.
La durabilité environnementale constitue également un axe central du programme, avec une attention particulière portée à la préservation des ressources aquatiques et à la qualité des produits.
Des défis à relever
Malgré l’ambition affichée, plusieurs défis devront être surmontés pour atteindre ces objectifs. Le passage d’une production artisanale à une filière industrialisée nécessitera des investissements considérables en infrastructures et en technologies. La formation des acteurs, l’accès au financement et la structuration des circuits de distribution représentent autant d’enjeux cruciaux.
La réussite de ce programme pourrait néanmoins transformer durablement le paysage économique ivoirien en réduisant significativement la facture des importations tout en créant une nouvelle filière d’exportation. Avec un marché régional en forte croissance, la Côte d’Ivoire pourrait ainsi devenir un hub aquacole majeur en Afrique de l’Ouest.
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