Accord USA-Chine sur les terres rares : nouvelle donne géopolitique pour l’approvisionnement mondial

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Un partenariat stratégique inédit entre Washington et Pékin relance les exportations de terres rares vers les États-Unis, bouleversant l’équilibre des marchés et interpellant l’Europe sur sa dépendance critique.

Le 27 juin 2025, les États-Unis et la Chine ont officialisé la signature d’un accord bilatéral sur les terres rares, marquant un tournant dans leurs relations commerciales tendues. Ce rapprochement inattendu entre les deux superpuissances rivales redessine les rapports de force autour de ces 17 métaux stratégiques, indispensables aux technologies de pointe et à la transition énergétique.

Une négociation complexe aux enjeux multiples

L’accord fait suite aux premières discussions menées en mai à Genève, qui avaient abouti à un accord temporaire pour réduire les droits de douane entre les deux pays. Le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, a confirmé : “Ils vont nous livrer des terres rares” avant d’ajouter “Une fois qu’ils l’auront fait, nous prendrons nos contre-mesures”.

La Chine s’était engagée au mois de mai à lever ses mesures de rétorsion sur l’exportation de métaux rares essentiels pour la production américaine de semi-conducteurs et de matériels électronique et de défense. En réponse aux droits de douane américains, Pékin avait ajouté les terres rares à sa liste d’exportations contrôlées, créant un “goulet d’étranglement stratégique” pour l’industrie américaine.

Un accord gagnant-gagnant aux implications limitées

L’accord porte sur “la manière dont nous pouvons accélérer les expéditions de terres rares vers les États-Unis”, selon un responsable de la Maison Blanche. Pour les États-Unis, il s’agit de sécuriser l’approvisionnement en matières premières critiques pour leurs secteurs de pointe : batteries électriques, éoliennes et systèmes de défense (missiles, radars, satellites).

Du côté chinois, l’accord offre une respiration commerciale bienvenue en période de ralentissement économique, tout en maintenant sa position dominante. La Chine contrôle plus de 90% des capacités mondiales de raffinage des terres rares, lui conférant un levier géopolitique considérable.

L’Europe marginalisée dans ce nouveau partenariat

L’Union européenne dépend à 98% des importations chinoises pour ses besoins en terres rares. Absente des négociations, elle observe ce rapprochement avec une inquiétude croissante, craignant une concentration des livraisons chinoises vers les États-Unis au détriment des industriels européens.

La France, comme d’autres États membres, s’inquiète de la stabilité des chaînes d’approvisionnement pour ses industries clés : automobile, aéronautique, électronique. L’accord sino-américain pourrait entraîner une hausse des prix ou une raréfaction des volumes disponibles sur le marché mondial, fragilisant davantage la position européenne.

Impact sur la transition énergétique mondiale

Ces 17 métaux sont indispensables à la transition énergétique et se trouvent au cœur des technologies propres : batteries, éoliennes, moteurs électriques. Le néodyme et le praséodyme sont essentiels aux aimants permanents des générateurs d’éoliennes ; le dysprosium et le terbium augmentent leur résistance à la chaleur, améliorant la fiabilité des turbines offshore.

L’accès privilégié des États-Unis à ces ressources renforce leur capacité de déploiement des technologies vertes, while que l’Europe risque de prendre du retard dans la course à la décarbonation.

Perspectives et défis à venir

Bien que saluée par les marchés financiers, cette entente demeure fragile. L’impact réel de l’accord dépendra de sa ratification formelle par les deux présidents et de la mise en œuvre concrète des mécanismes d’approvisionnement.

Pour certains analystes, le partenariat du 27 juin préfigure d’autres ententes bilatérales à venir, sur le lithium, le graphite ou le cuivre. Chaque fois se posera la même question cruciale : l’Europe saura-t-elle anticiper ces reconfigurations ou subira-t-elle les choix stratégiques des autres puissances ?

L’accord USA-Chine sur les terres rares illustre la nouvelle géoéconomie des ressources critiques, où l’accès aux matières premières devient un instrument de puissance. Pour l’Afrique et la Côte d’Ivoire, cette dynamique ouvre potentiellement des opportunités de diversification des chaînes d’approvisionnement mondiales, à condition de développer rapidement leurs capacités minières et de transformation.


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