La Côte d’Ivoire franchit une étape décisive dans sa stratégie énergétique avec la signature d’un accord majeur pour la construction d’une seconde raffinerie. Ce projet d’envergure vise à doubler les capacités nationales de raffinage et à positionner le pays comme hub énergétique de l’Afrique de l’Ouest.
Un investissement colossal pour transformer l’industrie pétrolière
En mai 2025, Abidjan a officialisé un partenariat stratégique avec la société américaine Yaatra Ventures lors d’un sommet de la Chambre de commerce américaine. L’accord porte sur la construction d’une raffinerie de 170 000 barils par jour, représentant un investissement de plus de 3 000 milliards de FCFA, soit 5,1 milliards de dollars américains.
Ce projet titanesque s’appuie sur l’expertise de la Société ivoirienne de raffinage (SIR), partenaire local reconnu pour la gestion de l’actuelle raffinerie de 100 000 barils/jour, considérée comme l’une des plus performantes d’Afrique subsaharienne. La nouvelle infrastructure permettra de porter la capacité nationale totale à 270 000 barils par jour.
Une ambition régionale aux retombées multiples
L’initiative s’inscrit dans une vision plus large de développement industriel. Parallèlement à ce projet phare, deux autres accords significatifs ont été conclus. Petroci, la compagnie pétrolière nationale, s’associe avec Valco Energy Systems pour l’exploitation de nouveaux blocs pétroliers, tandis que Sun Africa, spécialiste américain de l’énergie solaire, investit 700 milliards de FCFA dans le développement des énergies renouvelables et la modernisation du réseau électrique.
Cette série d’accords illustre parfaitement la diplomatie économique moderne, où les partenariats public-privé deviennent le moteur principal de l’industrialisation énergétique. La Côte d’Ivoire mise sur l’attraction d’investissements directs étrangers pour accélérer sa transformation économique.
Des perspectives économiques prometteuses
La mise en service de la nouvelle raffinerie, prévue pour 2028, promet des retombées économiques substantielles. La création d’emplois directs et indirects touchera l’ensemble de la chaîne de valeur, de la construction à l’exploitation, en passant par les services connexes.
L’impact le plus significatif concernera la balance commerciale. En transformant localement le pétrole brut, la Côte d’Ivoire réduira drastiquement ses importations de produits raffinés tout en développant ses capacités d’exportation vers les pays voisins. Cette stratégie de substitution aux importations génèrera des revenus supplémentaires considérables pour le Trésor public.
Le projet s’avère d’autant plus pertinent que le pays ambitionne de multiplier par cinq sa production pétrolière d’ici 2035, visant 500 000 barils par jour contre environ 100 000 actuellement. Les découvertes offshore récentes, notamment les gisements Baleine et Calao, constituent la base de cette expansion ambitieuse.
Vers un hub énergétique ouest-africain
Au-delà des bénéfices économiques immédiats, ce projet positionne stratégiquement la Côte d’Ivoire comme plateforme énergétique régionale. Cette transformation industrielle devrait créer un effet d’entraînement sur l’ensemble du secteur, attirant de nouveaux investisseurs et développant un écosystème industriel spécialisé.
La combinaison d’investissements dans le raffinage pétrolier et les énergies renouvelables démontre une approche équilibrée de la transition énergétique. Plutôt que d’opposer énergies fossiles and renouvelables, la Côte d’Ivoire mise sur la complémentarité pour maximiser ses revenus tout en préparant l’avenir.
Si les délais sont respectés, cette révolution industrielle devrait considérablement renforcer la sécurité énergétique nationale, dynamiser le secteur privé et générer des recettes publiques substantielles dès 2028. Un pari audacieux qui pourrait faire de la Côte d’Ivoire le leader du raffinage pétrolier en Afrique de l’Ouest.
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