L’Africa Singapore Business Forum 2025 a consacré l’émergence d’une coopération stratégique entre deux hubs économiques régionaux aux modèles complémentaires.
L’Africa Singapore Business Forum 2025 a marqué l’aboutissement du Roadshow asiatique de la Côte d’Ivoire par la mise en évidence d’une convergence stratégique remarquable avec Singapour. Cette rencontre illustre parfaitement le potentiel des partenariats Sud-Sud, où deux économies émergentes peuvent tirer parti de leurs forces respectives pour accélérer leur développement mutuel.
Deux modèles de hubs régionaux complémentaires
Singapour et la Côte d’Ivoire partagent une vision similaire du développement économique fondée sur l’ouverture et le positionnement stratégique. La cité-État asiatique s’est imposée comme un hub global grâce à son efficacité logistique, son attractivité fiscale et sa maîtrise des services financiers avancés. De son côté, la Côte d’Ivoire affirme son statut de locomotive ouest-africaine, offrant un accès privilégié à plus de 400 millions de consommateurs via la CEDEAO, perspective qui s’élargit à 1,2 milliard de personnes dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine.
Cette complémentarité structurelle constitue le fondement d’une coopération prometteuse. Singapour peut partager son expertise en gestion portuaire, logistique intégrée et services financiers, tandis que la Côte d’Ivoire propose un cadre d’investissement incitatif, des ressources agricoles abondantes et une position géostratégique exceptionnelle en Afrique de l’Ouest.
Des secteurs prioritaires aux opportunités concrètes
Les échanges du forum ont mis l’accent sur plusieurs domaines stratégiques offrant des perspectives d’investissement tangibles. L’agro-industrie durable figure en tête des priorités, la délégation ivoirienne invitant les groupes singapouriens à implanter des unités de transformation agricole respectueuses des normes environnementales. Cette orientation répond aux enjeux de valorisation des ressources naturelles ivoiriennes tout en intégrant les exigences de durabilité.
Les technologies de santé et l’industrie pharmaceutique constituent un autre axe prioritaire, particulièrement pertinent dans un contexte post-COVID où les questions de souveraineté sanitaire occupent une place centrale dans les stratégies nationales. Singapour, reconnu comme un centre d’innovation pharmaceutique, peut apporter son expertise technologique et réglementaire à ce secteur en développement en Côte d’Ivoire.
La logistique régionale représente le troisième pilier de cette coopération, notamment autour du port d’Abidjan et des projets d’infrastructures de transport multimodal. L’expertise singapourienne dans les services portuaires pourrait considérablement accélérer la modernisation des capacités logistiques ivoiriennes.
Un cadre réglementaire attractif mis en avant
Mitwa Kaemba Ng’ambi, Directrice générale du CEPICI, a détaillé les avantages du Code des investissements ivoirien lors de sa présentation. Ce dispositif propose des exonérations fiscales et douanières ciblées pour les secteurs prioritaires, une protection juridique renforcée des capitaux étrangers, et une prise en compte croissante des critères ESG dans la stratégie d’attractivité.
Cette approche vise à attirer des investissements qualitatifs à fort impact, tout en renforçant les capacités productives locales. Elle témoigne d’une maturité dans la conception des politiques d’attractivité, privilégiant la qualité à la quantité des investissements.
Vers une coopération structurée et durable
Au-delà de la prospection commerciale traditionnelle, le forum a posé les bases d’une véritable co-construction économique. Les discussions ont abordé la mise en place de partenariats public-privé dans la transformation industrielle, des programmes de formation technique pour les jeunes Ivoiriens dans les filières portuaires, logistiques et pharmaceutiques, ainsi que des accords bilatéraux sur la protection des investissements et la coopération technologique.
Cette approche s’inscrit dans une logique de long terme, où la Côte d’Ivoire cherche à s’inspirer du modèle singapourien pour développer des filières de classe mondiale à partir de ses ressources locales. Le transfert de savoir-faire et de technologies constitue un enjeu central de cette coopération, permettant de dépasser la simple relation commerciale pour créer une véritable dynamique de développement partagé.
Un modèle pour les relations Sud-Sud
Cette convergence entre Singapour et la Côte d’Ivoire illustre le potentiel des partenariats Sud-Sud dans la reconfiguration des équilibres économiques mondiaux. Contrairement aux relations traditionnelles Nord-Sud souvent asymétriques, cette coopération repose sur un respect mutuel des forces de chaque territoire et une volonté commune de créer de la valeur partagée.
L’Africa Singapore Business Forum 2025 démontre qu’une alliance entre économies émergentes peut redessiner les contours d’un développement équilibré et mutuellement bénéfique. En misant sur des secteurs stratégiques, durables et technologiques, les deux pays ouvrent la voie à un nouveau modèle de coopération internationale, fondé sur la complémentarité plutôt que sur la dépendance.
Cette initiative pourrait inspirer d’autres partenariats similaires, contribuant à l’émergence d’un ordre économique multipolaire où les économies du Sud jouent un rôle de plus en plus central dans la dynamique mondiale.
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