En inaugurant ses nouveaux locaux informatiques fin octobre 2025, le Trésor public de Côte d’Ivoire franchit une étape décisive dans sa modernisation. Cette initiative positionne la digitalisation comme un levier stratégique pour améliorer l’efficacité de la gestion financière publique et renforcer la transparence des opérations de l’État.
La transformation numérique des administrations publiques africaines connaît une accélération sans précédent. En Côte d’Ivoire, le Trésor public s’inscrit résolument dans cette dynamique avec l’inauguration, fin octobre 2025, de ses nouveaux locaux dédiés au Système d’information. Loin d’être un simple événement protocolaire, cette cérémonie marque l’aboutissement d’une réflexion stratégique visant à placer le numérique au cœur de la gouvernance financière de l’État.
La réunion stratégique organisée à cette occasion a rassemblé informaticiens et statisticiens du Trésor, soulignant la volonté de la direction générale de faire du digital un catalyseur de performance et de transparence. Ce chantier s’inscrit dans une réforme continue du secteur public ivoirien, avec pour ambition de renforcer la traçabilité, l’efficacité et la redevabilité dans la gestion des finances publiques.
Deux directions stratégiques au cœur de la réforme
La transformation numérique du Trésor public repose sur deux entités techniques clés. D’une part, la Direction du Système d’Information (DSI) assume la responsabilité de la conception, du déploiement et de la maintenance des outils numériques utilisés par l’institution. D’autre part, la Direction de la Cybersécurité (DCS) veille à la protection des données, des infrastructures informatiques et à la lutte contre les cybermenaces.
Ces deux directions forment le socle d’un écosystème technologique en pleine mutation, mobilisant des compétences pointues en ingénierie logicielle, traitement statistique, big data et cybersécurité. Le personnel technique, longtemps resté dans l’ombre, accède désormais au statut d’acteur central de la modernisation du Trésor, notamment dans la collecte, l’analyse et la fiabilisation des données financières stratégiques.
Cette reconnaissance institutionnelle témoigne d’une prise de conscience de l’importance stratégique de la fonction informatique dans la conduite des politiques publiques.
Des outils pour une meilleure gouvernance financière
La digitalisation du système d’information du Trésor public répond à plusieurs objectifs opérationnels majeurs. Elle permet d’abord un suivi en temps réel des flux budgétaires, des dépenses publiques et des recettes fiscales. Grâce aux technologies de l’information, l’institution peut désormais produire des tableaux de bord dynamiques, consolider les données financières de l’administration et renforcer la redevabilité vis-à-vis des institutions nationales et internationales.
Cette transformation améliore également la gestion du risque financier en facilitant l’anticipation des écarts budgétaires, la conduite des audits internes et le contrôle rigoureux des opérations. Du côté du pilotage stratégique, la disponibilité de données fiables et actualisées constitue un atout décisif pour optimiser les décisions budgétaires, allouer efficacement les ressources publiques et planifier les investissements dans les secteurs prioritaires.
La traçabilité accrue des flux financiers renforce par ailleurs la lutte contre les détournements et la corruption, enjeux majeurs de la gouvernance publique en Afrique de l’Ouest.
Des défis structurels à relever
Malgré les avancées significatives, plusieurs défis structurels demeurent. La formation continue des agents publics s’impose comme une priorité pour garantir une appropriation effective des nouveaux outils numériques. La transition ne pourra réussir sans un accompagnement technique et pédagogique des utilisateurs finaux.
La cybersécurité représente également un enjeu crucial dans un contexte de digitalisation croissante des processus étatiques. La protection des données financières sensibles contre les cyberattaques nécessite des investissements constants en infrastructure et en compétences spécialisées.
L’interopérabilité avec d’autres administrations publiques constitue un autre défi de taille. Pour maximiser l’efficacité de la transformation numérique, le Trésor doit pouvoir échanger des données de manière fluide avec les ministères, les collectivités territoriales et les institutions de contrôle.
Des opportunités pour l’écosystème tech local
Cette modernisation ouvre des perspectives intéressantes pour les entreprises technologiques ivoiriennes et africaines. Les besoins du Trésor en logiciels de gestion financière, services cloud sécurisés, outils d’intelligence décisionnelle et solutions de cybersécurité créent un marché potentiel pour les acteurs locaux du numérique.
Les startups fintech et les éditeurs de logiciels spécialisés dans les solutions pour le secteur public pourraient ainsi bénéficier d’opportunités de collaboration avec l’administration ivoirienne.
Une étape vers un Trésor digital et agile
L’inauguration des nouveaux locaux du Système d’Information marque une étape symbolique et opérationnelle dans la stratégie de transformation du Trésor public ivoirien. En misant résolument sur le digital, l’institution se donne les moyens d’améliorer durablement ses performances, d’assurer une gouvernance financière plus transparente et de répondre aux attentes croissantes en matière d’efficacité administrative.
À terme, cette modernisation contribuera à renforcer la confiance des citoyens, des bailleurs de fonds internationaux et des partenaires économiques dans la gestion des finances publiques ivoiriennes. Un enjeu crucial pour le développement économique du pays.
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