Yeshi Group : Le géant panafricain qui monte en puissance depuis la Côte d’Ivoire

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Fondé par une alliance libano-éthiopienne à la fin des années 1970, le conglomérat Yeshi Group s’impose progressivement comme un acteur incontournable de l’industrie africaine. Avec 3 000 salariés et une vingtaine de filiales dans sept pays, le groupe mise sur l’intégration verticale pour conquérir le marché continental.

Longtemps resté dans l’ombre des grands groupes internationaux, Yeshi Group gagne aujourd’hui en visibilité grâce à des investissements massifs et à une stratégie d’expansion continentale ambitieuse. Ce conglomérat panafricain, né d’une alliance entre entrepreneurs libanais et éthiopiens, illustre parfaitement l’émergence d’une nouvelle génération d’entreprises africaines déterminées à rivaliser avec les multinationales.

Des racines solides en Côte d’Ivoire

L’histoire du groupe remonte à 1977, lorsque Abdoul Hussein Beydoun arrive du Liban à Abidjan. Deux ans plus tard, il cofonde Yeshi Group avec la famille éthiopienne Mekbebe, posant les bases d’un empire économique qui s’étendra progressivement sur tout le continent. Cette double origine, libanaise et éthiopienne, continue de marquer la gouvernance du groupe aujourd’hui, avec Abdul Hussein Beydoun au poste de PDG et Yohannes Mekbebe comme Managing Director.

Depuis son siège social d’Abidjan, le groupe a développé un portefeuille d’activités organisé autour de cinq pôles stratégiques : distribution, industries, services, agriculture et automobile. Cette diversification, caractéristique des grands conglomérats internationaux, lui permet de capitaliser sur les synergies entre ses différentes branches tout en mutualisant les risques.

Une expansion continentale maîtrisée

Présent dans sept pays africains – Côte d’Ivoire, Cameroun, Sénégal, Gabon, Centrafrique, Maroc et Congo – Yeshi Group revendique aujourd’hui environ 3 000 salariés répartis dans une vingtaine de filiales. Cette expansion géographique s’accompagne d’une montée en gamme industrielle, particulièrement visible dans le secteur sidérurgique.

Le groupe contrôle plusieurs enseignes de distribution bien implantées, notamment Bernabé Distribution, Mr. Bricolage Côte d’Ivoire, et les Galeries Peyrissac, proposant plus de 15 000 références produits à prix compétitifs. Dans l’automobile, Yeshi distribue plus de quinze marques haut de gamme via Rimco Motors et Setaci, son concessionnaire Renault au Sénégal et en Côte d’Ivoire.

Le pari industriel : l’aciérie CIS comme vitrine

C’est toutefois dans l’industrie lourde que Yeshi Group frappe le plus fort. Acteur notable du secteur sidérurgique et métallurgique en Afrique de l’Ouest via ses filiales Universelle Industries et Sotral-CI, spécialisées dans le laminage à froid, le groupe franchit une étape décisive avec Côte d’Ivoire Sidérurgie (CIS).

Lancé en 2016, ce projet d’aciérie intégrée au PK24, en sortie nord d’Abidjan, illustre parfaitement l’ambition du groupe. La première phase, qui vient d’obtenir un prêt syndiqué de 22 milliards de F CFA arrangé par Société Générale CI avec la BOAD et la SIB, permettra une production de 300 000 tonnes par an de fusion de ferraille.

Ce projet revêt une dimension stratégique majeure : il vise à substituer localement une grande partie des importations d’acier rond et de fil machine, avec un impact direct sur la balance commerciale ivoirienne. La BOAD, consciente de ces enjeux, a accordé 10 milliards supplémentaires en novembre 2023, témoignant de la confiance des institutions financières dans le modèle Yeshi.

L’intégration verticale comme avantage concurrentiel

La stratégie du groupe repose sur une intégration verticale poussée, permettant de contrôler toute la chaîne de valeur. Cette approche, qui va de la ferraille au produit fini dans la sidérurgie, offre des marges industrielles optimisées et une meilleure maîtrise des coûts.

En décembre 2024, Yeshi Group a d’ailleurs signé une convention de partenariat avec le ministère ivoirien de la Formation Professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Emploi. Cet accord-cadre vise à doter les filières techniques d’équipements modernes et à renforcer la formation d’ingénieurs et techniciens locaux, soulignant l’engagement du groupe dans le développement du capital humain.

Les défis du développement africain

Malgré son dynamisme, Yeshi Group doit affronter les défis classiques du développement industriel en Afrique de l’Ouest. Les contraintes logistiques et réglementaires, les raccordements énergétiques complexes, et la concurrence croissante des multinationales constituent autant d’obstacles à surmonter.

Le groupe a investi massivement pour surmonter ces difficultés, notamment en construisant des usines ultramodernes en zone industrielle. Cependant, il reste exposé aux aléas énergétiques et aux blocages administratifs, nécessitant une gestion rigoureuse et des partenariats stratégiques.

Un modèle pour l’Afrique de demain

Yeshi Group incarne les ambitions d’une nouvelle génération d’entreprises africaines déterminées à faire de l’Afrique un continent industriel. En contrôlant ses chaînes de valeur et en développant des compétences locales, le groupe contribue à l’émergence d’une économie continentale moins dépendante des importations.

Les perspectives demeurent favorables : consolidation industrielle, nouvelles acquisitions et expansion dans d’autres pays africains figurent au programme. Dans un contexte où les entreprises panafricaines cherchent à concurrencer les puissances extérieures, l’évolution de Yeshi Group mérite une attention particulière. Ce conglomérat pourrait bien devenir l’un des symboles de la réussite économique africaine.


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