Agro-industrie : Eni développe les biocarburants durables en Côte d’Ivoire

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Le géant énergétique italien a signé un mémorandum d’entente avec le ministère de l’Agriculture le 28 mai 2025 lors du SARA, visant à transformer les huiles végétales locales en biocarburants sans concurrencer les cultures alimentaires.

Le groupe énergétique italien Eni franchit une nouvelle étape dans sa stratégie de décarbonation africaine. Lors du Salon international de l’agriculture et des ressources animales d’Abidjan, sa filiale Eni Natural Energies Côte d’Ivoire a formalisé un partenariat stratégique avec le ministère de l’Agriculture et du Développement rural, ouvrant la voie à une approche inédite de l’agro-industrie durable sur le continent.

Un modèle économique circulaire dans l’hévéaculture

L’accord privilégie une approche innovante centrée sur la valorisation des résidus agricoles. Le projet phare consiste à transformer les résidus de caoutchouc de la filière hévéa en matières premières pour biocarburants, une première en Côte d’Ivoire. Cette initiative, développée en collaboration avec la Fédération des producteurs d’hévéa, créerait une véritable économie circulaire dans un secteur stratégique pour l’économie ivoirienne.

Cette valorisation des sous-produits hévéicoles représente un double avantage : réduire les déchets agricoles tout en générant des revenus additionnels pour les producteurs. L’approche s’inscrit dans une logique de diversification des sources de revenus ruraux, particulièrement importante dans un contexte de volatilité des cours des matières premières agricoles.

Des cultures énergétiques sur terres marginales

Le partenariat mise également sur le développement de chaînes de valeur locales autour de la production d’huiles végétales issues de cultures non alimentaires. La stratégie privilégie l’utilisation de terres marginales, peu propices aux cultures vivrières traditionnelles, pour développer des cultures oléagineuses spécifiquement dédiées à la production énergétique.

Cette approche répond à une préoccupation majeure du secteur des biocarburants : éviter toute concurrence avec les cultures alimentaires. En ciblant des terres sous-exploitées, le projet préserve la sécurité alimentaire régionale tout en valorisant des espaces agricoles jusqu’alors peu productifs.

Une stratégie de décarbonation intégrée

Pour Eni, ce partenariat s’inscrit dans une stratégie globale de transition énergétique combinant innovation technologique, protection environnementale et développement inclusif. L’objectif affiché vise la réduction significative des émissions de carbone tout en diversifiant les sources énergétiques du groupe.

Cette démarche illustre l’évolution des stratégies des majors énergétiques, qui intègrent désormais l’agriculture durable comme composante de leur modèle de production. L’approche d’Eni dépasse la simple substitution énergétique pour proposer un modèle de développement territorial intégré.

Des retombées économiques territoriales

Le projet vise à générer des impacts économiques significatifs dans les zones rurales ivoiriennes. En créant de nouvelles filières de valorisation agricole, l’initiative pourrait stimuler l’emploi rural et renforcer les revenus des communautés agricoles. Cette dimension sociale constitue un atout majeur pour l’acceptabilité locale du projet.

L’implication de la Fédération des producteurs d’hévéa garantit une approche collaborative, associant directement les acteurs de terrain à la conception et à la mise en œuvre des innovations. Cette méthode participative favorise l’appropriation locale des nouvelles technologies et pratiques.

Un positionnement stratégique régional

Pour la Côte d’Ivoire, ce partenariat représente une opportunité de se positionner comme leader de l’agro-industrie durable en Afrique de l’Ouest. Le pays dispose d’atouts considérables : un secteur agricole diversifié, des infrastructures portuaires développées et une position géographique stratégique pour desservir la sous-région.

Cette initiative pourrait également contribuer à la réduction de la dépendance énergétique du pays. En substituant progressivement les carburants importés par des biocarburants produits localement, la Côte d’Ivoire renforcerait son autonomie énergétique tout en créant de la valeur ajoutée locale.

Défis et perspectives de développement

Le succès de cette initiative reposera sur plusieurs facteurs clés : la capacité à développer des cultures oléagineuses adaptées au climat local, l’établissement d’une chaîne logistique efficace et la formation des producteurs aux nouvelles techniques agricoles. Les investissements nécessaires en recherche et développement constituent également un enjeu majeur.

L’expérience ivoirienne pourrait servir de modèle pour d’autres pays de la région disposant de potentiels agricoles similaires. Cette dimension pilote renforce l’intérêt stratégique du partenariat pour Eni, qui pourrait répliquer cette approche dans d’autres marchés africains.

Le partenariat entre Eni et les autorités ivoiriennes illustre l’émergence de nouveaux modèles de coopération public-privé dans la transition énergétique africaine, alliant impératifs climatiques et développement économique territorial.


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