Mansa Bank : la pépite bancaire ivoirienne qui défie les géants

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En cinq ans d’existence, cette banque 100% africaine s’impose comme un acteur incontournable du secteur financier ouest-africain grâce à sa stratégie “digital-first” et ses ambitions panafricaines.

Fondée en 2019 par El-Hassana Kaba, ancien directeur général d’Atlantique Banque Sénégal, Mansa Bank représente une nouvelle génération d’institutions financières africaines. Contrairement aux tendances du marché qui voient les banques locales passer sous contrôle de groupes internationaux, cette banque ivoirienne revendique fièrement son indépendance et son ancrage 100% ouest-africain.

Un modèle disruptif dans un secteur traditionnel

Mansa Bank a fait le choix audacieux de rompre avec le modèle classique de la banque universelle. Plutôt que de déployer un vaste réseau d’agences physiques, l’établissement mise sur une approche “digital-first” avec une seule agence à Abidjan et un modèle allégé privilégiant les canaux numériques.

Cette stratégie se décline autour de quatre pôles principaux : le Corporate & Investment Banking pour accompagner les entreprises vers le statut de “champions africains”, le Wealth Management destiné aux clients fortunés, le Digital Banking pour favoriser l’inclusion financière, et des services spécialisés incluant la gestion d’actifs et la bancassurance.

L’approche porte ses fruits. En cinq ans d’activité, la banque affiche un bénéfice net cumulé d’environ 10 milliards FCFA, performance remarquable pour un nouvel entrant sur un marché dominé par des géants comme Société Générale, BNP ou Ecobank.

Une gouvernance africaine assumée

Le projet Mansa s’inscrit dans une démarche de “réafricanisation” du secteur bancaire. Son capital initial de 15,7 milliards FCFA, porté aujourd’hui à 22 milliards, est entièrement détenu par des investisseurs ouest-africains. Le Groupe Mansa Financial détient la part la plus importante (38,7%), aux côtés de partenaires stratégiques comme la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD) et l’assureur ivoirien Askia.

Cette philosophie se traduit également dans la culture d’entreprise. Le nom “Mansa”, qui signifie “roi” en mandingue, fait référence à l’empire du Mali et symbolise l’ambition de renouer avec les succès africains historiques. Les employés sont affectueusement appelés les “Mansa”, et la banque multiplie les initiatives citoyennes, notamment le soutien aux olympiades de mathématiques et l’éducation des jeunes filles.

Des partenariats stratégiques qui renforcent la crédibilité

Mansa Bank a su attirer la confiance d’institutions financières régionales. En 2024, elle a conclu un partenariat avec le fonds Yeelen Financial Fund (géré par Cauris Management) via un prêt subordonné de 5 milliards FCFA convertible en actions. Plus significatif encore, la Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC) lui a accordé deux lignes de crédit successives totalisant 50 millions d’euros pour financer les PME agricoles.

Ces soutiens financiers permettent à la banque d’anticiper les nouvelles exigences réglementaires de Bâle 2 et 3, qui imposent un capital minimum de 20 milliards FCFA d’ici 2027. Mansa vise même 35 milliards FCFA de capital d’ici fin 2025 pour soutenir son plan de croissance ambitieux.

L’expansion régionale en ligne de mire

Forte de sa réussite ivoirienne, Mansa Bank nourrit de grandes ambitions panafricaines. Son fondateur vise 1 000 milliards FCFA d’actifs d’ici 2030, un objectif qui nécessitera une expansion géographique. Des sources indiquent que la banque prépare son entrée dans un second pays de l’UEMOA, avec des marchés comme le Sénégal, le Bénin ou le Togo en perspective.

Cette stratégie d’expansion s’est déjà manifestée par des tentatives d’acquisitions. En 2022, Mansa s’était associée à un consortium pour racheter des parts dans le groupe panafricain Oragroup, démontrant sa volonté de jouer dans la cour des grands.

Des défis de taille à relever

Malgré ses succès, Mansa Bank fait face à plusieurs enjeux majeurs. La concurrence s’intensifie avec l’émergence de néobanques comme Orange Bank Africa et le développement du mobile money. Pour réussir sa mission d’inclusion financière, elle devra adapter son offre au grand public tout en conservant son positionnement haut de gamme.

L’expansion géographique représente également un défi opérationnel complexe. Chaque nouveau marché impose ses spécificités réglementaires et concurrentielles. La banque devra capitaliser sur l’expérience de ses dirigeants tout en préservant son agilité.

Un modèle inspirant pour l’Afrique

Mansa Bank incarne une nouvelle vision de la banque africaine : locale par ses capitaux, globale par son savoir-faire, et résolument tournée vers l’innovation. Son succès pourrait inspirer d’autres initiatives similaires sur le continent et contribuer à redynamiser un secteur bancaire ouest-africain en pleine mutation.

Dans un marché sous tension entre nouvelles technologies, exigences réglementaires renforcées et attentes clients croissantes, cette jeune banque ivoirienne démontre qu’il est possible de créer une alternative crédible aux géants établis. Le pari est audacieux, mais les premiers résultats suggèrent que “les Mansa sont bel et bien de retour”.


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