Le 13 octobre 2025, le Rwanda a inauguré la New Generation Academy, première école privée de codage et robotique à Kigali. Cette initiative STEM (sciences, technologie, ingénierie, mathématiques) destinée aux élèves brillants pose une question directe aux pays de la région : la Côte d’Ivoire peut-elle s’inspirer de ce modèle pour accélérer sa transformation numérique éducative ?
La New Generation Academy incarne la stratégie rwandaise de construction d’une relève technologique. Cette école privée accréditée intègre dès le secondaire des cursus en codage, robotique et formation pratique, avec une pédagogie centrée sur le “hands-on learning” et l’alignement sur des standards internationaux. L’objectif est clair : former une génération dotée de compétences technologiques avancées pour répondre à la demande du marché numérique africain.
Le modèle repose sur un partenariat public-privé efficace. Si l’école est privée, elle s’inscrit dans une stratégie gouvernementale plus large d’inclusion numérique, avec des infrastructures de fibre optique, des campus technologiques et des politiques incitatives. Les entreprises technologiques, incubateurs et fondations fournissent équipements, mentorat et financements de bourses. Cette co-construction allège la charge des finances publiques tout en maintenant des standards de qualité.
Les réformes ivoiriennes en marche
La Côte d’Ivoire n’est pas restée inactive. Depuis 2024, l’enseignement des Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Éducation (TICE) a été introduit dans le secondaire. À la rentrée 2025-2026, le numérique fait son entrée dès la maternelle. Le projet Éducation numérique prévoit de connecter les salles de classe et d’organiser des cours à distance.
Des écoles de codage et bootcamps prolifèrent dans les zones urbaines – Abidjan, Yamoussoukro, Bouaké – offrant des formations accélérées en développement web, intelligence artificielle et data science. Toutefois, ces initiatives restent marginales et confrontées à des contraintes majeures.
Les obstacles structurels
Les défis ivoiriens sont considérables. La formation des enseignants aux outils numériques demeure faible, particulièrement en zones rurales. Le parc d’équipements est inégalement réparti, avec une connectivité défaillante hors des grandes villes. L’enseignement technique et professionnel manque de moyens et de programmes adaptés à l’industrie numérique.
Le financement constitue le principal verrou. Créer des écoles STEM de qualité exige des investissements lourds en laboratoires, matériel et maintenance. Si les écoles privées spécialisées restent coûteuses, l’inclusion sociale sera compromise.
Les conditions du succès
Pour transposer le modèle rwandais, plusieurs leviers sont nécessaires : un modèle hybride public-privé avec bourses pour étudiants défavorisés, une formation continue massive des enseignants, des laboratoires régionaux accessibles, et l’intégration avec l’écosystème économique local via stages et mentorat.
L’ambition STEM n’est pas qu’un luxe pour la Côte d’Ivoire, c’est une nécessité pour rester compétitive. Mais sa concrétisation exige une volonté politique durable et des investissements structurants.
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