Métaux stratégiques : les grands fonds se ruent sur les mines africaines

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L’alliance entre Appian Capital et l’IFC mobilisant 1 milliard de dollars, un fonds sud-africain de 1,35 milliard de rands, les financements de l’Africa Finance Corporation : les annonces d’investissements dans les minerais stratégiques africains se multiplient. Objectif : sécuriser l’approvisionnement en métaux essentiels pour la transition énergétique mondiale et développer des infrastructures comme le corridor de Lobito.

Une demande mondiale en forte croissance

La transition énergétique mondiale génère une demande explosive en minerais stratégiques. Cuivre, cobalt, lithium, nickel : ces métaux constituent les composants essentiels des batteries électriques, des éoliennes et des panneaux solaires. Selon les projections de l’Agence internationale de l’énergie, la demande en cuivre pourrait doubler d’ici 2040, celle en lithium être multipliée par six.

L’Afrique, qui détient des réserves considérables de ces minerais, se retrouve au centre des stratégies d’approvisionnement des grandes puissances et des investisseurs internationaux. La République démocratique du Congo produit près de 70% du cobalt mondial, la Zambie dispose d’importantes réserves de cuivre, tandis que le Zimbabwe et d’autres pays africains recèlent du lithium en quantités significatives.

Des investissements structurants

Le partenariat entre Appian Capital et l’IFC, bras financier de la Banque mondiale, illustre cette nouvelle dynamique. Le milliard de dollars mobilisé vise à financer des projets miniers à travers le continent, en mettant l’accent sur les standards environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Cette approche cherche à éviter les errements du passé où l’exploitation minière africaine s’accompagnait souvent de dégradations environnementales et sociales.

En Afrique du Sud, la création d’un fonds de 1,35 milliard de rands par la Development Bank of Southern Africa (DBSA) confirme que les institutions financières régionales s’emparent également de cette opportunité. Ce fonds cible le développement de projets miniers et d’infrastructures connexes, créant des écosystèmes industriels complets plutôt que de simples sites d’extraction.

L’Africa Finance Corporation joue également un rôle croissant en finançant des infrastructures logistiques critiques. Le corridor de Lobito, qui relie l’Angola, la RDC et la Zambie à l’océan Atlantique, bénéficie de ces investissements. Cette route commerciale stratégique permet d’exporter efficacement les minerais de l’intérieur du continent, réduisant les coûts logistiques et les délais.

Enjeux géopolitiques et opportunités locales

Ces investissements s’inscrivent dans une compétition géopolitique intense. La Chine domine actuellement le raffinage et la transformation des minerais stratégiques africains. Les États-Unis et l’Europe, conscients de leur dépendance, cherchent à diversifier leurs sources d’approvisionnement et à développer des chaînes de valeur alternatives.

Le corridor de Lobito, notamment soutenu par les États-Unis, représente une tentative de créer des routes d’exportation contournant l’influence chinoise. Cette rivalité entre puissances pourrait bénéficier aux pays africains en leur offrant des options de partenariat diversifiées et potentiellement de meilleures conditions.

Pour les pays concernés, les retombées attendues sont significatives : création d’emplois directs et indirects, recettes fiscales accrues, développement d’infrastructures. Toutefois, la concrétisation de ces bénéfices dépend largement de la gouvernance minière et de la capacité des États à négocier des accords équitables.

Perspectives pour la Côte d’Ivoire

La Côte d’Ivoire, bien que moins avancée dans l’exploitation des minerais stratégiques, dispose de potentiels sous-exploités. Des projets d’exploration de lithium et des gisements de bauxite pourraient attirer ces nouveaux investisseurs si le cadre réglementaire devient plus attractif.

Le pays devra néanmoins moderniser son code minier, renforcer la transparence dans l’attribution des permis et développer des infrastructures adéquates pour se positionner sur ce marché en pleine expansion.

L’Afrique, pivot de la transition énergétique ?

La question n’est plus de savoir si l’Afrique jouera un rôle dans la transition énergétique mondiale, mais comment elle le jouera. Sera-t-elle un simple fournisseur de matières premières brutes, reproduisant le schéma extractiviste colonial ? Ou parviendra-t-elle à développer des capacités de transformation locale, captant davantage de valeur ajoutée ?

Les investissements actuels, s’ils s’accompagnent de transferts technologiques, de formations et de politiques industrielles cohérentes, pourraient permettre au continent de franchir un palier. Le défi pour les gouvernements africains consiste à transformer cette ruée vers leurs ressources en véritable levier de développement durable.


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