Entrepreneuriat national : Une nouvelle loi pour muscler le tissu économique

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Le 17 septembre 2025, le pays s’est doté d’un arsenal législatif ambitieux visant à renforcer les PME et ETI locales. Entre mesures incitatives et contenu local obligatoire, l’objectif affiché est clair : reconquérir la souveraineté économique.

La Côte d’Ivoire franchit une étape décisive dans sa stratégie de développement économique endogène. L’adoption le 17 septembre dernier d’un projet de loi d’orientation pour la promotion des Petites et Moyennes Entreprises (PME) et des Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI) marque un tournant dans l’approche gouvernementale du soutien au secteur privé national.

Un cadre juridique renforcé

Cette nouvelle législation se distingue par son approche globale et structurante. Elle introduit d’abord une définition harmonisée des PME et ETI, permettant de cibler plus efficacement les interventions publiques et d’établir des statistiques fiables sur ce segment crucial de l’économie.

La loi va plus loin en instaurant des avantages spécifiques pour les entreprises nationales, consolidant ainsi le principe de préférence nationale dans l’attribution des marchés publics. Cette orientation s’accompagne d’une mesure particulièrement innovante : l’extension du contenu local à tous les projets financés par des fonds publics ou via des partenariats public-privé (PPP).

Le contenu local au cœur de la stratégie

L’obligation d’intégrer des critères de contenu local dans les grands projets constitue l’une des innovations majeures du texte. Cette exigence concerne l’ensemble de la chaîne de valeur, de l’approvisionnement aux contrats d’exécution, permettant une meilleure captation de la valeur ajoutée au niveau national.

Cette approche s’inscrit dans une dynamique continentale. Le Ghana, le Kenya ou l’Éthiopie ont déjà adopté des politiques similaires, témoignant d’un mouvement plus large de promotion de l’entrepreneuriat local en Afrique. L’enjeu commun reste identique : transformer les bonnes intentions législatives en effets tangibles sur le terrain.

Mécanismes de financement et coordination

La création d’un fonds de soutien dédié aux PME/ETI répond à une problématique récurrente : l’accès au financement. Cette mesure vise à réduire la dépendance des entreprises nationales aux financements externes souvent coûteux ou instables.

Parallèlement, le renforcement de la coordination institutionnelle entre ministères, agences et autres structures publiques doit permettre d’éviter les doublons et d’améliorer l’accompagnement des entrepreneurs. Un mécanisme de suivi-évaluation complète le dispositif, offrant la possibilité d’ajuster les mesures en temps réel pour une efficacité accrue.

Opportunités et défis à relever

Les retombées attendues de cette réforme sont substantielles. La stimulation de l’emploi formel, l’amélioration de la compétitivité des entreprises nationales et le renforcement de la souveraineté économique figurent parmi les objectifs prioritaires. L’intégration renforcée des PME dans les marchés publics et les grands projets d’infrastructure devrait dynamiser l’ensemble de l’écosystème entrepreneurial.

Cependant, plusieurs défis subsistent. La capacité réelle des PME à répondre aux exigences de contenu local constitue un enjeu majeur. Nombre d’entre elles manquent encore d’accès au capital, de compétences managériales ou techniques pour satisfaire les critères des PPP.

Vers une mise en œuvre exigeante

Les risques de coûts additionnels liés aux exigences de contenu local nécessitent une attention particulière. Si les intrants locaux ne sont pas compétitifs ou si les infrastructures de transport et d’énergie restent déficientes, l’efficacité du dispositif pourrait être compromise.

L’alignement avec les engagements régionaux et internationaux de la Côte d’Ivoire, notamment au sein de l’UEMOA et de la CEDEAO, constitue également un paramètre à surveiller de près.

Un moment stratégique

Pour les dirigeants d’entreprises ivoiriennes, cette nouvelle donne législative représente un moment stratégique. L’intégration des nouveaux paramètres – contenu local, accès facilité aux marchés publics, financement dédié – dans leurs stratégies de développement s’impose désormais comme une nécessité compétitive.

Au-delà des mesures incitatives, le succès de cette réforme dépendra largement de la rigueur de sa mise en œuvre et de la capacité de l’État à accompagner concrètement la montée en compétences du tissu entrepreneurial national. Un défi de taille pour une ambition à la hauteur des enjeux économiques du pays.


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