À la tête des opérations régionales de la Société Financière Internationale (IFC) pour l’Afrique de l’Ouest, le Burundais Olivier Buyoya s’impose comme une figure incontournable de la finance durable sur le continent. Lors du WASFIF 2025 à Dakar, il a lancé un appel à la mobilisation collective pour bâtir un système financier transparent, inclusif et innovant.
Dans le paysage de la finance africaine, certaines personnalités se distinguent non seulement par leurs responsabilités institutionnelles, mais surtout par leur capacité à insuffler une vision transformatrice. Olivier Buyoya, Directeur régional de l’IFC pour l’Afrique de l’Ouest, incarne cette génération de décideurs qui placent la durabilité et l’impact social au cœur des stratégies d’investissement.
Sa récente intervention au West Africa Sustainable Finance & Investment Forum (WASFIF 2025), organisé à Dakar le 30 octobre, a marqué les esprits. Face aux acteurs financiers, gouvernements et partenaires techniques de l’UEMOA, Buyoya a défendu une approche pragmatique mais exigeante : renforcer la gouvernance ESG, inclure les populations marginalisées et mobiliser les technologies pour contrer les dérives du greenwashing.
Un parcours au service de l’investissement privé
Originaire du Burundi, Olivier Buyoya a construit sa carrière sur une double expertise en économie et en gestion des institutions financières. Ses premiers pas professionnels s’effectuent dans le secteur bancaire, où il acquiert une solide expérience en analyse de crédit, gestion de portefeuille et financement d’entreprises.
C’est à la Société Financière Internationale (IFC), la branche du Groupe Banque Mondiale dédiée au secteur privé, qu’il déploie pleinement son potentiel. Gravissant progressivement les échelons, il dirige successivement les activités de l’IFC au Burundi, au Rwanda, puis au Sénégal, avant d’être nommé représentant régional pour l’Afrique de l’Ouest.
À chaque étape, ses missions restent cohérentes : soutenir l’investissement privé, accompagner les réformes réglementaires et promouvoir l’accès au financement dans des secteurs à fort impact tels que l’agriculture, l’énergie et les infrastructures. Cette expérience terrain lui confère une connaissance fine des réalités économiques ouest-africaines et des défis de financement auxquels font face les entreprises locales.
Une feuille de route en trois piliers
Lors de son intervention à Dakar, Olivier Buyoya a esquissé une vision claire pour structurer la finance verte en Afrique de l’Ouest, articulée autour de trois axes stratégiques.
Le premier pilier concerne la transparence et la fiabilité des données ESG (environnementales, sociales et de gouvernance). Selon lui, l’absence de standards régionaux robustes constitue un frein majeur à l’essor des obligations vertes ou sociales. Le manque de transparence sur les indicateurs ESG alimente la méfiance des investisseurs et favorise le greenwashing. Il appelle donc à l’établissement de normes communes pour restaurer la crédibilité du marché.
Le deuxième pilier porte sur l’inclusion financière et l’équité territoriale. Buyoya insiste sur la nécessité d’élargir l’accès à la finance durable au-delà des grandes entreprises urbaines. Les PME, les agriculteurs, les femmes et les jeunes doivent pouvoir bénéficier de produits financiers adaptés, de fonds à impact et de garanties ciblées. Cette vision inclusive vise à faire de la finance verte un levier de développement pour l’ensemble du tissu économique régional.
Enfin, le troisième pilier mise sur l’innovation technologique comme rempart contre le greenwashing. Blockchain, open data, plateformes numériques : Buyoya voit dans la digitalisation un moyen de renforcer la traçabilité des fonds, d’automatiser la mesure d’impact et de garantir la transparence des projets durables.
Un appel direct à la Côte d’Ivoire
Dans son plaidoyer, Olivier Buyoya a explicitement invité la Côte d’Ivoire à assumer un rôle de leader dans le développement des instruments de finance durable en Afrique de l’Ouest. Le pays, déjà pionnier avec l’émission de titres sociaux à la BRVM en 2021, dispose selon lui des atouts nécessaires pour multiplier les obligations vertes et durables.
Ses recommandations ciblent aussi bien les projets d’agriculture résiliente que les énergies propres ou les infrastructures sobres en carbone. Il encourage également les entreprises ivoiriennes à intégrer les critères ESG dans leur stratégie, à se doter d’un reporting extra-financier crédible et à collaborer activement avec les institutions de financement du développement.
Une influence déterminante sur les politiques régionales
Par son action au sein de l’IFC, Olivier Buyoya façonne une nouvelle génération de politiques financières en Afrique de l’Ouest, articulées autour de l’impact social, de la durabilité environnementale et de la performance économique. Sa capacité à fédérer investisseurs, régulateurs et acteurs du secteur privé en fait l’un des visages les plus influents de la transition financière africaine.
Convaincu que le développement du continent passera par une mobilisation massive de capitaux privés autour de projets à impact, il œuvre pour une finance africaine résolument verte, inclusive et crédible. Son engagement à Dakar confirme que la finance durable n’est plus un concept théorique, mais une nécessité stratégique pour l’avenir économique de l’Afrique de l’Ouest.
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